Découverte d'un gène hôte prédisposant a la lèpre
Une équipe internationale de chercheurs, sous la direction du Dr Erwin Schurr et du Dr Thomas Hudson, scientifiques attachés à l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé ³ÉÈËVRÊÓƵ, ont identifié sur le chromosome humain 6 un gène prédisposant à la lèpre. L'étude sera publiée dans le numéro de mars 2003 de Nature Genetics.
« Cette découverte nous permettra maintenant d'étudier le fonctionnement du gène et son influence sur le processus infectieux. Un pas important vient d'être franchi dans l'élaboration de stratégies novatrices de prévention et de traitement de la lèpre », a déclaré le Dr Schurr.
« Pendant plusieurs siècles, la lèpre a affligé l'humanité et elle demeure encore préoccupante dans un grand nombre de pays », a affirmé le Dr Marcel Behr, spécialiste des maladies infectieuses au CUSM et professeur adjoint de médecine à l'Université ³ÉÈËVRÊÓƵ. « Ces recherches ouvrent la voie au développement de meilleures thérapies et éventuellement à un vaccin. »
Maladie chronique due à l'infection par le bacille Mycobacterium leprae, la lèpre affecte environ un million de personnes dans le monde. Elle est rare au Canada et aux États-Unis, mais l'Organisation mondiale de la Santé a identifié 91 pays où le taux de prévalence de l'infection par la lèpre est élevé. La lèpre se manifeste par des symptômes tels que des lésions cutanées pigmentées et des atteintes nerveuses permanentes qui entraînent un engourdissement des pieds et des mains. Sans traitement, elle peut aboutir à des mutilations graves, notamment la perte de doigts, d'orteils, de pieds et de mains. Les bactéries de la lèpre se transmettent par contact personnel direct ou par des gouttelettes respiratoires contaminées.
Le Dr Schurr et ses collègues ont eu recours à la technique du « criblage génomique » pour effectuer la cartographie du gène. L'équipe de recherche a analysé des échantillons d'ADN provenant de quelque 100 familles ayant une prédisposition à la maladie. Les chercheurs ont découvert que ces familles avaient en commun une variante du gène sur le chromosome 6. Pour confirmer ses conclusions, l'équipe a ensuite analysé l'ADN de 200 autres familles atteintes de la lèpre. « Au cours des dernières années, les progrès de la technologie ont ouvert la possibilité d'analyses génétiques complexes comme celles qui ont servi à la présente étude », a dit le Dr Thomas Hudson. « Sans ces progrès et la collaboration des familles, cette recherche n'aurait pas été réalisable. »
Il s'agit de la deuxième étude, publiée en 2003 par les chercheurs de l'Université ³ÉÈËVRÊÓƵ et du Réseau canadien de maladies génétiques (RCMG), qui met en valeur l'importance des gènes hôtes dans les maladies infectieuses. Le Dr Philippe Gros a découvert qu'un gène (Naip-5) pouvait donner aux souris une résistance à la maladie du légionnaire. « Nous envisageons appliquer les mêmes stratégies d'identification des gènes à d'autres maladies infectieuses courantes, comme la tuberculose et la malaria », a déclaré le co-auteur de l'étude, le Dr Alexandre Alcaïs, chercheur de l'Institut national de la Santé et de la Recherche médicale (INSERM) à l'Unité 550 de la Faculté de médecine Necker de Paris.
Le Dr Erwin Schurr est chercheur au Centre d'étude de la résistance de l'hôte de l'Université ³ÉÈËVRÊÓƵ, au Centre universitaire de santé ³ÉÈËVRÊÓƵ et au Réseau canadien de maladies génétiques. Le Dr Thomas Hudson est directeur du Centre d'innovation de Génome Québec et chercheur au Centre universitaire de santé ³ÉÈËVRÊÓƵ et au Réseau canadien de maladies génétiques. Leur recherche a été soutenue par des subventions du Réseau canadien de maladies génétiques, des Instituts de recherche en santé du Canada et de Génome Québec.
Le Réseau canadien de maladies génétiques (RCMG) est un organisme sans but lucratif voué au progrès de la compétitivité scientifique et commerciale du Canada dans la recherche en génétique et dans l'application de ses découvertes à la prévention, au diagnostic et au traitement des maladies humaines. Pour atteindre ses objectifs, le RCMG participe à trois activités essentielles : il facilite et soutient financièrement la recherche collective en génétique humaine dans l'ensemble du Canada; il forme les chercheurs émergents à l'excellence en recherche sur les maladies génétiques humaines; il facilite les partenariats industrie-université pour transposer les découvertes scientifiques en thérapies et tests diagnostiques novateurs. Le RCMG est un partenaire du programme du Réseau canadien des centres d'excellence.