Nous avons le plaisir d’annoncer la nomination d’Amy Shawanda au poste de professeure adjointe (candidate à la permanence) et chercheuse autochtone au Département de médecine de famille. Mme Shawanda, une Odawa Kwe, est chercheuse en santé autochtone et boursière postdoctorale à l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto. Elle est née et a grandi dans le territoire non cédé de Wikwemikong, sur l’île Manitoulin, en Ontario. Plongée dans le monde éducatif autochtone et l’apprentissage ancré dans le territoire de la garderie à l’école secondaire, elle a mis à profit cette connaissance approfondie des savoirs autochtones dans ses études universitaires, au premier cycle et aux cycles supérieurs.
Mme Shawanda a obtenu un baccalauréat en droit, justice et études autochtones ainsi qu’une maîtrise en relations autochtones de l’Université Laurentienne. Ses recherches de deuxième cycle portaient sur les politiques relatives aux cérémonies de purification par la fumée dans les établissements de santé du nord-est de l’Ontario. Dans le cadre de son doctorat, obtenu à l’Université Trent, elle s’est intéressée à la maternité anishinaabe, examinant les défis, les tensions et les forces des pédagogies et des enseignements traditionnels dans un contexte contemporain. Mme Shawanda possède des connaissances spécialisées sur le renforcement des façons autochtones d’être, de faire, de savoir et de se réapproprier. Elle donne des cours sur la santé autochtone, les soins de santé, l’apprentissage ancré dans le territoire, la santé maternelle autochtone, les pédagogies autochtones, les méthodologies autochtones et la santé spirituelle au premier cycle et aux cycles supérieurs.
Joignez-vous à nous pour accueillir Mme Shawanda au sein du Département de la médecine de famille et la féliciter de cette nomination. Nous lui souhaitons un franc succès dans ses nouvelles fonctions.
Nous nous sommes entretenus avec Mme Shawanda au sujet des conclusions de ses recherches, de l’importance de réduire le fardeau pédagogique imposé aux professionnels de la santé autochtones et de la responsabilité de se faire le porte-voix des personnes marginalisées.
Vos recherches doctorales portaient sur la maternité anishinaabe et examinaient les enseignements et pédagogies traditionnels dans un contexte contemporain. Pouvez-vous me parler un peu de ce travail ? Qu’est-ce que la maternité anishnaabe ?
La notion de maternité anishnaabe vise à réunir tous nos enseignements et à les intégrer dans un contexte du 21e siècle afin qu’ils deviennent applicables à nos enfants aujourd’hui. Mes recherches étaient vraiment intéressantes parce que beaucoup de mères ne se considèrent pas « traditionnelles », même si elles posent beaucoup de gestes traditionnels. Les femmes que j’ai rencontrées pensaient qu’il s’agissait surtout d’assister à des cérémonies, mais ce n’est pas le cas. Elles pratiquaient les enseignements traditionnels anishnaabe tous les jours, sans s’en rendre compte. Ma recherche était basée sur les forces, et non sur les problèmes. Nous savons déjà ce qui ne va pas dans nos communautés – portons maintenant attention aux choses que nous faisons bien. Il ne s’agit pas d’ignorer les problèmes, mais de recentrer le discours dominant.
Qu’avez-vous appris en menant vos recherches ?
La rupture des cycles intergénérationnels est l’élément clé que j’ai retenu de mes recherches. Aujourd’hui, de nombreuses mères sont conscientes des dommages intergénérationnels causés par les pensionnats et les externats indiens, et comprennent qu’elles ont le pouvoir de briser le cycle. De nombreuses mères travaillent activement à guérir les traumatismes auxquels elles sont confrontées, mais aussi, chaque jour, elles travaillent à transmettre leurs langues et leurs cultures à leurs enfants. C’est une guérison intergénérationnelle et c’est la plus belle chose qui soit sortie de mes recherches.
Quelle est votre approche personnelle de la santé et de la recherche ?
J’ai tendance à l’examiner sous l’angle de « Comment cela profite-t-il aux communautés autochtones ? » La santé est un terme large qui peut englober la santé de nos langues, de notre culture. Il peut également désigner les aspects mentaux, physiques, émotionnels et spirituels de notre esprit et de notre corps, ou encore inclure les traités et le territoire. La santé est un terme large que j’adore et, pour les peuples autochtones, nous ne pouvons pas simplement parler d’un aspect de façon isolée, car tout est interrelié.
Que souhaitez-vous que vos étudiants et étudiantes retiennent de vos cours ?
Avant tout, être antiraciste. Deuxièmement, continuer à désapprendre les préjugés qu’ils pourraient avoir sur les peuples autochtones et poursuivre leur apprentissage au-delà de la salle de classe. J’aimerais aussi aider à réduire le fardeau pédagogique qui incombe souvent aux médecins, infirmières et autres professionnels de la santé autochtones, pour qu’ils n’aient plus à consacrer autant de temps à former leurs collègues non autochtones.
Qu’est-ce que le monde occidental peut apprendre des cultures autochtones ?
J’ai l’impression que la culture occidentale est très extractive. L’une des choses que nous essayons de pratiquer dans ma culture est la réciprocité et la reconnaissance. Nous sommes très reconnaissants des choses que nous avons, ce qui nous amène à les partager avec les autres et à redonner à notre communauté quand nous le pouvons. La culture occidentale est très individualiste et les cultures autochtones sont très communautaires. Dans un état d’esprit communautaire, nous pensons toujours à nos actions, à nos enfants et aux générations passées, présentes et futures.
Qu’est-ce qui motive votre travail ?
Je mène des recherches sur la santé autochtone pour que cessent les torts subis par nos communautés. Vous seriez très surpris d’apprendre comment moi, en tant que femme visiblement autochtone, je suis traitée dans des établissements de santé avant qu’ils apprennent que j’ai un doctorat et que mon travail consiste à examiner comment les établissements abordent les soins de santé. Je me sens responsable de représenter ces voix qui sont souvent effrayées, opprimées, marginalisées. Si les gens me traitent de cette façon dans les établissements de santé, je me dis, qui d’autre avez-vous traité comme ça ? C’est ce qui me motive.