Ce que révèlent les perçages sur les changements environnementaux
Dans de l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ, des scientifiques transposent la science dans un milieu peu commun : un salon de tatouage. Pour la première fois, l’équipe a caractérisé le microbiome de la peau humaine après un perçage. En effet, l’équipe utilise le perçage, une pratique culturelle inhérente à l’être humain, comme modèle pour mieux comprendre l’assemblage (ou le réassemblage) des communautés biologiques à la suite d’une perturbation environnementale de grande ampleur.
Un perçage commence habituellement par la stérilisation de la peau afin de retirer les microbes résidents. Par la suite, l’acte de percer la peau crée un nouvel environnement, différent de celui qui était auparavant intact, et qui sert dès lors de « table rase » pour la colonisation d’une nouvelle communauté microbienne.
« L’anthropologie et la sociologie nous ont appris que les perçages sont des symboles d’expression, de rassemblement et d’identité uniques à l’être humain », dit Charles Xu, doctorant en biologie et auteur de l’étude. « Dans cette étude, nous avons démontré que les perçages de la peau représentent aussi un acte involontaire d’autogestion de l’écosystème de la peau humaine. »
D’octobre 2019 à mars 2020, l’équipe de recherche a recruté 28 personnes recevant un perçage à l’oreille au Tattoo Lounge MTL, à Montréal. Les scientifiques ont effectué des prélèvements avant et après le perçage de l’oreille des participant(e)s. Un nombre encore plus élevé de prélèvements ont été effectués durant les deux semaines qui ont suivi le perçage. Les résultats de l’étude jettent un nouvel éclairage sur la manière dont un événement soudain, comme un perçage, peut entraîner un changement radical du microbiome cutané. Comparativement aux sites non percés, le site de perçage a enregistré une augmentation de séquences d’ADN et d’espèces uniques, ce qui indique la présence d’un microbiome de plus en plus varié et complexe d’un point de vue écologique. Le microbiome est dominé par deux espèces antagonistes, Cutibacterium acnes et Staphylococcus epidermidis, le second étant notamment présent dans un environnement humide.
À la lumière de ces nouvelles découvertes, le doctorant affirme que l’étude jette les bases des travaux à venir sur d’autres types de perçages ou encore sur le microbiome du tatouage et la prévention ainsi que le contrôle des infections cutanées.
Le Pr Rowan Barrett, superviseur de Charles Xu, ne se limite pas au corps humain. Il soutient que de telles études pourraient nous aider à mieux comprendre les conséquences biologiques d’événements catastrophiques à grande échelle.
« Les perçages, en tant que modèles, ont le potentiel de nous aider à mieux comprendre les processus généraux liés à l’assemblage des communautés à la suite d’un changement environnemental, explique le professeur. Si nous parvenons à comprendre ces processus, nous pourrions instaurer des politiques ou amorcer des pratiques de gestion active qui contribuent à la récupération de communautés biologiques. »
³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð
³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð « », par Charles C. Y. Xu, Juliette Lemoine, Avery Albert, Élise Mac Whirter et Rowan Barrett, a été publiée dans Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences.