Quelles difficultés attendent les familles qui prennent en charge un enfant atteint de maladie chronique?
Une étude du CUSM se penche sur l'expérience de ces familles
On est si bien chez soi, dit-on, mais le domicile familial est-il le meilleur milieu pour les enfants atteints d'une maladie chronique? Quelle est la vie des familles qui doivent s'occuper de ces enfants à la maison? Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM a examiné les impacts familiaux qu'entraîne la présence d'un enfant dépendant de la technologie de l'assistance respiratoire. Les conclusions publiées ce mois-ci dans un numéro de Pediatrics indiquent que les parents, tout en considérant l'expérience extrêmement difficile, la jugent en même temps profondément enrichissante et gratifiante. La plupart de ces parents jugent qu'il n'y avait pas d'autre option pour leur enfant.
« Depuis les dernières années, on s'oriente de plus en plus vers les soins à domicile », dit l'auteur principal de l'étude, Franco Carnevale, infirmier spécialiste en pédiatrie à l'Hôpital de Montréal pour enfants. « Tout le monde pense en effet qu'on est bien chez soi. Notre étude est la première à explorer la validité de ce postulat et à examiner les dilemmes moraux des familles qui s'occupent à domicile d'enfants sous assistance respiratoire. »
« Notre étude a exposé l'expérience complexe et largement inconnue des familles qui ont à la maison des enfants sous assistance respiratoire », ajoute Franco Carnevale. « Maintenant, nous comprenons mieux ce que représente la prise en charge de ces enfants à domicile et l'aide dont ces familles ont besoin. Nos conclusions indiquent qu'une grande part du désarroi signalé par les familles provient de leurs contacts avec le système des services de santé et des services sociaux. Cette constatation appelle, chez le personnel des soins hospitaliers intensifs et actifs ainsi que chez le personnel du milieu communautaire, une sensibilité accrue aux besoins de cette population. Les prochaines mesures à prendre consistent à étudier comment intégrer les services de soutien communautaire à ces familles pour les aider à faire face au stress important qu'elles subissent. »
Franco Carnevale, professeur agrégé à la Faculté de médecine et à l'École des sciences infirmières de l'Université ³ÉÈËVRÊÓƵ, et ses collègues ont étudié l'expérience de 12 familles ayant pris en charge à domicile des enfants sous assistance respiratoire depuis au moins deux ans. Les pathologies des enfants ont été regroupées en quatre catégories diagnostiques, notamment les anomalies du contrôle respiratoire, les troubles neuromusculaires (par exemple, la dystrophie musculaire), le spina bifida et les anomalies des voies respiratoires supérieures. Les chercheurs ont effectué des entrevues avec tous les membres de la famille, entre autres, sous réserve de l'âge, avec les enfants sous assistance respiratoire et avec leurs frères et soeurs. Les conclusions indiquent que ces familles sont aux prises avec de nombreux défis et éprouvent du désarroi, mais que cette expérience enrichit leur vie. La plupart des familles préfèrent que les enfants vivent à la maison. Toutes les familles étudiées ont fait état d'expériences similaires, dont les caractéristiques se recoupent sous six thèmes :
- une responsabilité parentale plus grande (par exemple, en raison des besoins physiques et psychologiques de l'enfant);
- des interactions sociales négatives (par exemple, la dévalorisation de l'enfant par la collectivité);
- la recherche de normalité (par exemple, par l'établissement de rituels);
- l'expérience de vivre dans l'isolement (par exemple, le sentiment de solitude);
- la remise en cause de l'ordre moral (par exemple, la résignation à son sort);
- l'écoute de l'enfant (par exemple, l'enfant exprime sa préoccupation d'être à charge).