³ÉÈËVRÊÓƵ

Sécurité alimentaire : quand le Québec montre la voie

La conférence pour le Bicentenaire de l’Université a attiré d’éminentes personnalités qui ont convenu que les études en sciences animales, ±¹Ã©²µÃ©³Ù²¹±ô±ðs et des sols sont essentielles pour la mise en Å“uvre de solutions durables à l’insécurité alimentaire. 

Le 31 mars, l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ a fêté son 200e anniversaire et a lancé les célébrations par une conférence intitulée « Comment renforcer l’autonomie et la sécurité alimentaires ». Cet événement virtuel bilingue – le premier de la série de conférences du Bicentenaire « Des solutions à des problèmes mondiaux » – a réuni des experts pour une discussion sur la sécurité alimentaire mondiale.

La présentatrice, Alex Johnston (LL.B./B.C.L. 1999) – diplômée de ³ÉÈËVRÊÓƵ, coprésidente du conseil d’administration de l’Institut d’études canadiennes de ³ÉÈËVRÊÓƵ et fille de David Lloyd Johnston, ancien principal de ³ÉÈËVRÊÓƵ (1979-1994) – a posé des questions au conférencier principal, André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, et a animé des discussions d’experts portant sur le rôle des politiques publiques et de l’enseignement supérieur dans le secteur agroalimentaire.

Célébrer le passé en regardant vers l’avenir

Dans son mot d’ouverture, la principale et vice-chancelière de ³ÉÈËVRÊÓƵ, Suzanne Fortier, a fait remarquer que le Bicentenaire était une belle occasion de souligner les réalisations passées, mais qu’il fallait aussi se projeter dans l’avenir et prendre des mesures pour contrer les menaces à l’autonomie et à la sécurité alimentaires, notamment la croissance démographique rapide, la pauvreté et les changements climatiques.

« Notre université doit être une figure de proue dans le domaine, tant par ses travaux de recherche que par la formation de professionnels qui mettront au point des solutions », a dit la principale à Anja Geitmann, doyenne de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement, lors de leur allocution de bienvenue. « Heureusement, nous pouvons compter sur de grands talents, tout particulièrement à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement et à l’Institut Margaret-A.-Gilliam pour la sécurité alimentaire mondiale. Et les solides partenariats que ³ÉÈËVRÊÓƵ entretient avec des universités et d’autres collaborateurs au Québec seront précieux dans cette lutte. »

Pour sa part, Anja Geitmann a souligné l’importance pour l’Université de ne jamais perdre de vue son objectivité au sein de ces partenariats. « En raison de leur neutralité, les universités ont le pouvoir de réunir des personnes habituellement en concurrence qui travailleront à la mise au point de solutions bénéfiques pour tous. »

La pertinence des politiques publiques

Après la présentation de la principale et de la doyenne, Alex Johnston s’est entretenue avec la diplômée Chantal Line Carpentier (B. Sc. [Agr.] 1990, M. Sc. 1994), cheffe de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), et avec Krzysztof Pelc, professeur agrégé de science politique à ³ÉÈËVRÊÓƵ, pour lancer la table ronde sur l’effet des accords commerciaux sur l’autonomie et la sécurité alimentaires et parler du rôle que le Canada doit jouer pour faire avancer les choses.

« Il faut savoir que nous n’avons pas affaire à un problème de quantité – il y a suffisamment de nourriture produite dans le monde – mais plutôt à des problèmes d’accès et de distribution, ainsi qu’à des enjeux politiques et économiques. C’est là que les accords internationaux entrent en scène », a précisé d’entrée de jeu Krzysztof Pelc.

« Ces accords apportent une protection financière aux petits pays qui ont des moyens limités », a ajouté Chantal Line Carpentier, en indiquant que les subventions à l’agriculture mises en place par les États-Unis et certains pays d’Europe, par exemple, favorisent une production accrue à un coût moindre. « Cette situation décourage les pays en développement d’établir leur propre agriculture et les empêche de profiter des mêmes progrès que les pays développés. »

Pour les panélistes, il n’est pas nécessaire de sacrifier la solidité d’un système de sécurité alimentaire national pour conclure de bons accords, bien au contraire. « De nos jours, on arrive à conclure des accords commerciaux qui marient des objectifs en apparence incompatibles, comme le rendement d’un côté et le respect des droits du travail de l’autre, a assuré Krzysztof Pelc. Il faut chercher à maintenir les priorités sociales et culturelles liées à la nourriture et veiller à ce que les dispositions relatives à l’alimentation ne soient pas détournées à des fins de protectionnisme, ce qui ferait chuter la production totale et limiterait l’accès des pays les plus vulnérables. »

Que ce soit au moyen d’ententes telles que l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AECG), ou de formations novatrices en agriculture, le Canada montre l’exemple dans la conciliation de ces différents objectifs.

