Samuel Beckett
(1906-1989)
Dossier
Le roman selon Samuel Beckett
Respirer - L'茅criture et le roman selon Samuel Beckett, par Xavier Phaneuf-Jolicoeur |
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芦 Bon qu鈥櫭 莽a 禄, voil脿 la r茅ponse laconique de Samuel Beckett (1906-1989) 脿 une question qui lui 茅tait pos茅e en 1985 par le journal 尝颈产茅谤补迟颈辞苍 : 芦 Pourquoi 茅crivez-vous[1] ? 禄 La boutade ne doit pas surprendre : l鈥櫭ヽrivain d鈥檕rigine irlandaise, c茅l猫bre pour son th茅芒tre[2], mais aussi pour ses trois romans majeurs, Molloy, Malone meurt (1951) et 尝鈥橧苍苍辞尘尘补产濒别 (1953)[3], r茅sistera fr茅quemment 脿 l鈥檌d茅e d鈥檈xpliquer sa d茅marche : 芦 L鈥檈rreur, la faiblesse tout au moins, c鈥檈st peut-锚tre de vouloir savoir de quoi on parle. 脌 d茅finir la litt茅rature, 脿 sa satisfaction, m锚me br猫ve, o霉 est le gain, m锚me bref ? De l鈥檃rmure que tout 莽a, pour un combat ex茅crable.[4] 禄 Il refusera presque toute entrevue[5], r茅it茅rant son inaptitude 脿 parler de son 艙uvre, m锚me lorsqu鈥檌l remporte le Nobel, en 1969 :
La pr茅sente 茅tude, que Beckett aurait sans doute consid茅r茅e comme un exemple de 芦 d茅mence universitaire[7] 禄, visera 脿 cerner sa pens茅e diffuse de l鈥櫭ヽriture et du roman, 脿 partir de ses rares entretiens, de certains de ses herm茅tiques textes critiques 鈥 qui datent du d茅but de sa carri猫re d鈥櫭ヽrivain et qu鈥檌l juge s茅v猫rement[8] 鈥 et, surtout, de son imposante correspondance. Il s鈥檃gira d鈥檃bord d鈥櫭ヽlairer la notion de s茅paration qui caract茅rise son esth茅tique, puis la relation ambigu毛 qu鈥檌l 茅tablit entre fond et forme. Ayant montr茅 comment Beckett tente de s鈥檃vancer vers l鈥檌mpuissance, on pourra analyser la mani猫re dont il con莽oit l鈥檈xigence propre au roman. Enfin, l鈥檕n 茅voquera, en ouverture, le rapport entre l鈥櫯搖vre beckettienne et la d茅tresse. Une esth茅tique de la s茅paration. D猫s ses premi猫res tentatives critiques, ant茅rieures 脿 sa sortie du monde universitaire[9], Beckett accorde une place importante 脿 la rupture entre soi et ce qui nous entoure. En effet, en 1931, il publie Proust, un court livre sur l鈥櫭ヽrivain du m锚me nom, 茅tude qui en dit long, de son propre aveu, sur sa jeune esth茅tique[10], puisqu鈥檌l y voit 芦 at its best a distorted steam-rolled equivalent of some aspect or confusion of aspects of myself[11] 禄. Dans ce texte, Beckett fait de l鈥檌mpossible synchronisme entre sujet et objet 鈥 en l鈥檈sp猫ce entre Marcel et Albertine 鈥 une catastrophe centrale 脿 l鈥櫯搖vre de Proust, y voyant la trag茅die-type de la relation humaine vou茅e 脿 l鈥櫭ヽhec[12]. Selon cette lecture, l鈥櫭猼re humain serait essentiellement seul, isol茅 鈥 芦 [w]e cannot know and we cannot be known[13] 禄 鈥 et l鈥檃rt serait l鈥 芦 apotheosis of solitude 禄 o霉 toute communication est impossible 芦 because there are no vehicles of communication[14] 禄. C鈥檈st aussi sur une telle 芦 rupture of the lines of communication 禄 qu鈥檌nsiste Beckett lorsqu鈥檌l consid猫re certains po猫tes irlandais de son temps : ces derniers repr茅senteraient 芦 the space that intervenes between [them] and the world of objects 禄, comme 芦 no-man鈥檚 land 禄, 芦 Hellespont 禄 ou 芦 vacuum[15] 禄. De cette s茅paration, rattach茅e 脿 l鈥檌ncommunicabilit茅, d茅coule d鈥檃illeurs un 茅l茅ment central de l鈥檈sth茅tique beckettienne : la n茅cessit茅 pour l鈥檃rt de d茅signer