Une nouvelle étude se penche sur la douleur au cours des relations sexuelles
Les femmes qui éprouvent des douleurs au cours des relations sexuelles pourraient avoir un seuil de la douleur anormalement bas et non pas souffrir d'un problème de dysfonction sexuelle, tel qu'on le croyait auparavant. Ces constatations proviennent de chercheurs de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé ³ÉÈËVRÊÓƵ (CUSM). Leur étude, publiée en mars dans la prestigieuse revue PAIN, est la première à aborder quantitativement la sensibilité à la douleur chez les femmes qui souffrent de dyspareunie.
Environ 15 pour cent des femmes en Amérique du Nord se plaignent de douleurs au cours des rapports sexuels, une pathologie appelée dyspareunie. On espère que l'étude débouchera sur des méthodes de traitement plus efficaces.
« Le virage conceptuel que représente la classification de la dyspareunie comme une pathologie de la douleur plutôt que comme une dysfonction sexuelle est plus qu'un changement sémantique », déclare le cochercheur de l'étude, le professeur Irv Binik, directeur du Service de thérapie sexuelle et de thérapie de couple du CUSM. « Cette nouvelle classification aura de larges répercussions. Elle touchera la façon dont nous étudions cette douleur, les méthodes de traitement des professionnels de la santé et le comportement des femmes qui connaissent ce problème. »
Irv Binik, qui est également professeur au département de psychologie de l'Université ³ÉÈËVRÊÓƵ ,et ses collaborateurs Caroline Pukall (candidate au Ph.D. du département de psychologie de l'Université ³ÉÈËVRÊÓƵ) et le Dr Samir Khalifé (du département d'obstétrique et de gynécologie du CUSM) ont comparé la sensibilité à la douleur et la sensibilité tactile des femmes qui éprouvent de la douleur au cours des relations sexuelles à celles des femmes qui n'en éprouvent pas. Les résultats indiquent que les femmes qui ont un type particulier de dyspareunie, le syndrome de vestibulite vulvaire, ont un seuil de tolérance à la douleur très inférieur aux femmes qui ne souffrent pas de dyspareunie. Cette baisse du seuil de sensibilité à la douleur concerne les zones génitales mais aussi d'autres parties du corps, ce qui laisse entendre que les problèmes de douleur peuvent être plus étendus que ce qu'on croyait auparavant. « Il semble que ces femmes aient des seuils de tolérance à la douleur anormalement bas », dit Irv Binik. « En outre, ces femmes manifestent des réactions émotionnelles spécifiques à leur douleur génitale. » Les études suggèrent que les femmes souffrant de dyspareunie devraient être classées parmi les personnes atteintes de douleurs chroniques.
Le recours aux stratégies de contrôle de la douleur chronique, telles que la thérapie comportementale, la chirurgie ou l'acupuncture, pourrait donner de meilleurs résultats que les approches classiques du traitement de la dyspareunie.
Les Instituts de recherche en santé du Canada ont financé l'étude.
[traduction] «Les seuils de douleur vestibulaire tactile et de douleur générale chez les femmes atteintes du syndrome de vestibulite vulvaire », C.F. Pukall, Y.M. Binik, S. Khalifé, R. Amsel et F.V. Abbott.