Enfant, Mark McGriskin (B. Ing. 2019) n’hĂ©sitait pas Ă franchir le comptoir de la quincaillerie pour aller voir comment on taillait une clĂ©. « J’étais curieux de savoir comment on crĂ©ait la forme de la clĂ©. Je m’intĂ©ressais aux aspects mĂ©caniques, tangibles », se rappelle-t-il. Originaire d’une petite ville du New Jersey, le jeune homme (et ses parents canadiens) voyait en la FacultĂ© de gĂ©nie de l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ un choix tout indiquĂ© pour quelqu’un dont les cours prĂ©fĂ©rĂ©s au secondaire Ă©taient la physique et le calcul.
Sa première année d’université l’a profondément marqué. « Le fait de vivre seul, de me rendre à mon cours le matin et de voir des milliers d’autres jeunes qui font comme moi, c’était intimidant au début et très stressant. Mais quand j’y repense, c’était une expérience incroyable où tout était nouveau, c’était très stimulant. » Il aimait faire la rencontre d’étudiantes et d’étudiants venus d’un peu partout. « Dans la vraie vie, on travaille avec des gens de différents pays, qui parlent différentes langues. C’est donc très important de s’initier à la diversité. »
Pour la première fois, ses cours l’appelaient à se dépasser. Grâce aux multiples équipes de conception formées d’étudiant(e)s de la Faculté, qui entreprennent de construire notamment des robots, des voitures de formule électrique et des canots en béton, il avait aussi la possibilité de développer des compétences concrètes.
De la conception à la concrétisation
Mark McGriskin s’est joint à l’, composée d’étudiant(e)s qui, en un an, conçoivent, construisent et pilotent un véhicule hors route monoplace dans le cadre d’un concours. « Ça ressemble à un VTT muni d’une cage de retournement et d’un volant. C’est conçu pour faire des sauts, pour rouler dans la boue, dans la neige et sur le roc. Ce n’est pas fait pour aller très vite. » Du moins, pas avec la précision d’une voiture de formule. « On pense davantage à la résistance aux chocs et à la suspension qu’à la vitesse maximale. »
Larry Lessard, professeur et conseiller de l’équipe Baja depuis trente ans, aime aider les étudiantes et les étudiants. « Ils acquièrent un ensemble de notions importantes, notamment en génie, en gestion, en travail d’équipe et en leadership. Toutes ces compétences leur seront utiles dans leurs futurs emplois », fait-il remarquer.
Mark explique que pendant leur première année de participation à l’équipe Baja, les membres se présentent une fois par semaine pour voir comment les choses fonctionnent et quels sont leurs domaines d’intérêt. « La deuxième année, j’ai fait le châssis, que nous concevons nous-mêmes. Nous avons commandé les tubes en acier et les avons soudés ensemble pour construire la base, le squelette du véhicule. »
Plus tard la même année, il a assumé un rôle de direction au sein du projet, et la troisième année, il était capitaine de l’équipe, composée d’environ 60 étudiantes et étudiants. Il communiquait chaque jour avec une douzaine de coéquipiers qui l’épaulaient dans les activités de planification et de fabrication et l’aidaient à résoudre les problèmes. Il compare cette expérience à la gestion d’une petite entreprise en démarrage, puisqu’il était même responsable de budgétiser les dépenses associées aux pièces et aux machinistes.
« Construire un véhicule? C’est aussi difficile qu’on le pense », confirme-t-il. Le projet Baja est comme un stage où la transmission des connaissances est essentielle. « Quelqu’un m’a tenu la main, puis j’ai tenu la main de quelqu’un d’autre, et ainsi de suite. »
Stages d’été
Outre ses cours et le projet Baja, le jeune étudiant a également participé à des stages d’été. Grâce au Programme estival de recherche de premier cycle en génie (SURE) et aux Programmes de stages en génie, les étudiantes et étudiants ont accès à une expérience professionnelle rémunérée dans leur domaine. Cependant, s’ils le souhaitent, ils peuvent aussi choisir de terminer rapidement leurs cours pour gagner le marché du travail.
