Le prix des aliments inévitablement «volatile»
Des intempéries aux conflits mondiaux, en passant par la rupture des chaînes d’approvisionnement, le prix des aliments est sujet à des variations imprévisibles.
Voici ce qui a, entre autres, bousculé le marché alimentaire dans les dernières années.
Incertitudes climatiques
«Il faut comprendre que nos prix alimentaires ont toujours Ă©tĂ© naturellement bas, parce que notre chaĂ®ne alimentaire Ă©tait assez efficace, prĂ©visible»,ĚýPascal ThĂ©riault, agronome et Ă©conomiste Ă l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ, a dit au.Ěý
Le portrait a changé, alors que les changements climatiques créent de l’incertitude et une difficulté à anticiper, ajoute-t-il.
Un effet domino
D'autres facteurs uniques, tels que le conflit en Ukraine, ont Ă©galement un effet.
Ce producteur majeur d’huile de tournesol a dû couper les vannes dès le début de l’invasion russe en 2022. «Il y a plein de pays qui n’ont plus eu accès. Ils ont dû se tourner vers d’autres huiles végétales. Ça vient mettre de la pression sur les prix», laisse tomber M. Thériault.
C’est le cas de l’huile d’olive qui, en plus d’avoir vu sa demande augmenter, a subi le revers des importants feux de forêt qui ont parsemé l’Europe l’été dernier.
L’effet domino s’est même poursuivi jusqu’au prix du beurre.
«Souvent on allait vers les huiles végétales – vers la margarine –, parce que c’était moins cher que le beurre. Mais le prix du beurre a augmenté, parce que le prix du gras a augmenté de façon globale à l’échelle mondiale», précise M. Thériault.
Freiner les exportations
Les décisions politiques visant à limiter les exportations en réponse à la hausse des prix dans les pays qui produisent des denrées de base pour assurer l'approvisionnement national, comme l'interdiction d'exporter certaines variétés de riz imposée par l'Inde, sont également devenues plus fréquentes.
Ces décisions peuvent déstabiliser le marché et pousser les prix internationaux à la hausse en limitant l'offre.
L’exemple du bœuf
Pour Pascal Thériault, l’exemple du prix du bœuf est l’un des plus parlants pour illustrer la manière dont un événement ponctuel affecte le prix du marché sur le long terme.
Lorsque le prix des grains augmente en flèche en raison de mauvaises récoltes, les producteurs de bœuf réduisent, de leur côté, la taille de leur troupeau pour ne pas faire gonfler leurs coûts d’alimentation, explique l’agroéconomiste.
«On voit beaucoup de variations du prix du bœuf en raison de ce phénomène-là », indique-t-il.
Plusieurs mois sont nécessaires pour rattraper cet écart entre l’offre et la demande, dès que le prix du grain retrouve un semblant d’équilibre. Au moment où un producteur décide d’ajouter des bêtes à son élevage, il doit s’écouler plus ou moins 24 mois avant que les veaux atteignent le poids du marché, résume M. Thériault.
«Pendant 24 mois, le prix du grain qu’on avait vécu auparavant va avoir un impact sur le prix du bœuf qu’on va manger», complète-t-il.