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Quand bébé a bobo

±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 6 May 2002

Celeste Johnston étudie la douleur chez les nourrissons

Pourquoi les bébés pleurent-ils? Ont-ils faim, sont-ils fatigués ou d'humeur maussade ou ressentent-ils de la douleur? Difficile à dire – non seulement pour les parents, mais aussi pour les pédiatres et les infirmières d'expérience. Celeste Johnston, professeur et directrice adjointe de la recherche à l'École de sciences infirmières de ³ÉÈËVRÊÓƵ, cherche à savoir comment faire la distinction entre les pleurs de tous les jours et les gémissements de douleur. Elle tente également de comprendre ce qu'il faut faire pour soulager la douleur des poupons.

«Mes travaux visent à trouver des moyens sûrs de soulager la douleur chez les nourrissons», explique Celeste Johnston. Elle s'intéresse en particulier à la douleur chez les enfants nés avant terme. Les prématurés peuvent être plus sensibles à la douleur que les autres bébés, car leur mécanisme d'adaptation n'est pas entièrement développé. Les petits patients de Celeste Johnston n'ont pas encore atteint le terme de leur développement foetal et doivent souvent rester un certain temps aux soins intensifs. «Pensez-y: à cet âge, l'enfant est censé être bien à l'abri dans le ventre de sa mère et il se retrouve dans un milieu bruyant et très hostile.» Immatures sur le plan du développement, les prématurés présentent souvent une hypersensibilité à la douleur. Un prélèvement sanguin dans le talon, par exemple, peut être extrêmement douloureux pour ces enfants.

Celeste Johnston et son équipe examinent diverses façons de soulager la douleur chez les prématurés. Elles ont notamment constaté que la douleur liée à certaines interventions pouvait être atténuée par la méthode kangourou, qui consiste à placer l'enfant, peau nue, sur la poitrine nue de sa mère. Ce contact entre la peau du bébé et celle de sa mère semble sécuriser l'enfant. «Cette position est réconfortante pour les prématurés. En favorisant cet état de calme et de stabilité physiologique chez le nourrisson, nous espérons réduire la douleur causée par des interventions comme les piqûres au talon.»

La musique, en particulier le chant de berceuses par la mère, peut aussi aider à calmer la douleur ressentie par un bébé, ajoute Celeste Johnston. «Des mécanismes de sécurisation de ce type sont employés intuitivement par les mères depuis des millénaires, et nous ne faisons que commencer à les intégrer dans le contexte des soins intensifs.» Même les animaux ont peut-être quelque chose à nous apprendre sur l'atténuation de la douleur chez les nouveau-nés, affirme Celeste Johnston. Elle étudie en effet la façon dont les rates réconfortent leurs petits lorsqu'ils ressentent de la douleur.

Celeste Johnston analyse par ailleurs les effets de l'ingestion de sucre par les nourrissons pendant les interventions effractives qu'ils subissent aux soins intensifs (comme une piqûre au talon). L'absorption de sucre provoque sans doute la libération d'endorphines, substances aux propriétés analgésiques. «Les aliments au goût sucré semblent avoir un effet analgésique sur les nouveau-nés et les prématurés, et nous croyons que ce phénomène est attribuable à la libération d'endorphines.» Fait étonnant, cet effet varie en fonction de la dose. Celeste Johnston et son équipe ont noté que chez les prématurés, l'administration de sucre pendant une semaine entière pouvait avoir une incidence défavorable sur le développement ultérieur de l'enfant. D'autres recherches devront manifestement être réalisées sur ce phénomène.

Outre les recherches qu'elle mène sur les prématurés, Celeste Johnston offre aux infirmières pédiatriques des cours de formation sur le soulagement de la douleur chez les nourrissons. «Il est très difficile de savoir si un bébé ressent de la douleur et d'évaluer sa souffrance», explique-t-elle. Certains signes peuvent toutefois nous aider à comprendre ce que ressentent les nourrissons. Pour avoir une idée de l'intensité de la douleur d'un bébé, les médecins et les infirmières peuvent analyser ses expressions faciales et ses pleurs.

Malgré un emploi du temps chargé, Celeste Johnston trouve le temps de diriger, à titre de directrice de la Société canadienne pour le traitement de la douleur, une vaste campagne de sensibilisation. Dans le cadre de cette initiative, des pochettes de renseignements sur les options de traitement de la douleur sont envoyées aux médecins, aux infirmières et aux patients d'un certain nombre de cliniques et d'hôpitaux. «Le message que nous cherchons à véhiculer est essentiellement que vous avez le droit de demander un traitement analgésique et que les praticiens de la santé sont tenus de soulager votre douleur.»

Ceci étant dit, savons-nous ce que les parents doivent faire lorsque leur nouveau-né se met à pleurer? Pas exactement. Mais Celeste Johnston fait remarquer que bon nombre des choses que les parents font intuitivement sont tout à fait valables. «On peut bercer son bébé, le langer, lui donner une tétine, lui jouer de la musique apaisante ou lui chanter des chansons. Il s'agit de détourner son attention de sa douleur ou de son malaise. Il n'y a rien de magique là-dedans, insiste-t-elle. De petits soins affectueux peuvent suffire à atténuer sa douleur. Cet aspect ne doit surtout pas être négligé par les parents, les médecins et les infirmières.»

Ce compte-rendu d'entrevue est le troisième d'une série de portraits des chercheurs de ³ÉÈËVRÊÓƵ qui mènent des travaux sur la douleur grâce au soutien financier des Instituts de recherche en santé du Canada. Réalisée en collaboration avec l'Organisation pour la chimie et la société de ³ÉÈËVRÊÓƵ, cette série vise à assurer la vulgarisation des percées récentes de la recherche sur la douleur. Ce texte peut être entièrement ou partiellement reproduit.

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