« En sortant de ³ÉÈËVRÊÓƵ, je suis allée faire mon doctorat à Virginia Tech, a dit Chantal Line Carpentier. Je me suis rapidement rendu compte que j’étais la seule à avoir une profonde compréhension de la science des sols, des sciences ±¹Ã©²µÃ©³Ù²¹±ô±ðs et des sciences animales parce que la plupart de mes pairs étaient passés directement des mathématiques aux sciences économiques, puis à l’économie agricole. » Selon elle, nous avons besoin d’une formation en agriculture multidisciplinaire pour bien préparer les diplômés aux réalités changeantes du secteur; et nous avons ici le parfait exemple d’un modèle de formation canadien qui devrait être adopté à plus grande échelle. « Il faut relier les différentes disciplines, et ça, ³ÉÈËVRÊÓƵ l’a bien compris. »

Plus de savoir, plus de confiance

Alex Johnston a ensuite invité Marcel Groleau, président, Union des producteurs agricoles du Québec (UPA), et Darlene McBain, directrice des relations avec l’industrie, Financement agricole Canada, à parler du rôle de l’enseignement supérieur dans le renforcement du secteur agroalimentaire et de l’importance du savoir pour les acteurs de ce secteur.

Les deux panélistes ont évidemment reconnu le rôle essentiel des universités en recherche et développement et de leurs partenariats avec des intervenants du secteur, mais ils ont aussi insisté sur l’importance d’une formation améliorée qui donnerait aux nouveaux agriculteurs les outils nécessaires pour faire leur place dans ce domaine en mutation rapide et s’y adapter.

« Au Québec, nous pouvons compter sur une foule de programmes collégiaux et universitaires pour former et soutenir les nouveaux agriculteurs. Et nous savons que, statistiquement, les agriculteurs qui ont suivi une formation en gestion ou en production agricole ont de bien meilleures chances de réussir. Ils obtiennent des prêts plus facilement, sont plus réceptifs aux nouvelles technologies et sont mieux équipés pour travailler avec les professionnels du secteur », a indiqué Marcel Groleau.

Darlene McBain était du même avis. « Nos producteurs doivent être des experts dans tous les aspects de la chaîne de valeur agricole, et une formation universitaire leur donne une solide base dans des domaines importants comme la production, l’environnement, la gestion économique et la gestion de la technologie, ce qui se traduit par une efficience accrue et des progrès dans le secteur. »

Marcel Groleau a également dit que les établissements comme ³ÉÈËVRÊÓƵ avaient la responsabilité sociale de divulguer les résultats de leurs recherches afin que le public puisse prendre des décisions éclairées sur la nourriture qu’il consomme et comprendre comment ces choix contribuent à la souveraineté alimentaire.

« En choisissant leurs aliments, les consommateurs d’aujourd’hui tiennent compte de facteurs tels que les répercussions environnementales et la valeur nutritive; les universités peuvent participer à la vulgarisation de ces concepts en diffusant des résultats de recherche et des données scientifiques. Elles peuvent également expliquer aux gens les répercussions de leurs choix sur la souveraineté alimentaire et la façon dont les progrès réalisés dans le secteur agroalimentaire aident la société à atteindre ses objectifs. »

Coup de pouce à l’autonomie alimentaire au Québec

Dans le dernier segment de la conférence, Alex Johnston a parlé avec le conférencier principal, André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et ministre responsable de la région du Centre-du-Québec, des facteurs favorables ou défavorables à l’autonomie alimentaire de la province et de l’effet de la sensibilisation sur les choix des consommateurs.

Selon André Lamontagne, bien que le Québec ne puisse pas produire localement une grande partie des aliments qu’il consomme, en raison de ses particularités géographiques et climatiques, un milieu agricole dynamique, un gouvernement bienveillant et des consommateurs avertis peuvent nous rapprocher de la souveraineté alimentaire. La clé du succès réside toutefois dans la confiance entre les producteurs agroalimentaires et les consommateurs.

« Dans le cadre du Plan d’agriculture durable du Québec, élaboré en octobre 2020, on vise notamment à instaurer cette confiance en s’intéressant à la nécessité de mieux protéger l’environnement et d’adopter des modèles agricoles plus écologiques et durables qui profiteront aux consommateurs et aux producteurs. »

Tout comme Marcel Groleau et Darlene McBain, le ministre Lamontagne a insisté sur le rôle essentiel que les établissements d’enseignement supérieur comme ³ÉÈËVRÊÓƵ jouent dans l’atteinte d’une autosuffisance alimentaire.

« L’enseignement supérieur est bénéfique à bien des égards : les agriculteurs ont accès aux connaissances et aux compétences nécessaires à la gestion d’une entreprise agricole moderne, les recherches menées dans ces établissements ont des répercussions concrètes sur le terrain, et les données diffusées informent les consommateurs et les guident dans leurs choix alimentaires. »

En guise de conseil aux participants, le ministre Lamontagne a parlé du « défi 12 $ » lancé par le gouvernement provincial l’année dernière. « Si chaque ménage québécois remplaçait 12 $ seulement de produits alimentaires étrangers par des aliments d’ici, nous pourrions diriger un milliard de dollars supplémentaires vers nos producteurs et pêcheurs locaux. Notre secteur profiterait d’un investissement important et nous tendrions vers une plus grande autonomie alimentaire. »

Vous trouverez un enregistrement de la conférence Comment renforcer l’autonomie et la sécurité alimentaires sur le .

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