Les territoires autochtones jouent un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique
Des chercheurs de six pays, dont Camilo Alejo et Catherine Potvin, du Département de biologie de l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ, se sont intéressés à l’importance des territoires autochtones pour l’²¹³Ù³Ùé²Ô³Ü²¹³Ù¾±´Ç²Ô des changements climatiques au Panama et dans le bassin de l’Amazone. Leur article, publié dans le journal , révèle que les territoires autochtones sont des solutions naturelles efficaces pour atteindre les cibles de l’Accord de Paris, à savoir la protection des forêts et la séquestration du carbone. Les chercheurs affirment que, vu l’importance de leur rôle, les populations autochtones devraient recevoir des subventions au même titre que les pays qui perçoivent des paiements pour réduire les gaz à effet de serre.
Entretien avec Camilo Alejo
Quel était l’objet de votre recherche?
Les milieux naturels comme les forêts absorbent le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère et piègent le carbone dans l’écosystème forestier, principalement dans la biomasse et le sol. Les forêts du monde séquestrent ainsi environ 861 gigatonnes de carbone. On parle de stock de carbone pour désigner les quantités de carbone ainsi emmagasinées. La protection et la gestion des forêts sont des moyens peu onéreux d’atténuer les changements climatiques en faisant augmenter les stocks de carbone terrestre et en réduisant les émissions liées aux activités comme la sylviculture ou l’agriculture.
Les territoires autochtones, les terres ancestrales des sociétés traditionnelles qui y vivaient avant la colonisation, et les zones protégées, dont le principal objectif est la protection de la nature, devraient être considérés comme des éléments clés dans la lutte contre les changements climatiques. Le but de notre étude est de fournir une estimation de l’effet des territoires autochtones et des zones protégées sur les stocks de carbone, en tenant compte de l’influence de leur localisation sur tout le territoire panaméen et dans les territoires colombien, équatorien, péruvien et brésilien du bassin de l’Amazone.
Qu’avez-vous découvert?
Nous avons constaté que les territoires autochtones et les zones protégées sont également efficaces pour préserver les stocks de carbone forestier. Au Brésil, par exemple, en 2003, les territoires autochtones et les zones protégées séquestraient environ 6 % de plus de carbone que les terres privées non protégées. Ce chiffre est passé respectivement à 10 % et à 8,5 % en 2016. Les territoires autochtones et les zones protégées agissent comme des zones tampons qui réduisent les émissions de carbone tout en stabilisant les stocks de carbone forestier. Nous avons également observé que les territoires autochtones piègent plus de carbone que les zones à leurs périphéries, et que cette différence tend à s’accentuer pour les zones les moins accessibles et les plus reculées. Les territoires autochtones au Panama emmagasinent, par exemple, des stocks de carbone supérieurs de 9 % à ceux des territoires situés à 1 km de leurs frontières, et ce pourcentage double pour les territoires situés à 15 km.
En quoi ces résultats sont-ils importants?
Notre étude montre que les territoires autochtones et les zones protégées agissent comme des remparts naturels contre les émissions de gaz à effet de serre, en piégeant le carbone et en évitant les émissions de carbone terrestre causées par la déforestation et la dégradation des milieux forestiers. De plus, notre étude est parmi les premières à établir que l’utilisation des terres par les Autochtones dans les forêts néotropicales peut stabiliser les stocks de carbone, ce qui montre que la gestion forestière par les Autochtones et la gestion centralisée des zones protégées sont complémentaires. La gestion forestière, c’est la façon dont les acteurs publics ou privés prennent des décisions sur la gestion, l’usage et la conservation des ressources forestières, et la façon dont ces décisions sont mises en œuvre. Les territoires autochtones au Panama et dans le bassin de l’Amazone sont donc à la fois une ressource matérielle et culturelle pour les habitants et un facteur clé de la lutte contre les changements climatiques.
Quels seront les effets de votre étude?
En vertu de l’Accord de Paris, les pays peuvent utiliser la conservation, la restauration et une meilleure gestion des ressources forestières pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Notre étude montre que les territoires autochtones participent aux contributions déterminées au niveau national (CDN) de l’Accord de Paris. Les CDN incarnent les efforts déployés par chaque pays pour réduire ses émissions nationales et s’adapter aux effets du changement climatique. Nous estimons que la protection des titres fonciers des territoires autochtones et la formalisation d’une gestion forestière conjointe dans les zones d’intersection entre les territoires autochtones et les zones protégées pourraient présenter de nombreux avantages. D’une part, cette cogestion sécuriserait les moyens de subsistance et les cultures des peuples autochtones, et, d’autre part, elle aiderait les gouvernements nationaux à atteindre leurs objectifs climatiques. Enfin, étant donné l’importance du rôle des territoires autochtones dans l’²¹³Ù³Ùé²Ô³Ü²¹³Ù¾±´Ç²Ô des changements climatiques, nous recommandons que les pays qui reçoivent un soutien en vertu de l’Accord de Paris pour la réduction de l’émission des gaz à effet de serre envisagent de verser aux peuples autochtones une partie de ces fonds selon les résultats.
³¢'é³Ù³Ü»å±ð L’article « Are indigenous territories effective natural climate solutions? A neotropical analysis using matching methods and geographic discontinuity designs », par Camilo Alejo, Chris Meyer, Wayne S. Walker, Seth R. Gorelik, Carmen Josse, Jose Luis Aragon-Osejo, Sandra Rios, Cicero Augusto, Andres Llanos, Oliver T. Coomes, et Catherine Potvin, a été publié dans . DOI : |
L’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ
Fondée en 1821, l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ accueille des étudiants, des professeurs et des employés d’exception de partout au Canada et du monde entier. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités du Canada et du monde. Établissement d’enseignement supérieur de renommée mondiale, l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs.
Son ne date pas d’hier : il remonte à des dizaines d’années et se déploie à l’échelle tant locale que planétaire. Comme en témoignent les énoncés de »å³Ü°ù²¹²ú¾±±ô¾±³Ùé qu’elle a signés, l’Université souhaite contribuer à façonner un avenir où l’être humain pourra s’épanouir dans le respect de la planète.