En juin 2021, Guylaine Mayrand a commencé à vivre d’inquiétants épisodes de confusion et de convulsions. Gestionnaire dans le réseau bancaire, cette résidente de St-Lin-Laurentides et mère de quatre enfants verra sa vie chavirer en quelques semaines. Après avoir procédé à une imagerie médicale, le diagnostic tombe : à 49 ans, elle est atteinte d’une tumeur cérébrale, un glioblastome de stade 4.
Chaque jour, 27 personnes au Canada sont diagnostiquées avec une tumeur cérébrale, dont le tiers sont malignes. Les glioblastomes sont parmi les tumeurs cérébrales les plus agressives, avec un très haut taux de récidive. Selon la Fondation canadienne des tumeurs cérébrales, sans traitement les individus atteints auraient un taux de survie de 12 à 18 mois.
Le pronostic posé lors de sa première consultation en neurochirurgie est peu encourageant. On explique à Mme Mayrand que certaines de ses tumeurs sont inopérables, et qu’elle pourrait rester paralysée si on les touche. Donc l’opération qu’elle subit laissera plusieurs tumeurs en place.
Malheureusement, après avoir reçu la norme des soins en radiothérapie et chimiothérapie, son cancer progresse. À court d’options, son oncologue cherche à lui offrir un espoir et la réfère pour un essai clinique sur le glioblastome au Neuro (Institut-hôpital neurologique de Montréal).
Faire le saut
Le conjoint de Mme Mayrand,ĚýGhislain Perreault explique que le couple a fait le choix d’aller de l’avant en dĂ©pit une certaine rĂ©ticence par rapport au fait d’entamer un traitement expĂ©rimental. « On n’avait plus d’options. Tu prends l’espoir que tu peux, » explique-t-il.
La Fondation canadienne des tumeurs cérébrales estime que pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de cancers neurologiques, elles doivent avoir accès à des soins spécialisés de pointe, mais aussi à des essais cliniques. C’est entre autres pourquoi l’Unité de recherche clinique du Neuro s’efforce d’offrir des essais novateurs pour cette forme agressive de cancer et est souvent le seul site au Québec à les offrir.
« Il est difficile de trouver des essais cliniques en neuro-oncologie en gĂ©nĂ©ral, mais particulièrement pour des patients confrontĂ©s Ă une rĂ©cidive de leur cancer du cerveau qui ont peu d’options », explique le Dr Owen, professeur adjoint d’oncologie Ă l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ et chercheur principal sur les essais cliniques en neuro-oncologie au Neuro.
Le Dr Owen évalue Mme Mayrand pour l’admettre à une étude multimodale novatrice sur le glioblastome. Pour accélérer la découverte de traitements potentiels, cet essai teste en parallèle trois médicaments expérimentaux au sein de trois groupes distincts, en plus d’un groupe témoin qui recevra le traitement qui est actuellement la norme de soins.
Une chirurgie qui changera tout
Lors de l’évaluation, les tumeurs présentent sur l’IRM sont trop importantes pour aller de l’avant. Le Dr Owen demande donc une consultation avec le Dr Kevin Petrecca, un neurochirurgien de renommée mondiale spécialisé en glioblastome, et chef du département de Neurochirurgie au Neuro.
Contrairement au diagnostic précédent, le Dr Petrecca ne voit aucune entrave à réopérer Mme Mayrand pour réséquer les tumeurs restantes. Mme Mayrand et son conjoint doivent évaluer leurs options à la lumière de deux pronostics opposés. « Le Dr Petrecca ne disait pas la même chose que l’autre chirurgien. Ce n’était pas évident de se démêler. On n’est pas neurochirurgiens, nous ! »
Le choix est déchirant, mais l’expertise du Dr Petrecca pèse dans la décision et finalement Mme Mayrand subira une opération de huit heures qui s’avère un succès. Elle pourra par la suite participer à l’essai clinique.
L’effet d’un centre de pointe
Le changement d’hôpital a été un point crucial pour Mme Mayrand. « Elle est miraculée. Très peu de gens avec un glioblastome de stade 4 sont encore là après plus de trois ans », confie son conjoint.
M. Perreault reconnait aussi la fiabilité des conseils reçus au Neuro. « De tous les médecins que nous avons vus, le Dr Petrecca est le seul dont tout ce qu’il nous a dit est arrivé à la lettre; nous n’avons eu aucune surprise. Et il reste encore très positif – il a dit que ce qu’il voit est très prometteur. »
Même avec des soins de calibre international, un diagnostic du cancer du cerveau demeure très éprouvant pour l’individu touché et ses proches. Offrir des soins de haut niveau est essentiel, mais le Neuro s’efforce également d’offrir des soins à visage humain, incluant dans les essais cliniques.
Mme Mayrand n’hésiterait pas à participer à un autre essai clinique.
« Au début on avait un peu d’appréhension. Mais vue les suivis et le professionnalisme on participerait encore. Les infirmières et tous les coordinateurs de recherche clinique sont des gens très dévoués et compréhensifs. »