ce qui nous 茅loigne du monde, mais aussi 鈥 et peut-锚tre surtout 鈥 ce qui nous 茅loigne de nous-m锚mes. Les analyses de Beckett, qui en disent souvent davantage sur sa propre vision de l鈥檃rt que sur celle des artistes qu鈥檌l 茅tudie[16], sont particuli猫rement 茅clairantes 脿 ce sujet lorsqu鈥檈lles se d茅ploient sur la peinture. Par exemple, Beckett 茅crit, dans une lettre de 1934, que ce qu鈥檌l admire, chez C茅zanne, c鈥檈st 芦 the sense of his incommensurability not only with life of such a different order as landscape but even with life of his own order, even with the life 摆鈥 operative in himself[17] 禄. De m锚me, Beckett dialoguera intens茅ment, pendant quelques ann茅es, avec le sp茅cialiste d鈥檃rt Georges Duthuit ; leurs d茅bats, contemporains 脿 l鈥櫭ヽriture des trois romans en fran莽ais, seront l鈥檕ccasion de certaines des formulations les plus consistantes de l鈥檈sth茅tique beckettienne[18]. L鈥櫭ヽrivain y soulignera, par exemple, dans la peinture de Bram van Velde 鈥 dont il se sent tr猫s proche, puisqu鈥檌l dit avoir 芦 besoin d鈥檜ne main dans la [s]ienne dans [s]on tort[19] 禄 鈥 que ce dernier aurait 芦 sais[i] que la rupture avec le dehors entra卯ne la rupture avec le dedans[20] 禄. Dans les Three Dialogues (1949) 鈥 que Beckett dira regretter en 1965[21] 鈥, une version retravaill茅e et publi茅e de certains 茅changes avec Duthuit[22], l鈥櫭ヽrivain 茅nonce les cons茅quences de cette impossibilit茅 d鈥櫭﹖ablir le moindre rapport, qu鈥檌l place au c艙ur de l鈥檈xistence humaine :
Il faut, pour rendre les nuances de la pens茅e esth茅tique de Beckett 鈥 et son humour 鈥, souligner que ce dernier sent tout 脿 fait la d茅mesure qui se rattache 脿 une telle exigence[24]. Dans les Dialogues, par exemple, il se tourne fr茅quemment en ridicule, orchestrant si bien l鈥櫭ヽhange que le 芦 Duthuit 禄 fictif en vient 脿 lui r茅pondre que ses propos ne sont qu鈥 芦 a violently extreme and personal point of view 禄, compl猫tement inutile 脿 leur d茅bat, ce qui laisse Beckett coi[25]. La question n鈥檈n est pas moins s茅rieuse, pour l鈥櫭ヽrivain, et il ne cessera, au fil des lettres qui inspireront et continueront les Three Dialogues, de tenter de formuler son id茅al esth茅tique :
Ailleurs, il avancera plut么t que 芦 la seule r茅ponse possible 禄 est de consid茅rer la peinture de van Velde comme 芦 inexpressive 禄 ; il y aurait une 芦 l芒chet茅 禄 脿 affirmer 芦 qu鈥檈lle exprime l鈥檌mpossibilit茅 de rien exprimer 禄, parce que ce serait le 芦 ramener tambour battant au bercail[27]. 禄 Lucide, l鈥櫭ヽrivain para卯t conscient de la tension inh茅rente 脿 son esth茅tique, conc茅dant que son point de vue le place dans une 芦 situation litt茅ralement impossible 禄, celle de l鈥 芦 absolu[28] 禄. En outre, c鈥檈st probablement cette s茅paration intrins猫que 脿 l鈥櫭猼re humain 鈥 par rapport au monde, au savoir, 脿 lui-m锚me 鈥 qui m猫ne Beckett 脿 privil茅gier un art qui serait interrogatif avant tout 鈥 芦 art [that] raises questions that it does not attempt to answer[29]. 