L’impact des sécheresses sur la production de ³¦Ã©°ùé²¹±ô±ðs
Les sécheresses et la chaleur extrême ont ravagé les récoltes de ³¦Ã©°ùé²¹±ô±ðs au cours des dernières décennies, provoquant une baisse moyenne de 9 à 10 % de la production céréalière dans les pays touchés. Et c’est dans les pays développés d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Australasie que l’impact a été le plus important. Voilà ce qui ressort d’une nouvelle étude dirigée par des chercheurs de l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ et de l’Université de la Colombie-Britannique.
À l’heure où les phénomènes météorologiques extrêmes sont appelés à s’intensifier en raison du réchauffement planétaire, l’étude, publiée dans Nature, dresse le bilan le plus complet à ce jour des retombées de ces événements sur les zones cultivées, les rendements et la production céréalière dans le monde. Les chercheurs ont analysé les données nationales de production de 16 ³¦Ã©°ùé²¹±ô±ðs au sein des 177 pays inscrits dans une base de données internationale sur les désastres attribuables aux phénomènes météorologiques extrêmes.
Selon l’étude, qui a examiné les effets d’environ 2 800 désastres météorologiques survenus entre 1964 et 2007, l’impact des sécheresses s’est alourdi de 1985 à 2007.
« Nous avons toujours su que les phénomènes météorologiques extrêmes décimaient des récoltes », affirme Navin Ramankutty, auteur en chef de l’étude et professeur de sécurité et de »å³Ü°ù²¹²ú¾±±ô¾±³Ùé alimentaires mondiales à l’Institut Liu sur les enjeux planétaires et à l’Institut des ressources, de l’environnement et de la »å³Ü°ù²¹²ú¾±±ô¾±³Ùé de l’Université de la Colombie-Britannique. « Mais jusqu’à maintenant, les pertes mondiales imputables à ces événements n’avaient pas été chiffrées, et nous ignorions dans quelle mesure elles variaient dans diverses parties du monde », précise-t-il.
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Différences quant à l’étendue des culturesÂ
Dans les agricultures techniquement plus avancées d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Australasie, les sécheresses ont fait chuter la production de 19,9 % en moyenne, soit environ le double de la moyenne mondiale. Cet écart pourrait s’expliquer par les différences entre pays riches et pays en développement quant à l’étendue des cultures et aux méthodes agricoles, avancent les chercheurs.
« Par exemple, en Amérique du Nord, les cultures et les techniques agricoles sont pour ainsi dire identiques sur de vastes territoires. Si une sécheresse dommageable s’abat sur une région, toutes les récoltes de ce territoire seront touchées », explique Corey Lesk, auteur principal de l’étude et récent diplômé du Département de géographie de l’Université ³ÉÈËVRÊÓƵ. « Or, dans la plupart des pays en développement, les terres agricoles sont plutôt une mosaïque de champs de petite taille qui accueillent diverses cultures. En cas de sécheresse, certaines récoltes seront peut-être ravagées, mais d’autres survivront. »
Maximisation des rendements ou réduction des risques
Enfin, dans les pays riches, les agriculteurs dépendent rarement directement de leurs récoltes pour se nourrir et souscrivent généralement une assurance-récolte qui les protège en cas de pertes causées par le mauvais temps. « Ils ont donc probablement intérêt à privilégier la maximisation des rendements plutôt que la réduction des risques associés aux aléas climatiques. »
Malgré tout, les chercheurs ont fait un constat encourageant : les phénomènes météorologiques extrêmes n’ont pas amoindri de façon marquée la production agricole au cours des années ayant suivi les désastres.
« Les résultats de notre étude pourraient contribuer à orienter les priorités en matière de production agricole et les efforts d’adaptation, afin de mieux protéger les systèmes de production et les populations qui en dépendent », selon le professeur Ramankutty.
Pedram Rowhani, de l’Université du Sussex, au Royaume-Uni, est coauteur de l’étude.
Cette étude a été financée par le programme de subventions à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
L’article intitulé « Influence of extreme weather disasters on global crop production », par Corey Lesk, Pedram Rowhani et Navin Ramankutty, a été publié dans Nature le 7 janvier 2016