Les dragons de l'espoir : des courses qui améliorent la qualité de vie après un cancer du sein
Le meilleur traitement à suivre après un cancer du sein? Ni la médecine, ni les livres de psychologie populaire, dit une chercheuse en santé de l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ, qui préconise quant à elle les courses en bateau dragon.
En effet, les personnes qui ont survécu à un cancer du sein et qui ont participé à des courses en bateau dragon déclarent connaître un meilleur état de santé physique et mentale et avoir mieux surmonté le traumatisme de la maladie, d’après une étude menée par Catherine Sabiston, du Département de kinésiologie et d’éducation physique de ³ÉÈËVRÊÓƵ. Les résultats de sa recherche, réalisée à Vancouver alors qu’elle était candidate au doctorat à l'Université de la Colombie-Britannique (UBC), ont été publiés vers la fin 2007 dans la revue Journal of Sport & Exercise Psychology.
« Ces femmes ont connu une situation dévastatrice qui a commencé avec le diagnostic et qui s’est poursuivie pendant le traitement, explique Mme Sabiston. Elles ont subi énormément de stress, et cela s’est prolongé après le traitement avec la crainte de rechute. Tous les jours, elles se demandent, inquiètes, si leur cancer est de retour. »
À Vancouver, à la fin des années 1990, Mme Sabiston a formé, avec l’encouragement de son confrère Don McKenzie de UBC, plusieurs équipes de bateaux dragons composées de personnes de différents âges et milieux mais toutes atteintes de cancer du sein. Ces équipes continuent de participer à des compétitions, notamment celle de l’été dernier à Montréal.
Les courses de bateaux dragons existent en Chine depuis le 4e siècle avant notre ère. Il s’agit de longues et étroites embarcations ressemblant à des canots qui peuvent tenir 10 à 20 rameurs, auxquels s’ajoutent un batteur de tambour à la proue et un timonier à la poupe. Ce sport, qui n'était pratiqué que par les Chinois et par la diaspora chinoise, est devenu de plus en plus populaire dans différents pays au cours des 25 dernières années, en particulier sur la côte Ouest du Canada.
« Il y a dix ans encore, on pensait qu’une personne atteinte de cancer du sein ne devrait pas se livrer à des activités physiques, dit Mme Sabiston, et surtout pas exercer le haut du corps. Toutefois, M. McKenzie a amené un changement des mentalités dans la communauté médicale à ce sujet. »
Dans le cadre de son étude, Mme Sabiston a suivi 20 participantes plus ou moins aguerries, ce qui lui a permis de remédier à la rareté des données qualitatives dans ce domaine.
« La majorité des études sur les rapports entre l’exercice et le cancer du sein portaient sur une évaluation quantitative des bienfaits physiologiques, explique-t-elle. On ne parlait jamais de la façon dont ces femmes percevaient l’exercice. Nous voulions savoir si un contexte où elles font de l’exercice ensemble amenait une confirmation ou une réfutation des mythes concernant l’image corporelle. Nous voulions également jeter la lumière sur le rôle du soutien offert par le milieu social dans le rétablissement. »
Ses constatations, qui se dégagent d’entrevues individuelles, prouvent les bienfaits produits par l’activité. « Les résultats montrent très clairement une évolution psychologique favorable à la suite de cet événement traumatique. L’activité en tant que telle ainsi que les rencontres avec les autres participantes aident les femmes à compenser le stress qu’elles connaissent normalement pendant leur guérison. Elles ont commencé à vivre comme des athlètes, ce qui leur a donné un fort sentiment d’habilitation. »
Il est intéressant de noter que ces effets positifs pourraient être liés à un sens commun de ce que Mme Sabiston appelle une « altérité similaire ». Les survivantes du cancer du sein se voient comme semblables, même si elles sont très différentes du point de vue de l’âge, du type de corps ou de la forme physique, alors qu’une intervention semblable auprès de femmes préobèses n’avait pas produit le même effet.
« Chez les survivantes du cancer du sein, toute femme ayant été atteinte de cette maladie faisait partie du groupe, raconte-t-elle, alors que les femmes préobèses, à l'instar d'autres groupes, ont commencé à faire des comparaisons entre elles. Elles ne se voyaient pas comme étant différentes mais semblables. »