Aux membres de la communauté mcgilloise,Ìý
Il m’importe de prendre la parole une fois de plus aujourd’hui en raison de la détresse, de la douleur et de la souffrance qui affligent plusieurs de nos collègues, étudiants et étudiantes à la suite de la perte effroyable d’un grand nombre de vies palestiniennes et israéliennes.Ìý
Les communications d’une université revêtent une grande importance et, avec elles, vient une lourde responsabilité que j’assume pleinement. Par conséquent, lorsque je m’adresse à vous en tant que principal, je le fais après avoir longuement réfléchi. Je m’assure aussi de consulter différentes parties prenantes et d’explorer divers points de vue. Malgré toutes ces précautions, mes paroles peuvent parfois être interprétées de façon inattendue. Comme l’ont souligné Angela Campbell, vice‑principale exécutive adjointe à l’équité et aux politiques académiques et Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint aux études et à la vie étudiante, dans leur message daté du 20 octobre dernier, chacun et chacune d’entre vous lit et interprète les communications de l’Université « à l’aune de son vécu ». Il s’agit d’un fait inéluctable. Dès lors, mon rôle en ces temps de conflit est de prêter une oreille attentive aux personnes qui souffrent, de diriger notre établissement avec compassion et d’unifier notre communauté.ÌýÌý
J’espère donc que le message d’aujourd’hui permettra de clarifier deux points importants.Ìý
- Bien que j’occupe la fonction de principal et de vice-chancelier depuis peu, je me soucie énormément de la communauté mcgilloise et de chaque personne qui la compose. Cela dit, il ne m’appartient pas de comparer la souffrance d’une personne à celle d’une autre, pas plus que de faire la distinction entre la douleur causée par la perte d’une vie israélienne ou d’une vie palestinienne. Tenter de déterminer si la souffrance éprouvée par un groupe est plus grande que celle ressentie par un autre nous éloigne de la seule et unique chose étant digne de notre attention et de notre compassion en ce moment, soit le deuil qui frappe notre communauté. De même, bien que je puisse comprendre pourquoi plusieurs voix se sont élevées pour demander à l’Université de se prononcer sur les crises géopolitiques qui sévissent actuellement dans le monde, il convient de mentionner qu’une telle prise de position dépasse largement le mandat et le rôle de notre institution. Notre mission est d’autant mieux servie lorsque nous limitons notre optique institutionnelle à ce qui se passe sur nos campus. Nous souhaitons ainsi procurer un sentiment d’inclusion à chaque membre de la population étudiante, du corps professoral et du personnel, et ce, peu importe son identité ou ses croyances personnelles. Comme je le mentionne plus haut, chacun et chacune d’entre vous comprendra et interprétera inévitablement mes paroles selon sa propre réalité. Je tiens toutefois à vous assurer que mon intention n’est jamais de faire une déclaration politique par le biais de ces communications. Je concentre plutôt mon attention sur vous et sur notre communauté.
- Cela m’amène à mon deuxième point. Je fais de nouveau appel au respect et au dialogue constructif sur nos campus. Au cours des dernières semaines, nous avons eu vent de certaines pratiques d’intimidation, de divulgation malveillante d’informations personnelles et d’autres formes de menaces qui ciblaient des ³ÉÈËVRÊÓƵois et des ³ÉÈËVRÊÓƵoises. Ces comportements hostiles sont inacceptables et doivent cesser immédiatement. Comme je l’ai mentionné précédemment, aucune parole ni aucun geste de représailles ou d’intimidation ne sera toléré. Si de tels comportements sont signalés, une enquête aura lieu et les mesures appropriées seront prises conformément à nos politiques. Bien que je demeure fermement convaincu qu’un établissement universitaire se doit d’être impartial en matière de politique, je suis tout aussi persuadé que nous nous devons d’agir avec clarté et fermeté afin d’assurer le respect de nos valeurs institutionnelles, lesquelles comprennent la liberté académique, la responsabilité, l’intégrité, l’équité et l’inclusivité.
Sur nos campus ou ailleurs, nous serons inévitablement confrontés à des points de vue avec lesquels nous sommes en désaccord, ou auxquels nous sommes farouchement opposés. Cependant, nous devons agir avec l’empathie et le respect que nous souhaitons nous-mêmes recevoir. Faisant une fois de plus écho aux paroles du professeur Labeau et de la professeure Campbell, je souhaite vous rappeler que, dans le contexte actuel, les mots – non seulement les miens, mais les vôtres aussi – ont plus de poids que jamais. Je vous invite donc à faire preuve de discernement et à opter pour des paroles – et des gestes – qui sont synonymes de compassion, d’inclusivité et de respect.
Cordiales salutations,
Ìý
Deep Saini
Principal et vice-chancelier
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