禄 Dans un texte de 1938, assez repr茅sentatif malgr茅 son emphase, il 茅crit que l鈥檃rtiste serait celui qui voit et fait voir 芦 la monotone centralit茅 de ce [que] chacun veut, pense, fait et souffre, de ce qu鈥檜n chacun est 禄, celui qui se consacre 脿 cette vision 芦 alors qu鈥檌l n鈥檡 [voit] goutte, mais avant [d鈥檃voir] accept茅 de n鈥檡 voir goutte[30] 禄. La mise 脿 distance des autres et de soi pourrait d鈥檃illeurs conduire 脿 la d茅couverte, par un artiste, de sa propre voie ; appel茅 脿 conseiller un 茅crivain plus jeune que lui, Beckett lui recommandera simplement : 芦 茅loignez-vous et de mon travail et de vous-m锚me[31] 禄. Le fond et l鈥檌nforme. Quoique la s茅paration soit au c艙ur de l鈥檈sth茅tique de Beckett, il se refuse 脿 茅carter, lorsqu鈥檌l est question d鈥櫭ヽriture litt茅raire, la forme et le sens. Dans un article sur ce qui allait devenir Finnegans Wake, le jeune Beckett insiste d鈥檃illeurs sur le trait suivant, qui le frappe chez Joyce :
Il r茅it猫re, beaucoup plus tard, l鈥檌mportance de cet 茅troit rapport qui unit 脿 ses yeux forme et contenu, r茅pondant aux commentaires de Barbara Bray sur Comment c鈥檈st (1961), o霉 elle voit de la po茅sie 芦 pure if not simple 禄 : 芦 You have "understood" the book as no one so far. 摆鈥 What you say of its being not about something, but something, is exactly what I wrote of Finnegans[33] 禄. Beckett s鈥檃ppuie sur cette ins茅parabilit茅 de la forme et du contenu, importante 脿 sa conception de l鈥櫭ヽriture, pour distinguer son 艙uvre de celle de Kafka, auquel on le compare souvent. En 1954, il 茅crit : 芦 Je me rappelle avoir 茅t茅 g锚n茅 par le c么t茅 imperturbable de sa d茅marche. Je me m茅fie des d茅sastres qui se laissent d茅poser comme un bilan[34]. 禄 Quelques ann茅es plus tard : 芦 What struck me as strange in Kafka was that the form is not shaken by the experience it conveys[35]. 禄 Beckett consid猫re que, chez Kafka, 芦 form is classic, it goes on like a steamroller 鈥 almost serene 禄, c鈥檈st-脿-dire que 芦 the consternation is in the form 禄, tandis que dans sa propre 茅criture 芦 there is consternation behind the form, not in the form[36] 禄. Cette id茅e, a priori un peu obscure, l鈥櫭ヽrivain l鈥櫭ヽlaire vaguement lorsqu鈥檌l affirme, en entretien, que l鈥檃rt ne peut faire autrement, 脿 l鈥櫭﹑oque qui est la sienne, que de faire place 脿 un certain d茅sordre 鈥 芦 the mess 禄 鈥 qui constitue 芦 the very opposite of form 禄 et qui est 芦 destructive of the very thing that art holds itself to be[37] 禄. La position de Beckett quant 脿 l鈥檌nteraction entre ce d茅sordre et la forme est complexe, voire contradictoire, et tient 脿 un 茅quilibre pr茅caire en vertu duquel l鈥檃rtiste devrait, d鈥檜ne part, 茅viter de g茅n茅rer un total d茅sordre d茅pourvu de forme et, de l鈥檃utre, se garder d鈥檌mposer un ordre formel au d茅sordre :
Dans une entrevue donn茅e pr猫s du moment o霉 il re莽oit le Nobel, Beckett brouille davantage les cartes, laissant entrevoir la difficult茅 du travail qui serait celui de l鈥櫭ヽrivain. Beckett affirme s鈥櫭猼re lib茅r茅, comme le compositeur Sch枚nberg ou le peintre Kandinsky, de 芦 certain formal concepts 禄, se tournant comme ces deux artistes vers une sorte d鈥檃bstraction, mais 茅vitant, contrairement 脿 eux, de lui trouver 芦 yet another formal context[39] 禄. Il faut au passage pr茅ciser que l鈥檃bstraction dont il est ici question n鈥檈st pas intellectuelle ; c鈥檈st celle de la s茅paration 茅voqu茅e plus haut, 脿 laquelle renvoie par exemple Beckett pour d茅crire un d茅cor r锚v茅 pour sa pi猫ce En attendant Godot : 芦 sordidement abstrait comme la nature l鈥檈st[40] 禄. Quant 脿 la difficult茅 de la t芒che de l鈥櫭ヽrivain telle que la con莽oit Beckett, on en prend la mesure lorsqu鈥檌l d茅clare :
