Noémie Hébert-Lalonde, Ph.D., est une neuropsychologue clinicienne au Centre Azrieli de recherche sur l’autisme (CARA) du Neuro, où elle œuvre auprès d’enfants et d’adolescents présentant des variations neurodéveloppementales.
Elle coanimera le prochain atelier virtuel de six séances sur l’échelle d’observation pour le diagnostic de l’autisme – 2e é»å¾±³Ù¾±´Ç²Ô (ADOS-2), qui débutera en octobre 2022.
Qu'est-ce qui vous motive à faire le travail que vous faites en tant que clinicienne-chercheure?
J’ai toujours eu une passion pour le travail auprès des enfants. J’ai développé mon intérêt pour les enfants présentant des atteintes neurodéveloppementales durant mes études en neuropsychologie, plus particulièrement mes études doctorales en épilepsie et en déficience intellectuelle. Mon engouement pour l’autisme est apparu par la suite, lorsque j’ai compris que le cerveau humain était très complexe. J’avais envie de mieux comprendre les mystères du cerveau afin d’améliorer la vie des personnes autistes et de leurs familles.
Pour moi, la recherche et la clinique sont intrinsèquement liées. La connaissance des données probantes est essentielle pour le déploiement de services cliniques de qualité. De façon similaire, il est essentiel d’avoir une bonne connaissance des enjeux cliniques pour faire avancer la recherche vers des cibles pertinentes et cohérentes dans le but de répondre aux besoins des diverses populations. J’aime donc construire ces deux domaines de connaissances de façon concomitante.
Le transfert des connaissances est aussi un aspect crucial de l’offre de services cliniques de qualité. J’aime faire part de mes connaissances et avoir des discussions cliniques et scientifiques. J’apprends autant des autres que les autres apprennent de moi. La dispensation de formation est donc très enrichissante, autant pour les formateurs que pour les participants. La collaboration est la base même de la société dans laquelle nous évoluons.
Quels outils d'évaluation utilisez-vous pour diagnostiquer l'autisme dans votre pratique, et pourquoi sont-ils importants ?
Aucun outil diagnostique n’est parfait! Idéalement, les professionnels chargés du diagnostic de l’autisme doivent connaître une assez grande variété d’outils pour pouvoir choisir ceux qui sont appropriés dans le contexte.
Bien entendu, l’ADOS-2 et l’ADI-R (entretien diagnostique de l’autisme – révisé) sont des outils très bien conçus et prévus pour l’autisme, que j’utilise très souvent.
Par exemple, l’ADI-R permet aux parents de s’exprimer de façon très précise sur les comportements souvent associés à l’autisme. C’est très éclairant pour les parents et ça alimente souvent leur réflexion sur les comportements de leur enfant. Ça m’aide aussi très souvent à mettre en place les éléments qui seront repris lors du bilan de l’évaluation.
L’ADOS-2 me permet aussi d’avoir un échantillon de comportements sociaux de l’enfant dans un contexte standardisé. L’aspect standard de l’ADOS-2 permet de comparer plus également les comportements de l’enfant aux comportements observés dans le domaine de l’autisme. Lorsque les parents ont l’occasion d’assister ou d’observer l’ADOS-2, il est aussi intéressant de les entendre commenter leurs propres observations. La discussion est souvent riche et pleine de sens pour les parents, l’enfant et l’intervenant.
Il faut toujours garder en tête que ce ne sont que des outils et qu’ils représentent seulement un aspect de l’évaluation.
D’autre part, j’apprécie beaucoup les informations tirées des questionnaires spécifiques ou non à l’autisme. Les questionnaires associés à l’attention ou à la gestion des comportements ou des émotions sont souvent très riches et aident à faire des diagnostics différentiels en pratique.
En tant que neuropsychologue, j’aime aussi évaluer le potentiel intellectuel de l’enfant. Les informations recueillies en disent souvent long sur le profil souvent complexe des enfants autistes. Les parents sont aussi heureux de mieux connaître le fonctionnement global de leur enfant. Ils trouvent souvent ces informations très éclairantes.
De plus, les informations recueillies dans le cadre d’une évaluation devraient être le plus possible spécifiques au contexte de l’enfant et permettre l’élaboration de recommandations ou de plans de traitement spécifiques aux besoins de l’enfant et à la réalité du milieu dans lequel il ou elle évolue. L’entrevue développementale et la participation des intervenants gravitant autour de l’enfant semblent primordiales durant l’évaluation.
Quel message avez-vous pour les professionnels qui débutent leur carrière dans le domaine ?
J’encourage les jeunes professionnels à s’investir dans leur domaine et à contribuer à la collaboration entre les différents professionnels.
Bien qu‘ils soient très spécifiques, les recherches et le travail clinique en autisme ne peuvent pas être effectués sans l’apport d’autres partenaires. Il est important de reconnaître notre expertise, mais aussi celle des autres, y compris l’expertise expérientielle des patients et de leurs familles. C’est en collaborant avec l’ensemble des acteurs que nous élaborons les meilleurs soins et les meilleurs projets de recherche.
D’autre part, j’encourage les professionnels à demeurer curieux et à plonger dans de nouveaux apprentissages tout au long de leur carrière. Même s’il ne s’agit que de prendre le temps de lire sur un sujet, la formation continue représente une pierre angulaire d’une meilleure pratique.
Comment les professionnels peuvent-ils bénéficier de votre formation ?
La formation d’introduction de l’ADOS-2 est un incontournable pour tous les professionnels, jeunes ou expérimentés!
D’abord, aux professionnels qui souhaitent s’initier à cet outil, la formation permet à la fois de se familiariser avec l’outil, mais aussi d’en comprendre les fondements.
Pour les plus expérimentés, il s’agit d’une mise à jour très complète. Beaucoup de professionnels apprécient cette mise à jour puisqu’on a souvent tendance à dériver des méthodes standards au fil du temps.
La formation offerte par la clinique du CARA est d’une très grande qualité. À la fois axée sur la pratique et la théorie, elle permet de mieux intégrer les concepts et de les appliquer rapidement à la pratique.
Les formatrices offrent aussi du soutien aux participants qui le souhaitent, autant en contexte de groupe qu’en contexte individuel. D’autres types de formation continue sont aussi offerts aux différents professionnels. Nous invitons les gens à rester des nôtres pour connaître les formations à venir.
Constituer un réseau de formation commune
La clinique du CARA organise plusieurs activités de formation et de perfectionnement professionnel en vue d’améliorer les compétences des spécialistes de l’autisme, novices ou chevronnés, et de constituer un réseau d'apprentissage, d’assistance et d’expertise communs.
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