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Surveillance sérologique de la COVID-19 : foire aux questions avec le Dr  Timothy  Evans

L’Agence de la santĂ© publique du Canada a  la crĂ©ation du Groupe de travail sur l’immunitĂ© Ă  la COVID-19.ĚýDans le cadre de cette vaste initiative échelonnĂ©e sur deux ans, des chercheurs de partout au pays se mobiliseront pour mesurer l’étendue de l’infection par le SARS-CoV-2 au Canada dans le but de mettre Ă  la disposition des dĂ©cideurs les donnĂ©es scientifiques les plus solides qui soient pour gĂ©rer la pandĂ©mie.Ěý

Le Dr David  Naylor, prĂ©sident Ă©mĂ©rite de l’UniversitĂ© de Toronto et professeur de mĂ©decine dans cet Ă©tablissement, et la Dre  Catherine  Hankins, professeure de santĂ© publique et populationnelle Ă  l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ, coprĂ©sideront l’équipe de direction du groupe de travail.Ěý

Par ailleurs, l’Agence de la santĂ© publique du Canada a dotĂ© le groupe de travail d’un secrĂ©tariat externe, qui sera dirigĂ© par le Dr  Timothy  Evans, vice-doyen et directeur de l’École de santĂ© des populations et de santĂ© mondiale Ă  la FacultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ.ĚýLe Dr  Evans a parlĂ© au Reporter de cette offensive de recherche pancanadienne sans prĂ©cĂ©dent.Ěý 

Qu’est-ce que le dépistage sérologique? 

Actuellement, pour dĂ©terminer si une personne est atteinte de la COVID-19, on recherche du matĂ©riel viral dans un prĂ©lèvement effectuĂ© Ă  l’aide d’un Ă©couvillon. Le dĂ©pistage sĂ©rologique est bien diffĂ©rent, parce qu’on ne recherche pas le virus, mais plutĂ´t les signes d’une rĂ©action immunitaire contre le virus. On analyse le sang pour voir si le système immunitaire a produit des anticorps en rĂ©action Ă  l’infection.Ěý

Pourquoi la surveillance sérologique est-elle importante en temps de pandémie et que peut-elle nous apporter? 

Les personnes qui ont des symptĂ´mes de COVID19 et obtiennent un rĂ©sultat positif au test avec Ă©couvillon reprĂ©sentent la partie visible de l’iceberg. CachĂ©s sous la surface, il y a tous ces gens qui ont Ă©tĂ© infectĂ©s, mais ont prĂ©sentĂ© peu ou pas de symptĂ´mes et n’ont donc pas passĂ© le test. Grâce aux tests sĂ©rologiques, nous aurons une idĂ©e du nombre de personnes qui constituent la partie immergĂ©e de cet iceberg. Si elle est très large, c’est que les personnes qui ont reçu un diagnostic de COVID-19 après un test avec Ă©couvillon sont bien loin de reprĂ©senter la totalitĂ© des personnes infectĂ©es. C’est une information essentielle pour l’évaluation de la vulnĂ©rabilité de la population Ă  une seconde vague de l’épidĂ©mie.Ěý

En quoi cette initiative favorisera-t-elle le retour au travail? 

Le dĂ©pistage sĂ©rologique nous permettra de dĂ©terminer combien de travailleurs exposĂ©s à un risque plus Ă©levĂ©, ceux de la santĂ© par exemple, ont Ă©té en contact avec le virus. Ils pourront dès lors être dĂ©ployĂ©s de façon prioritaire en première ligne, puisque nous pensons qu’ils risquent moins d’être infectĂ©s de nouveau. Ils peuvent donc travailler de façon plus sĂ©curitaire, sans propager l’infection.ĚýOn pourrait Ă©galement Ă©valuer l’immunitĂ© au virus chez d’autres personnes qui travaillent avec le public, comme les enseignants et les employĂ©s de magasin, ou les ouvriers des chaĂ®nes de montage.ĚýDès qu’on a cette donnĂ©e en main, on peut s’appuyer sur la science pour dĂ©cider d’assouplir les mesures d’éloignement physique et d’isolement social qui freinent l’activitĂ© Ă©conomique.Ěý

Pourquoi est-ce important que cette offensive de recherche soit déployée partout au pays? 

Nous sommes au service du Canada, alors nous allons mobiliser les chercheurs universitaires et les agences de santĂ© publique d’un ocĂ©an Ă  l’autre. L’idĂ©e du groupe de travail, c’est de fĂ©dĂ©rer ces institutions dans une offensive sans prĂ©cĂ©dent pour faire la lumière sur le degrĂ© d’immunité au SARS-CoV-2 et les tendances Ă  l’échelle du pays. Nous aurons un portrait clair de chacune des rĂ©gions, si bien que les autoritĂ©s pourront prendre des dĂ©cisions fondĂ©es sur des donnĂ©es scientifiques de qualitĂ©. Nous souhaitons que les choses marchent rondement afin de commencer à nous faire une idĂ©e de la sĂ©roprĂ©valence et de l’immunitĂ© d’ici la fin mai.Ěý

À quels résultats vous attendez-vous? 

Je m’attends Ă  ce que le portrait soit bien diffĂ©rent d’une rĂ©gion Ă  l’autre. Dans des villes comme MontrĂ©al et Toronto, oĂą la population est beaucoup plus dense, j’ai l’impression que le taux d’immunitĂ© sera beaucoup plus Ă©levĂ© que dans des endroits comme les Prairies, le Nord canadien et peut-ĂŞtre les Maritimes. Lorsque nous aurons tracé cette carte gĂ©ographique de l’immunitĂ©, nous pourrons cesser d’appliquer partout les mĂŞmes consignes d’éloignement physique et d’isolement.ĚýSi nous pouvons adapter ces mesures au degrĂ© d’immunitĂ© prĂ©sent dans une rĂ©gion donnĂ©e, nous pourrons peut-ĂŞtre remettre sur les rails, en toute sĂ©curitĂ©, des services et des secteurs critiques de notre Ă©conomie, tout en surveillant de près les populations Ă  risque.Ěý

Le groupe de travail mènera des enquêtes pendant les deux prochaines années. Pourquoi doit-on poursuivre la sérosurveillance après le recul de la pandémie? 

La rĂ©action immunitaire peut s’attĂ©nuer avec le temps. Si le virus rĂ©apparaĂ®t au bout d’un an ou deux, nous devons savoir si l’immunitĂ© est toujours aussi forte pour protĂ©ger la population et le personnel de première ligne.ĚýEt advenant l’arrivĂ©e d’un vaccin, cette information orientera les stratĂ©gies de vaccination.Ěý

Le groupe de travail pourrait-il nous aider à nous préparer en prévision de futures pandémies, causées par d’autres virus? 

Si tout se passe bien et que nous recueillons rapidement de l’information scientifique de qualitĂ© utile aux dĂ©cideurs, le potentiel de mise en branle de nos Ă©quipes de recherche sera beaucoup plus grand. Le travail ne sera peut-ĂŞtre pas rĂ©alisĂ© par notre groupe, mais si nous pouvons dĂ©montrer le bien-fondĂ© de cette dĂ©marche, nous aurons fait la preuve, je pense, que nous pouvons mobiliser efficacement les chercheurs du pays en cas d’urgence. Et ça, ce sera vraiment prĂ©cieux si nous avons un jour Ă  affronter d’autres menaces du mĂŞme genre.Ěý


Pour en savoir davantage sur l’offensive des chercheurs de l’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ contre la COVID-19, rendez-vous à .Ěý

(Photo: Owen Egan)

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