Selon des cardiologues du CUSM, il faut maintenant dépasser le cholestérol
Il existe une meilleure manière que la mesure du cholestérol pour établir le risque de maladie cardiaque, selon une nouvelle étude réalisée par des cardiologues de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé ³ÉÈËVRÊÓƵ (CUSM). L'étude montre que le dosage d'une protéine, appelée l'apoprotéine B ou apo B, constitue un test plus précis et plus efficace que la mesure du cholestérol. Les résultats de cette étude seront publiés dans le numéro de mars de la revue internationale The Lancet.
« Il est courant en pratique clinique de considérer les taux et les ratios de cholestérol comme des prédicteurs de la maladie cardiovasculaire », dit le Dr Allan Sniderman, cardiologue du CUSM et auteur principal de l'étude. « Mais comme ce test a ses limites, nous avons décidé d'explorer d'autres options. Or l'étude indique que l'apo B est un prédicteur plus puissant d'accidents cardiovasculaires et nous sommes d'avis qu'il est supérieur au seul examen des taux de cholestérol. »
Le Dr Sniderman et ses collègues d'Australie, de Colombie-Britannique, de la Suède et des Pays-Bas ont analysé des données d'études épidémiologiques et d'essais cliniques réalisés sur des milliers de patients cardiaques. Une conclusion est manifeste : si la mesure des taux de cholestérol est un bon point de départ, elle ne suffit pas. « En étudiant les données des patients qui avaient réduit leur taux de cholestérol par des médicaments, nous avons découvert qu'ils avaient toujours des taux élevés d'apo B. Cette constatation donne à penser que ces patients risquent toujours de faire une crise cardiaque. Elle est préoccupante parce que si l'on se fie aux résultats de la mesure du cholestérol, ces patients seraient traités adéquatement », déclare le Dr Sniderman.
« Comme on peut mesurer les apoprotéines avec précision et à peu de frais par des analyses de laboratoire courantes, nous recommandons d'intégrer cette mesure à la pratique clinique. Autre avantage, ce test est beaucoup plus pratique pour les patients parce qu'il n'est pas nécessaire d'être à jeun », conclut le Dr Sniderman.
Les apoprotéines sont des protéines vectrices spécialisées, qui transportent les lipides, c'est-à -dire les graisses, dans le sang. L'essentiel du cholestérol dans le sang se trouve dans des particules de lipoprotéines légères ou LDL (de l'anglais Low Density Lipoproteins). Chaque particule de LDL contient une molécule d'apo B, qui l'enveloppe et la stabilise. La taille des particules de LDL varie selon la quantité de cholestérol qu'elles renferment. Les plus petites ont moins de cholestérol, mais elles sont davantage associées à la maladie coronarienne et leur circulation dans le sang est plus dangereuse que celle des plus grosses molécules contenant davantage de cholestérol. En général, un nombre plus grand de particules de LDL dans le sang élève le risque de crises cardiaques ou d'accidents vasculaires cérébraux. La réduction du nombre de particules LDL est la méthode la plus efficace actuellement pour abaisser le risque de crise cardiaque.