Réduire la pénurie d’eau dès 2050
Les techniques d’irrigation, les habitudes industrielles et rĂ©sidentielles et le changement climatique sont en cause. Si le problème peut nous paraĂ®tre insurmontable, ce n’est toutefois pas ainsi que le perçoivent deux chercheurs des universitĂ©s łÉČËVRĘÓƵ et Utrecht. Ces derniers croient qu’il faudrait un peu plus de 35 ans pour rĂ©duire considĂ©rablement la pĂ©nurie d’eau.
Dans un article qu’ils ont fait paraĂ®tre dans Nature Geoscience, les chercheurs ont prĂ©sentĂ© des stratĂ©gies dans six domaines clĂ©s. Selon eux, en combinant ces dernières dans diverses rĂ©gions du monde, il est possible de rĂ©duire le stress hydrique de façon considĂ©rable. (Le stress hydrique est prĂ©sent dans les secteurs oĂą plus de 40 pour cent de la rĂ©serve en eau utile des rivières n’est pas disponible parce qu’elle est dĂ©jĂ utilisĂ©e. Dans le monde, environ un tiers de la population est confrontĂ© Ă cette situation, laquelle touchera la moitiĂ© de la planète d’ici la fin du siècle si le modèle actuel d’utilisation de ±ô’eau est maintenu.)
La rĂ©duction du stress hydrique passe par des mesures concrètes, comme la crĂ©ation de rĂ©servoirs et ±ô’accroissement d’opĂ©rations de dessalement de ±ô’eau de mer. Des mesures progressives ont Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es. Celles-ci mettent davantage ±ô’accent sur la rĂ©duction des besoins en eau plutĂ´t que sur ±ô’augmentation de ±ô’approvisionnement, grâce notamment Ă un effort collectif et Ă la mise sur pied de politiques, alliant efficacitĂ© technologique et prĂ©servation de ±ô’environnement. Selon les chercheurs, malgrĂ© la prĂ©sence de facteurs Ă©conomiques, culturels et sociaux risquant de compliquer le dĂ©ploiement de mesures progressives telles que la rĂ©gulation dĂ©mographique, ces dernières sont plus susceptibles de permettre ±ô’atteinte d’objectifs relativement Ă la rĂ©duction du stress hydrique.
(Les six stratégies clés sont décrites de manière détaillée ci-dessous.)
« Il n’existe pas de solution magique qui permette de rĂ©gler le problème Ă ±ô’échelle mondiale », prĂ©cise Tom Gleeson, professeur du DĂ©partement de gĂ©nie civil de ±ô’UniversitĂ© łÉČËVRĘÓƵ et auteur de ±ô’article. « Toutefois, en Ă©tudiant le problème dans une perspective planĂ©taire, on constate qu’en instaurant quatre des six stratĂ©gies Ă la fois, il est possible de stabiliser le nombre d’individus confrontĂ©s au problème du stress hydrique, plutĂ´t que d’assister tout simplement Ă leur augmentation; ce qui se produira d’ailleurs si rien n’est fait. »
« D’ici 2050, il est possible de rĂ©duire la taille des populations touchĂ©es par le stress hydrique », ajoute Yoshihide Wada, professeur au DĂ©partement de gĂ©ographie physique Ă ±ô’UniversitĂ© d’Utrecht. « Pour ce faire, il faut cependant que des efforts stratĂ©giques soient dĂ©ployĂ©s. »
Stratégies visant à réduire le stress hydrique
Mesures progressivesÂ
1. AmĂ©lioration de la productivitĂ© des eaux agricoles dans les bassins soumis au stress hydrique, oĂą ±ô’irrigation est omniprĂ©sente. Notamment, de nouveaux cultivars et des nutriments Ă efficacitĂ© accrue permettront de rĂ©duire le stress hydrique de deux pour cent d’ici 2050. Parmi les prĂ©occupations soulevĂ©es, mentionnons ±ô’impact de la modification gĂ©nĂ©tique et de ±ô’eutrophisation.
2. AmĂ©lioration du rendement de ±ô’irrigation dans les bassins agricoles irriguĂ©s, notamment en remplaçant ±ô’irrigation par submersion par ±ô’utilisation de pulvĂ©risateurs ou de dispositifs Ă perfusion. En revanche, les frais d’investissement sont Ă©levĂ©s et on risque d’assister Ă la salinisation du sol. Â
3. RĂ©duction de la consommation d’eau rĂ©sidentielle et industrielle, notamment en diminuant les fuites d’eau d’infrastructures hydrauliques et en optimisant les installations vouĂ©es au recyclage de ±ô’eau.
4. Si la limite du taux de la croissance dĂ©mographique est un outil important, ±ô’objectif ultime serait de maintenir la population mondiale sous la barre des 8,5 milliards d’habitants d’ici 2050, notamment grâce Ă ±ô’adoption de politiques de planification familiales et de mesures d’incitation fiscale. Cela semble plutĂ´t difficile Ă faire, si ±ô’on tient compte des tendances actuelles.
Mesures concrètesÂ
5. En principe, ±ô’augmentation du stockage de ±ô’eau dans les rĂ©servoirs en rehausserait la capacitĂ© de 600 km3, notamment en agrandissant ces derniers, en en rĂ©duisant la sĂ©dimentation ou en en construisant de nouveaux. Une telle stratĂ©gie pourrait entraĂ®ner des rĂ©percussions nĂ©gatives sur les plans Ă©cologique et social, et exiger d’importants investissements de capitaux.
6. Le dessalement de ±ô’eau de mer des bassins cĂ´tiers pourrait ĂŞtre amĂ©liorĂ© grâce Ă la construction de nouvelles usines de dessalement ou en optimisant la capacitĂ© des installations existantes. Pour gĂ©nĂ©rer une diffĂ©rence importante, une augmentation du rendement par 50 fois serait nĂ©cessaire, laquelle entraĂ®nerait une importante quantitĂ© d’eaux usĂ©es qu’il faudrait dĂ©truire de façon sĂ©curitaire ainsi que des investissements et des coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques considĂ©rables.
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Les travaux ont été financés par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et l’Institut canadien de recherches avancées.