Le caract猫re insaisissable du rapport entre fond et forme d茅coulerait de ce labeur impossible de l鈥櫭ヽrivain qui ne peut rien affirmer ou infirmer ; devant l鈥檌mpasse, c鈥檈st 芦 [p]aradoxalement 禄 脿 travers 芦 la forme que l'artiste peut trouver une sorte d'issue 禄 : 芦 En donnant forme 脿 l鈥檌nforme. Ce n'est peut-锚tre qu'脿 ce niveau qu'il y aurait une affirmation sous-jacente[42]. 禄 Mal s鈥檃rmer pour faire fausse route. Dans une lettre de 1954, apr猫s avoir quelque peu minimis茅 l鈥檌nfluence exerc茅e sur son 艙uvre par des auteurs l鈥檃yant pr茅c茅d茅, Beckett se d茅crit comme un 芦 pi猫tre lecteur, incurablement distrait, 脿 l鈥檃ff没t d鈥檜n ailleurs[43] 禄. Il avance du m锚me souffle que les lectures qui l鈥檕nt 芦 le plus marqu茅 禄 sont celles qui l鈥檕nt le mieux renvoy茅 芦 脿 cet ailleurs[44] 禄. Quoi qu鈥檌l en dise, un simple regard sur sa correspondance et ses 茅crits critiques suffit 脿 r茅v茅ler la richesse de sa culture litt茅raire et l鈥檌mportance de son rapport 脿 la tradition[45]. Et le pr茅d茅cesseur auquel Beckett a le plus 茅t茅 compar茅 鈥 celui dont il a, par cons茅quent, le plus 茅t茅 appel茅 脿 se distinguer 鈥 est James Joyce, qu鈥檌l a connu lors de son passage 脿 l鈥櫭塩ole normale 脿 Paris, de 1928 脿 1930[46]. La mani猫re dont Beckett d茅crit la relation entre leurs d茅marches est pertinente pour comprendre son 茅criture, d鈥檃bord parce qu鈥檈lle est indicative des rapports g茅n茅raux qu鈥檌l entretient avec la tradition litt茅raire, mais aussi parce qu鈥檈lle lui sert 脿 articuler l鈥檈sth茅tique qui lui est propre. D鈥檈ntr茅e de jeu, il est difficile de minimiser l鈥檌nfluence que Joyce exerce sur le jeune Beckett. Ce dernier r茅v猫le qu鈥檌l cherche 脿 se d茅barrasser de cet ascendant dont il a bien conscience 鈥 芦 I vow I will get over J.J. ere I die. Yessir[47]. 禄 鈥, notamment lorsqu鈥檌l constate, au sujet d鈥檜n texte narratif qui sera transform茅 et int茅gr茅 脿 son premier roman (Dream of Fair to Middling Women, publi茅 seulement en 1992, soit apr猫s sa mort) : 芦 it stinks of Joyce in spite of most earnest endeavours to endow it with my own odours[48]. 禄 Ainsi, bien que Beckett ait parfois ni茅 avoir 茅t茅 influenc茅 par Joyce 鈥 autrement que par son int茅grit茅 artistique, qu鈥檌l admire et dont il se revendique fr茅quemment[49] 鈥 il conc猫de, en 1989, la possibilit茅 d鈥檜ne influence 芦 ab contrario[50] 禄. Joyce peut sous cet angle 锚tre consid茅r茅 comme une sorte de repoussoir pour Beckett, par exemple lorsqu鈥檌l affirme avoir 芦 senti de bonne heure que la chose qui [l闭鈥檃ppelait et les moyens dont [il] pouvai[t] disposer 茅taient pratiquement 脿 l鈥檕ppos茅 de [l]a chose [de Joyce] et de ses moyens 脿 lui[51] 禄. Dans un entretien de 1956, il explique la sp茅cificit茅 de sa propre 茅criture 脿 partir de la d茅marche de son imposant pr茅d茅cesseur :
Il ne s鈥檃git bien s没r pas uniquement, pour Beckett, de s鈥檕pposer 脿 Joyce ; son 茅criture r茅pond 脿 une constatation li茅e 脿 sa propre r茅alit茅 : 芦 anyone nowadays who pays the slightest attention to his own experience finds it the experience of a non-knower, a non-can-er[53] 禄. La place de cette impuissance et de cette inconnaissance dans sa d茅marche, Beckett l鈥檌llustre souvent, de fa莽on presque m茅canique, en s鈥檃ppuyant des locutions qu鈥檌l n鈥檈xplique jamais de fa莽on tr猫s d茅taill茅e 鈥 l鈥檜ne due 脿 D茅mocrite, l鈥檃utre au philosophe du 17e si猫cle Arnold Geulincx. Des commentaires elliptiques sur son 艙uvre, qu鈥檌l consent 脿 formuler en 1967, en t茅moignent :