Mark a fait son premier stage auprès d’un constructeur automobile, Ă DĂ©troit. Pour son deuxième stage, il a sollicitĂ© l’aide de l’Institut de gĂ©nie aĂ©rospatial de łÉČËVRĘÓƵ. Au terme d’un processus de sĂ©lection rigoureux, il a obtenu un poste de gestion de la chaĂ®ne d’approvisionnement chez Pratt & Whitney.
Il confie qu’à 20 ans, ces premiers stages étaient intimidants : « Qu’est-ce qu’on fait quand on arrive dans une entreprise comptant des milliers d’employés, qui connaissent très bien leur travail? On essaie d’écouter plutôt que de parler et on travaille aussi fort qu’on peut », conseille-t-il.
Les stages lui ont permis d’acquérir des compétences qu’on ne peut apprendre en classe. « On ne calcule pas la localisation d’une onde de choc, on ne détermine pas le nombre de Mach à la sortie, mais on travaille avec des gens. C’est un art en soi. Rédiger des courriels concis qui expriment bien notre pensée, sans demander trop de temps au destinataire… ça prend des compétences générales. On n’est pas dans la conception d’éléments essentiels à la mission; on essaie d’apprendre le plus possible et de comprendre comment les gens travaillent ensemble. »
Une carrière lancée à Montréal
Amoureux de MontrĂ©al, Mark a cherchĂ© un travail dans la mĂ©tropole une fois son diplĂ´me en poche. Grâce Ă son rĂ©seau mcgillois, il a dĂ©crochĂ© un poste chez , une entreprise qui fabrique des vĂ©hicules hors route Ă©lectriques, comme des motoneiges et des motomarines, et dont certains fondateurs sont d’anciens membres du projet Baja et d’équipes de conception de l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ.
« Au début, je faisais les châssis de motoneige, c’était très semblable à ce que je faisais pour le projet Baja », raconte-t-il. À mesure que la jeune pousse est passée des prototypes à la production, il a assumé de nouvelles fonctions qui l’ont amené à participer au choix des fournisseurs de pièces.
Souhaitant connaître les pratiques d’approvisionnement d’une grande entreprise dotée d’une chaîne d’approvisionnement bien établie, il a communiqué avec son ancien directeur de stage chez Pratt, où il est maintenant spécialiste de l’approvisionnement. « Mon travail consiste à collaborer avec les fournisseurs et à veiller à ce qu’un certain nombre de pièces arrivent à temps et soient acheminées aux moteurs. »
À l’heure actuelle, son travail lui demande davantage de compétences générales que de compétences techniques, mais il espère un jour pouvoir tirer parti des deux. « Il y a beaucoup de négociations, de conversations où j’essaie de convaincre quelqu’un de faire quelque chose qu’il ne veut pas faire, dit-il en riant. Il y a moins d’opérations mathématiques. »
Ses conseils pour la relève
Pendant sa dernière annĂ©e Ă l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ, Mark a rĂ©duit sa participation au projet Baja et a plutĂ´t choisi de devenir reprĂ©sentant de l’équipe de conception auprès de l’Association des Ă©tudiants et Ă©tudiantes au premier cycle en gĂ©nie, ce qui lui a laissĂ© plus de temps pour le club de ski alpin et pour le hockey. Il a Ă©galement pu passer du temps avec son plus jeune frère, qu’il avait convaincu d’étudier Ă łÉČËVRĘÓƵ en gĂ©nie mĂ©canique. Ryan a d’ailleurs obtenu son diplĂ´me le printemps dernier et a lui aussi participĂ© au projet Baja.
Quels conseils Mark donnerait-il aux futurs étudiantes et étudiants? « Soyez fidèle à vous-même et amusez-vous. N’ayez pas peur de sortir de votre zone de confort et de faire de nouvelles rencontres. Vous vous ferez beaucoup d’amis et en garderez d’excellents souvenirs… Consacrez-vous à vos activités para-universitaires et à vos cours, et essayez de vous lier d’amitié avec les enseignants et d’apprendre à leurs côtés. »