Arnaud Bernadet entre à l’Observatoire sur la liberté d’expression
Arnaud Bernadet est professeur au département des littératures de langue française, de traduction et de création de l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ depuis 2010. Formé à la linguistique française et à l’épistémologie littéraire, ses travaux portent sur le langage, la littérature et l’art, les enjeux culturels et politiques des Å“uvres de création. Ces dernières années, il a participé activement aux débats publics sur la liberté d’expression en intervenant dans les médias au Québec et à l’étranger (Radio-Canada, Le Devoir, La Presse,ÌýAffaires Universitaires, Mediapart). En collaboration avec Isabelle Arseneau, il a soumis unÌýÌý(2021) à laÌýCommission scientifique et technique sur la reconnaissance de la liberté académique en milieu universitaireÌýet fait paraître chez LiberÌýÌýÌý(2022). Il a aussi publié divers articles sur le courant ditÌýwoke, laÌýcancel culture, les mots tabous, l’écriture inclusive, les politiques d’équité et de diversité.
S’il est vrai que dans les sociétés ouvertes la liberté d’expression désigne à la fois un droit et un concept juridique, c’est aussi sous l’angle de laÌýcapacité expressiveÌýdes discours et des Å“uvres de création que peut être saisie une telle question. En effet, cette capacité expressive des discours et des Å“uvres se mesure d’abord au texte culturel dans son ensembleÌý: elle prend sens dans le champ du dicible, entre ce qui se dit et ne se dit pas au sein d’une société, des idées, des représentations et des valeurs qui y circulent. C’est pourquoi une telle approche engage en premier lieu un diagnostic de l’état de la conversation démocratique, que d’aucuns disent de plus en plus polarisée sous l’influence des médias sociaux en raison de conflits autour de la religion, de l’identité nationale, des inégalités sociales et raciales. Elle oblige ensuite à réfléchir aux rapports entre langage et éthique, et aux enjeux promus autour de l’idée de «Ìýjustice linguistiqueÌý», que ce soient dans les termes de l’offense et de la reconnaissance dans le cas des minorités, ou plus largement de l’utopie d’une communication inclusive. Cette approche considère pour finir l’incidence du texte culturel sur la littérature et les arts, aux prises avec de nouvelles techniques de contrôle idéologique voire des pratiques de censure.