L鈥櫭ヽrivain se pla卯t d鈥檃illeurs 脿 situer tr猫s pr茅cis茅ment dans sa vie le constat, la prise de conscience saisissante 鈥 malgr茅 ses racines ant茅rieures 鈥, qui le m猫nera 脿 accorder un tel r么le 脿 la n茅gativit茅 dans son 茅criture. Beckett raconte en effet qu鈥檌l aurait connu une v茅ritable r茅v茅lation dans la chambre de sa m猫re, qu鈥檌l visitait peu apr猫s la guerre ; ce serait ce moment charni猫re qui lui aurait permis d鈥檈nfin apercevoir le chemin qu鈥檌l aurait 脿 suivre comme 茅crivain, alors qu鈥檌l allait entamer la r茅daction de Molloy et des deux romans suivants[55]. Beckett le confirme 脿 James Knowlson : il aurait v茅cu, 脿 l鈥檌nstar de l鈥檜n de ses personnages, Krapp, une sorte d鈥檌llumination invers茅e 鈥 芦 the dark I have always struggled to keep under is in reality my most [precious ally[56]] 禄. Cette prise de conscience du r么le que pourrait jouer la noirceur, l鈥檌nsuffisance, dans son 艙uvre 鈥 peut-锚tre une voie vers cet ailleurs qu鈥檌l cherchait comme lecteur 鈥 n鈥檈st d鈥檃utre part pas 茅trang猫re 脿 son passage au fran莽ais apr猫s 1945. En effet, lorsqu鈥檕n l鈥檌nterroge sur sa transition linguistique, Beckett pr茅cise, dans une lettre plut么t t茅l茅graphique de 1982 :
Ainsi, il semble que, pour parvenir au d茅pouillement 鈥 mais aussi pour 茅tablir une distance f茅conde entre son 茅criture et lui 鈥 Beckett ait cherch茅 des fa莽ons de satisfaire un d茅sir apor茅tique : son 芦 besoin d鈥櫭猼re mal arm茅[58] 禄, selon une expression de 1954. Avant d鈥檃border la conscience g茅n茅rique de Beckett, il para卯t utile de souligner qu鈥檌l est loin de consid茅rer le d茅nuement comme la seule voie artistique possible. Apr猫s avoir mentionn茅 qu鈥檌l avait 芦 jusqu鈥檈n 1946 禄 tent茅 de 芦 savoir, afin d鈥櫭猼re en mesure de pouvoir 禄, s鈥檃percevant qu鈥檌l 芦 faisai[t] fausse route 禄, Beckett conc猫de qu鈥檌l n鈥檡 a peut-锚tre au final 芦 que des fausses routes 禄 et que le l鈥櫭ヽrivain doit 芦 pourtant trouver la mauvaise route qui [lui] convient[59]. 禄 Non seulement Beckett est-il ouvert 脿 la possibilit茅 que sa d茅marche soit erron茅e, mais il admet m锚me que 芦 quelque part, [le d茅sir de totalit茅 et celui de pauvret茅] doivent se rejoindre 禄, ce qui le relie 脿 des pr茅d茅cesseurs dont il a longtemps cherch茅 脿 se distinguer, notamment Joyce et Proust[60]. Ainsi, m锚me lorsqu鈥檌l explique, dans une lettre de 1937 茅crite en allemand, combien l鈥 芦 apotheosis of the word 禄 de Joyce a peu 脿 voir avec sa propre pratique, il ne peut s鈥檈mp锚cher de pr茅ciser : 芦 [u]nless perhaps Ascension to Heaven and Descent to Hell are somehow one and the same 禄 ; 芦 How beautiful it would be to be able to believe that that indeed was the case[61]. 禄 L鈥檈xigence du roman. Beckett ne semble pas avoir d茅fini explicitement le genre romanesque, ce qui ne signifie pas qu鈥檌l n鈥檃it pas exprim茅, 脿 plusieurs reprises dans son discours sur son 艙uvre, l鈥檌mportance des distinctions g茅n茅riques. Il les utilise lui-m锚me 鈥 dont celle de roman 鈥 pour d茅crire ses 艙uvres, notamment dans sa correspondance[62], et il insiste souvent sur la n茅cessit茅 de s茅parer les textes selon leurs sp茅cificit茅s. Cette position est 茅vidente lorsqu鈥檌l s鈥檕ppose, dans une lettre de 1957, 脿 l鈥檃daptation pour le cin茅ma d鈥檜n texte compos茅 pour le th茅芒tre : 芦 If we can鈥檛 keep our genres more or less distinct, or extricate them from the confusion that has them where they are, we might as well go home and lie down[63]. 