Rosalyn Dunkley se souvient « d’avoir découvert les outils et la construction. Ça a été une expérience formidable; j’ai beaucoup appris. »
Pour Yuval Adler, « c’était comme un super cours intensif sur toutes sortes de choses que je ne connaissais pas à propos de l’architecture, comme l’aménagement paysager. J’ai adoré ça. » Joel Friesen ajoute : « Je suis originaire du Manitoba et c’était la première fois que je sortais de Montréal. Je me suis beaucoup amusé; c’était une expérience extraordinaire. »
Remy Fortin a, quant à lui, « aimé le côté concret de l’expérience. C’était un projet bien réel, avec de vrais matériaux, de l’argent véritable et un objectif concret, et qui profitera à de vraies personnes en dehors de la bulle universitaire dans laquelle nous nous trouvons parfois… La structure est faite de bois traité provenant de Mont-Joli et le revêtement de cèdre vient de Métis-sur-Mer. Les assemblages en acier ont été fabriqués sur mesure à Montréal. »
Ils sont tous d’accord pour dire que ce projet définit bien l’apprentissage expérientiel.
Qu’est-ce qui a rĂ©uni ces quatre Ă©tudiants en musique et en architecture – deux disciplines qui se recoupent rarement? Leur participation, en 2019, Ă la construction de la scène et du pavillon du bicentenaire aux , un lieu historique national qui entretient des liens depuis longtemps avec l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ.
Rosalyn Dunkley, Joel Friesen et Remy Fortin ont tous les trois rĂ©cemment obtenu leur maĂ®trise en architecture de l’École d’architecture Peter-Guo-hua-Fu de łÉČËVRĘÓƵ, tandis que Yuval Adler est Ă©tudiant en troisième annĂ©e au doctorat en technologie de la musique au (CIRMMT).
La scène a Ă©tĂ© conçue pour ĂŞtre transportĂ©e plus tard sur le campus infĂ©rieur de l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ, oĂą la Ă la fine pointe de la technologie pourra accueillir des Ă©vĂ©nements dĂ©ployĂ©s dans le cadre du bicentenaire de l’UniversitĂ©. Cela dit, le caractère imprĂ©visible de la pandĂ©mie de COVID-19 empĂŞche les organisateurs de fournir un horaire prĂ©cis Ă cet Ă©gard. Mais lorsque la situation le permettra, des concerts de musique, des rĂ©citals de poĂ©sie et des mini-spectacles de théâtre y seront probablement prĂ©sentĂ©s, toujours dans le respect des consignes donnĂ©es par les autoritĂ©s sanitaires Ă ce moment-lĂ .
Du rock à la poésie
La scène à la forme insolite – selon les dires de Remy Fortin – et à l’acoustique perfectionnée ne manque pas d’attirer les regards. Cette scène, les étudiants l’ont pensée, conçue et fabriquée sous la direction de Michael Jemtrud, professeur agrégé d’architecture, de Kiel Moe, titulaire de la chaire Gerald Sheff en architecture, et d’Isabelle Cossette, alors directrice du CIRMMT. Florian Grond, boursier postdoctoral, était le chercheur du CIRMMT sur place qui a incorporé les composantes audio.
La polyvalence de la scène à deux côtés dotée de huit haut-parleurs qui produisent un son en 3D permettra d’organiser des événements de toutes sortes : des concerts de groupes rock, des mini-pièces de théâtre ou des récitals de poésie intimes.
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« Même si nous, les étudiants en architecture, ne savions pas exactement ce que Yuval faisait – c’est très technique – nous nous assurions quand même de nous réunir et de concevoir la scène comme une seule pièce. Nous ne voulions pas que les musiciens s’occupent des composantes audio de leur côté et nous, de l’architecture de notre côté, explique Joel Friesen. La scène a été conçue en collaboration dès le départ. Nous n’avions pas de formation en acoustique, alors c’était une excellente occasion d’apprendre plein de choses des musiciens. Ils nous ont amenés au laboratoire du CIRMMT et nous ont fait découvrir leurs outils de travail. »
« C’était très intéressant de participer autant à la conception qu’à la construction, ajoute Rosalyn Dunkley. C’est l’un des projets les plus mémorables auquel nous avons participé du début jusqu’à la fin. C’était essentiel. Nous avons rencontré de nouvelles personnes aux Jardins qui nous ont beaucoup appris. »
En phase avec l’environnement
L’apprentissage pratique ne se limitait pas à la conception de modèles et à la manipulation de matériaux.
