La professeure Aliki Thomas ayant récemment obtenu une chaire de recherche du Canada (CRC), l’École de physiothérapie et d’ergothérapie (ÉPE) se trouve dans une position unique. En effet, l’ÉPE accueille désormais quatre titulaires de CRC – plus que tout autre département ou toute autre école de physiothérapie et d’ergothérapie au pays. Une subvention du Programme des chaires de recherche du Canada constitue la marque de reconnaissance nationale suprême en recherche. Ce programme est au cÅ“ur de la stratégie visant à faire du Canada l’un des meilleurs pays en matière de recherche et de développement dans les domaines du génie, des sciences naturelles, des sciences de la santé, des sciences humaines et des sciences sociales. Comment trois ergothérapeutes et une ingénieure biomédicale (l’ÉPE compte au total 31 chercheuses et chercheurs en sciences de la réadaptation) expliquent-elles ce remarquable succès sur la scène nationale?Ìý
Selon la Pre Thomas, la volonté de la direction de l’ÉPE d’enchâsser la diversité dans la recherche est un facteur important. L’éventail des sujets étudiés à l’ÉPE – des neurotechnologies jusqu’à la défense de l’enfance – est on ne peut plus vaste.ÌýÌý
« La diversité n’apparaît pas spontanément – il faut une direction qui a une vision », explique la Pre Thomas qui, bien qu’elle soit la quatrième à obtenir une CRC, est la membre du corps professoral ayant le plus d’ancienneté à l’ÉPE. « J’observe cette transition depuis 25 ans. Cet idéal est porté à la fois par le corps professoral, le personnel et la population étudiante, à tous les paliers du département. »Ìý
La CRC de la Pre Thomas, qui porte sur l’éducation, les pratiques et les politiques pour des soins de santé fondés sur des données probantes, a pour but d’amener les intervenants de ces trois secteurs à travailler en synergie pour élaborer, instaurer et tester des stratégies novatrices d’application des connaissances qui engendreront des pratiques fondées sur des données probantes. « Je crois que l’ÉPE est très intéressée par la recherche dans ce domaine », explique-t-elle.ÌýÌý
Si les recherches de la Pre Thomas visent à favoriser l’application des connaissances scientifiques en pratique clinique, celles de sa collègue, la Pre Keiko Shikako, visent à favoriser l’utilisation des connaissances scientifiques dans l’élaboration de politiques concernant surtout les enfants handicapés. « C’est un champ d’intérêt relativement nouveau », précise la Pre Shikako, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les handicaps infantiles, la participation et l’application des connaissances. « Pourtant, depuis des années, des politiques touchant la vie des enfants et des familles sont instaurées en l’absence de telles connaissances. »ÌýÌý
Les travaux de la Pre Shikako influencent les politiques en matière de handicaps infantiles à l’échelle municipale, provinciale, fédérale et internationale. Elle donne régulièrement des présentations à la Conférence des États parties à la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) de l’Organisation des Nations Unies (ONU), à New York, en plus d’animer un panel à l’ONU sur les enfants handicapés. Ces relations sont mutuellement avantageuses, car les recherches de la Pre Shikako sont aussi un moyen pour les décisionnaires de communiquer leurs besoins aux scientifiques.ÌýÌý
La Pre Shikako convient que les recherches menées à l’ÉPE sont particulièrement diversifiées, soulignant que l’École recrute dans cette optique. Elle vante aussi l’esprit de collaboration qui règne à l’ÉPE. « Pour qu’une candidature à une CRC soit retenue, il faut un soutien énorme du milieu, confie-t-elle. Chaque programme de recherche doit s’intégrer dans la vision stratégique de l’Université et de l’École. Il faut absolument un environnement collaboratif. »Ìý
C’est d’ailleurs la collaboration, non seulement au sein de l’ÉPE, mais également entre les départements et même des établissements distincts, qui a permis à la Pre Marie Brossard-Racine de devenir titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le développement du cerveau et de l’enfant.Ìý
La Pre Brossard-Racine explore les mécanismes sous-jacents de fonctionnement et de dysfonctionnement des troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant. Elle emploie des techniques avancées d’imagerie par résonance magnétique (IRM) quantitative pour détecter un développement du cerveau non optimal chez les enfants à haut risque, comme ceux nés prématurément, ou encore atteints d’une malformation cardiaque congénitale ou d’encéphalopathie néonatale. Ses recherches exigent une collaboration étroite avec l’Unité de soins intensifs néonataux (USIN) de l’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé ³ÉÈËVRÊÓƵ (CUSM).Ìý
« Certains pourraient penser que mes travaux conviennent mieux à un département de neurosciences, dit-elle. Pourtant, les connaissances qui en découlent servent à trouver des stratégies d’intervention efficaces qui peuvent améliorer le rétablissement du cerveau et aider l’enfant à se développer sainement le plus tôt possible, au stade où le traitement peut produire les meilleurs résultats. » L’ergothérapie est sans conteste le ciment qui fait tenir ce programme de recherche.Ìý
« L’appui de l’ÉPE envers les interventions d’ergothérapie non traditionnelles est incroyable. La direction reconnaît l’importance d’appliquer des techniques utilisées dans d’autres disciplines pour redéfinir globalement notre domaine », affirme la Pre Brossard-Racine. « C’est pourquoi nous avons un groupe de scientifiques aussi diversifié et soudé, qui est un atout indéniable pour l’École. »Ìý
La Pre Stefanie Blain-Moraes, formée en génie biomédical, se distingue à l’ÉPE par ses compétences et son expérience différentes. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en technologie des signaux physiologiques et de la personnalité, elle utilise l’imagerie cérébrale pour évaluer l’état de conscience ou la capacité de reprendre conscience des patients dans le coma ou dans un état végétatif, par exemple.Ìý
« Après avoir déterminé qu’une personne peut percevoir le monde qui l’entoure, l’étape suivante consiste à trouver comment interagir avec elle », illustre-t-elle. C’est ici que les recherches de la Pre Blain-Moraes sont hautement novatrices. L’élément de sa CRC portant sur les signaux de la personnalité consiste à développer des technologies de communication exploitant les réactions autonomes mesurables notamment par la température superficielle, la fréquence cardiaque ou même la quantité de transpiration sur la peau.Ìý
« Ces types de signaux peuvent fluctuer en réponse à divers stimuli, comme une émotion ou l’arrivée d’une personne familière dans la pièce, explique-t-elle. Nous pouvons utiliser ces signaux, qui s’apparentent à ceux captés par un polygraphe, pour aider le personnel soignant à interpréter les besoins des patients qui sont incapables de communiquer normalement. » Les recherches de la Pre Blain-Moraes ont des implications importantes pour les patients dont la qualité de vie peut se détériorer rapidement si l’on ne comprend pas leurs besoins.ÌýÌý
En tant que membre de l’ÉPE, la Pre Blain-Moraes peut tisser des liens avec beaucoup d’autres milieux de la santé, des hôpitaux jusqu’aux établissements de soins de longue durée. Les recherches menées à l’ÉPE dans des disciplines aussi diverses reflètent toute l’étendue du champ d’application des sciences de la réadaptation. « La diversité qui caractérise ces projets de recherche témoigne de notre objectif de déterminer quels éléments donnent un sens à la vie des gens et de trouver les moyens d’intégrer, de soutenir et de créer les réseaux nécessaires pour que tous puissent mener une vie enrichissante, conclut la Pre Blain-Moraes. C’est ce qui nous motive constamment. »Ìý
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