Quand les os se meurent
Des chercheurs découvrent une nouvelle mutation génétique liée à l’ostéonécrose de la hanche
Des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé ³ÉÈËVRÊÓƵ (IR-CUSM) ont découvert une nouvelle mutation génétique liée à l’ostéonécrose de la hanche. Cette percée pourrait permettre aux médecins de dépister et de traiter cette maladie avant l’apparition des symptômes.
L’ostéonécrose, ou «Ìýmort des tissus osseuxÌý», de la tête du fémur est une maladie grave et douloureuse causée par une interruption de la circulation du sang dans l’os de la hanche, plus précisément la tête du fémur, qui entraîne une arthrose avancée et nécessite une chirurgie de remplacement de la hanche. «C’est une maladie très débilitante, généralement liée à des facteurs de risque identifiables, tels qu’un traitement aux glucocorticoïdes, un cancer du sang et, dans quelques rares cas, à une cause génétique», explique Dre Séguin, hématologue-oncologue du laboratoire de recherche sur l’ingénierie des tissus osseux et la biologie vasculaire de l’IR-CUSM et auteure principale de l’article scientifique publié récemment dans le Journal of Medical Genetics.
Les deux chercheurs qui dirigent la clinique d’ostéonécrose spécialisée de l’Hôpital général de Montréal du CUSM, Dre Chantal Séguin et DrÌýEd Harvey, chirurgien orthopédiste, ont diagnostiqués une ostéonécrose avancée chez quatre des six frères et sÅ“urs d’une même famille d’ascendance européenne. LeurÌý équipe de recherche ont ainsi identifié une mutation génétique sur le gèneÌýTRPV4 (récepteur à potentiel transitoire sensible aux vanilloïdesÌý4) qu’ils ont réussi à associer à l’ostéonécrose. Le gèneÌýTRPV4 est connu pour son rôle essentiel dans le contrôle de la circulation sanguine et le développement des tissus osseux. Une seule autre mutation a été décelée dans quelques familles d’ascendance asiatique, et jusqu’à présent, cette découverte n’a pas favorisé un diagnostic précoce ou un nouveau traitement ciblé.
«ÌýOn a découvert que seul les membres de la famille atteints de la maladie étaient porteurs de la mutation, explique Dre Séguin On savait que des mutations pathogènes du gèneÌýTRPV4 avaient une incidence sur le squelette et le système nerveux, mais c’est la première fois qu’on l’associe à l’ostéonécrose de la tête fémoraleÌý».
Les jeunes aussi peuvent être touchés
Même si on ne connaît pas le nombre exact de personnes atteintes de cette maladie, jusqu’à 30Ìý000Ìýpatients sont diagnostiqués chaque année aux États-Unis, et l’incidence serait à la hausse. De nombreux patients ont moins de 25Ìýans lorsqu’ils sont diagnostiqués. Le manque de connaissances sur l’ostéonécrose a aussi des répercussions financières sur le système de santé du Québec et du Canada.
«ÌýSi on pense à la répartition mondiale des Européens, il est fort probable que cette mutation existe dans des populations plus vastes, explique Dre Séguin. Cette découverte contribuera à comprendre les mécanismes responsables de la maladie permettant d’élaborer de nouveaux traitements qui cibleront la cause plutôt que les symptômes.Ìý»
Cette découverte pourrait également contribuer à mieux comprendre les mécanismes biologiques d’une forme beaucoup plus courante de l’ostéonécrose de la tête fémorale, soit l’ostéonécrose causée par les glucocorticoïdes, plus souvent appelés stéroïdes. Les glucocorticoïdes désignent une famille de médicaments utilisés dans le monde entier comme anti-inflammatoires ou dans de nombreux protocoles de chimiothérapie contre le cancer du sang. Les personnes qui prennent des stéroïdes pour traiter diverses maladies sont aussi vulnérables, ce qui correspond à plus de 60Ìýmillions de personnes dans le monde.
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Financement
Cette recherche a été finance par les Fonds de Recherche Québec - Santé (FRQ-S), la Fondation de l’Hôpital général de Montréal, la Fondation Yvon Boulanger, les Instituts de recherche en santé du Canada, National Institutes of Health, Fondation Leducq and Totman Medical Research Trust.
À propos de l’étude
L’étude intitulée Gain-of-function mutation in TRPV4 identified in patients with osteonecrosis of the femoral head a été coécrite par Wayne Mah,1 Swapnil K. Sonkusare,2,3,4 Tracy Wang,1 Bouziane Azeddine,1 Mihaela Pupavac,5 Jian Carrot-Zhang,5,6 Jacek Majewski,5,6 Edward J. Harvey,7 Laura Russell,5 Colin Chalk,8 David S. Rosenblatt,5 Mark T. Nelson,2,9 Chantal Séguin1
Ìý1 Department of Medicine, Division of Hematology and Oncology, ³ÉÈËVRÊÓƵ Health Centre, Montreal, Quebec, Canada, 2 Department of Pharmacology, University of Vermont, Burlington, Vermont, USA,3 Department of Molecular Physiology and Biological Physics, University of Virginia, Charlottesville, Virginia, USA, 4 Robert M. Berne Cardiovascular Research Center, University of Virginia, Charlottesville, Virginia, USA, 5 Department of Human Genetics, ³ÉÈËVRÊÓƵ, Montreal, Quebec, Canada, 6 ³ÉÈËVRÊÓƵ and Genome Québec Innovation Centre, Montreal, Quebec, Canada, 7 Department of Surgery, Division of Orthopedic Surgery, ³ÉÈËVRÊÓƵ Health Centre, Montreal, Quebec, Canada, 8Department of Neurology & Neurosurgery, ³ÉÈËVRÊÓƵ, Montreal, Quebec, Canada,9 Institute of Cardiovascular Sciences, University of Manchester, Manchester, UK.
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