Une meilleure qualité de vie pour les gens atteints d' une tumeur cérébrale
Une nouvelle étude en neuro-imagerie menée par des chercheurs de l'Institut et Hôpital neurologiques de Montréal de l'Université ³ÉÈËVRÊÓƵ vise à assurer une meilleure qualité de vie aux patients en évaluant leurs capacités cognitives avant, pendant et après l'ablation d'une tumeur cérébrale. Pour ce faire, et diminuer les risques pendant l'intervention chirurgicale, les chercheurs ont recours à la cartographie des importantes régions fonctionnelles du cerveau entourant la tumeur.
Une chirurgie pour une tumeur cérébrale suppose de réaliser un équilibre délicat entre l'ablation la plus grande complète possible d'une tumeur afin d'assurer la survie d'un patient et de prolonger son espérance de vie, et la préservation de ses capacités motrices, sensorielles et cognitives (régions fonctionnelles du cerveau) et, ainsi, de sa qualité de vie. La nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Institut et Hôpital neurologiques de Montréal, dont les résultats ont été publiés récemment dans le Journal of Neurosurgery, se tourne vers la neuro-imagerie fonctionnelle pour localiser d'importantes régions fonctionnelles du cerveau et les préserver pendant l'intervention chirurgicale. L'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) a beaucoup été employée pour cartographier des fonctions sensorielles et motrices, ainsi que pour définir des régions du cerveau intervenant dans des processus langagiers. Mais à ce jour, elle n'avait pas été appliquée à des fonctions cognitives d'ordre supérieur comme la mémoire. Les patients opérés d'une tumeur au cerveau peuvent mener une vie active pour de longues périodes. Voilà pourquoi il est essentiel d'assurer la préservation de fonctions cognitives qui dépendent de régions du cerveau situées près de la tumeur et d'ainsi maintenir l'autonomie des patients et une bonne qualité de vie postopératoire.
« À notre connaissance, il s'agit du premier rapport publié sur l'application de l'IRMf au traitement cortical supérieur pour l'évaluation préopératoire de patients ayant une tumeur au cerveau », précise le Dr Rolando Del Maestro, directeur du Centre de recherche sur les tumeurs cérébrales de l'Institut neurologique de Montréal et chercheur principal de l'étude. Les fonctions cognitives sont essentielles dans la vie quotidienne. Par exemple, réagir adéquatement à un feu de circulation dépend de la sélection d'actions possibles reposant sur de l'information et des règles acquises auparavant. Ainsi, un feu vert signifie qu'on peut passer, et un feu rouge, qu'on doit arrêter. Des lésions dans des régions du cerveau responsables de cette habileté cognitive peuvent avoir des incidences marquées sur la capacité d'un patient à mener une vie normale. Ne pas oublier l'information dans la mémoire de travail ou extraire de manière sélective de l'information de la mémoire figure parmi les fonctions cognitives d'ordre supérieur - des habiletés qui sont associées au cortex frontal et qui sont très importantes pour fonctionner normalement dans maintes activités de la vie courante.
Pendant une IRMf préopératoire, on demande au patient d'effectuer une tâche qui évalue la fonction du cortex prémoteur dorsal et qui l'amène à devoir choisir entre des actions contradictoires fondées sur des règles conditionnelles. Les données d'une IRMf préopératoire sont entrées dans un système de neuronavigation assistée par imagerie, qui guide les neurochirurgiens pendant l'opération, optimise l'approche à l'ablation de la tumeur et préserve des régions fonctionnelles importantes dans la région corticale prémotrice du cerveau.
Les patients passent ensuite une imagerie par résonance magnétique structurelle postopératoire pour vérifier que la résection de la tumeur a été optimale et que la région fonctionnelle du cortex prémoteur qui intervenait dans l'exécution de la tâche cognitive a été préservée. Les patients ayant pris part à l'étude ne présentaient aucun déficit dans l'exécution de la même tâche après l'opération, ce qui démontre encore plus que cette fonction cognitive précise est intacte.
« Ces résultats préliminaires sont prometteurs et semblent indiquer que l'IRMf préopératoire est une ressource importante pour aider les neurochirurgiens à préserver des fonctions cognitives chez des patients opérés d'une tumeur au cerveau », a poursuivi le Dr Del Maestro. Le Dr Del Maestro et ses collègues ont aussi commencé des expériences peropératoires chez certains patients, ce qui permet à l'équipe de chirurgiens d'assurer un suivi continu et de préserver les fonctions cognitives à risque pendant l'intervention chirurgicale.
Cette étude introduit un nouveau paradigme d'IRMf pour localiser et évaluer de manière fiable la sélection cognitive d'actions chez des patients ayant une tumeur située près du cortex prémoteur dorsal. Ces techniques sont maintenant appliquées pour évaluer un plus grand nombre de fonctions cognitives et ainsi permettre à des patients dont la tumeur est située dans d'autres régions du cerveau d'en profiter.
L'équipe de neurooncologie de l'INM a reçu une désignation suprarégionale de niveau 4 (quaternaire) de la Direction de lutte contre le cancer. Cette désignation constitue le niveau le plus élevé du système de classement. C'est la seule équipe d'oncologues traitant des adultes atteints de cancer au Québec à obtenir la désignation de niveau 4 à son premier examen. Basée à l'Institut et Hôpital neurologiques de Montréal, l'équipe a satisfait aux critères de pratique clinique spécialisée, d'expertise et d'approche interdisciplinaire, d'enseignement et de formation, d'amélioration de la qualité et d'activités importantes de recherche.
À propos de l'INM
L'Institut neurologique de Montréal est un institut de recherche et
d'enseignement de l'Université ³ÉÈËVRÊÓƵ qui se consacre à l'étude du
système nerveux et des maladies neurologiques. Fondé en 1934 par le
réputé docteur Wilder Penfield, l'INM est l'un des plus grands
instituts du genre au monde. Les chercheurs de l'INM sont des chefs
de file en neurosciences cellulaires et moléculaires, en imagerie
cérébrale, en neurosciences cognitives ainsi qu'en étude et
traitement de l'épilepsie, de la sclérose en plaques et des
troubles neuromusculaires. L'INM, avec son partenaire clinique
l'Hôpital neurologique de Montréal (HNM), du Centre universitaire
de santé ³ÉÈËVRÊÓƵ, continue d'intégrer recherche, soins aux patients
et formation. Il est reconnu comme l'un des premiers centres en
neurosciences au monde. L'INM juge essentiel d'investir dans la
faculté, le personnel et les étudiants qui effectuent des
recherches exceptionnelles, prodiguent des soins évolués avec
compassion et ouvrent la voie à une prochaine génération de percées
médicales. La recherche, si essentielle à l'évolution des soins
médicaux, repose sur des personnes douées et motivées.