« Ce n’est pas rien pour un étudiant en architecture comme moi de travailler directement avec les matériaux, de concevoir des ajustements sur-le-champ et de voir comment un chantier fonctionne, estime Joel Friesen. Michael a aussi parlé du budget, et ce n’est pas un sujet qui est habituellement abordé dans les programmes d’architecture. J’espère que les étudiants l’ont apprécié. En tout cas, ça a été mon cas. »
« L’une des raisons pour lesquelles nous sommes ici [à Grand-Métis], explique Michael Jemtrud, est que nous souhaitons approfondir la relation de nos étudiants avec l’environnement et accroître leur compréhension à cet égard pour qu’ils intègrent ensuite tout cela à leur pratique. »
« Pour les habitants des régions éloignées, vivre en harmonie avec l’environnement va de soi, ajoute-t-il. Ce sont des agriculteurs et des tenants de la permaculture. Leur relation avec le fleuve [Saint-Laurent] est très profonde… Ça nous semblait donc logique. Nous voulions faire participer les communautés rurales à la recherche sur les changements climatiques : les problèmes d’érosion des côtes du Saint-Laurent, les enjeux économiques, les ressources naturelles. Tout cela cadre bien avec l’orientation de nos recherches. »
Les étudiants mettent la main à la pâte
Michael Jemtrud et Alexander Reford, directeur d’un organisme à but non lucratif qui porte son nom, ont longuement discuté de la possibilité de collaborer à un projet de communauté durable dans le village de Saint-Octave-de-Métis.
« Ça fait longtemps qu’ils tentent de faire participer l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ [aux projets de dĂ©veloppement durable], affirme M. Jemtrud. Les diplĂ´mĂ©s mcgillois ont remportĂ© de nombreuses compĂ©titions et le bâtiment principal a Ă©galement Ă©tĂ© conçu par des diplĂ´mĂ©s mcgillois. »
« Nous étions là pour guider les étudiants afin qu’ils réussissent par eux-mêmes », affirme M. Reford. La scène leur a permis « de toucher le bois, de sentir le bois, le marteau et les clous, de scier le bois, et de comprendre ses éléments et ses composants. »
« C’est comme si nous allions à l’épicerie et mettions de la nourriture sur le comptoir, et que les étudiants préparent le repas. »
Les Jardins de Métis ont utilisé la scène à plusieurs reprises depuis son inauguration en 2019. « Du point de vue des utilisateurs, la scène a extrêmement bien fonctionné, mais elle est également attrayante et esthétique sur le plan architectural, fait remarquer M. Reford. Nous avons atteint tous nos objectifs pour ce qui est de l’activité d’apprentissage, mais aussi pour ce qui est de l’expérience esthétique des musiciens; c’est un excellent endroit où jouer. »
Alexander Reford souhaite développer la relation avec l’Université en associant les communautés rurales qui ont besoin d’infrastructures locales avec l’expertise mcgilloise en design.
« Il pourrait s’agir d’une grange, d’une remise, d’un atelier pour une école, d’un poulailler, d’une infrastructure pour un parc ou d’un escalier menant à un belvédère. Beaucoup de gens aimeraient cela parce que nous avons des points de vue spectaculaires ici. »
La scène sera démontée au moment opportun, puis placée dans un camion à plateau à destination de Montréal, ajoute M. Reford.
« Je suis content de ne pas avoir à m’occuper de cela. C’est un travail pour nos futés architectes mcgillois. »