禄 Beckett consid猫re en outre que sa production romanesque poss猫de un caract猫re propre 鈥 probablement parce que forme et sens s鈥檡 allient 鈥 qui la distinguerait de l鈥檃ffirmation directe d鈥檌d茅es ou de concepts : 芦 Si le sujet de mes romans pouvait s鈥檈xprimer en termes philosophiques, je n鈥檃urais pas eu de raison de les 茅crire[64]. 禄 Autre particularit茅 : contrairement 脿 la nouvelle, le roman permet, gr芒ce 脿 son ampleur, que certaines pr茅cisions 芦 be dealt with later 禄, 芦 there being leisure in the novel, and in the short story not[65] 禄. Mais la sp茅cificit茅 de l鈥櫭ヽriture romanesque, aux yeux de Beckett, appara卯t le plus clairement lorsque celle-ci est mise en rapport avec la production dramatique. D鈥檃bord, selon lui, il faut 茅viter de confondre les textes o霉 les mots priment avec ceux qui sont faits pour 锚tre jou茅s. En effet, Beckett 茅crivait en 1937 : 芦 the poetical play can never come off as play, nor when played as poetry either, because the words obscure the action and are obscured by it[66] 禄. C鈥檈st d鈥檃illeurs peut-锚tre parce qu鈥檌l accorde plus d鈥檌mportance 脿 l鈥檃ction qu鈥檃ux mots que le th茅芒tre peut servir d鈥櫭ヽhappatoire : 芦 I turned to writing plays [in 1947] to relieve myself of the awful depression the prose led me into[67] 禄 ; 芦 [I] began to write Godot [in 1948] as a relaxation, to get away from the awful prose I was writing at the time[68] 禄. En outre, le 芦 soulagement 禄 du th茅芒tre est tel qu鈥檌l peut empi茅ter sur le v茅ritable projet d鈥櫭ヽriture, ce que sentira Beckett, en 1969, alors qu鈥檌l d茅clarera vouloir se 芦 tenir loin du th茅芒tre 禄 et de la mise en sc猫ne pour arriver 脿 芦 travailler[69] 禄. La comparaison avec le th茅芒tre permet de comprendre que le caract猫re insoutenable du roman, ce qui le rend si exigeant pour l鈥櫭ヽrivain, para卯t 茅trangement d茅couler, chez Beckett, de son absence d鈥檈xigences 鈥 its 芦 wildness and rulelessness[70] 禄 鈥, du peu de r猫gles qui l鈥檈ncadrent. Ce constat s鈥檌mpose lorsque Beckett indique qu鈥檌l 芦 n鈥檈nvisageai[t] pas une carri猫re de dramaturge 禄, mais qu鈥檌l est arriv茅 au th茅芒tre parce que 芦 le travail du romancier est dur 禄, celui-ci 芦 s鈥檃van[莽ant] dans le noir[71] 禄. Il ajoute, sans 茅quivoque :
Par contraste, le roman semble parfois con莽u comme une forme redoutablement libre, ce qui a bien s没r ses avantages pour le cr茅ateur : 芦 Quand j'ai 茅crit la premi猫re phrase de Molloy, je ne savais pas o霉 j'allais. Et quand j'ai achev茅 la premi猫re partie, j'ignorais comment j'allais continuer. Tout est venu comme 莽a. Sans rature. Je n'avais rien pr茅par茅. Rien 茅labor茅[73]. 禄 L鈥櫭ヽriture romanesque lui vient si naturellement, durant sa prolifique p茅riode d鈥檃pr猫s-guerre, qu鈥檌l admet avoir 茅t茅 en mesure de r茅diger la derni猫re page de 尝鈥橧苍苍辞尘尘补产濒别 alors qu鈥檌l n鈥檈n 茅tait encore qu鈥櫭 la trenti猫me, puisque l鈥檌ssue du livre 芦 fai[sait] [d茅j脿] si peu de doute, quels que soient les tortillements [qui l鈥檈n s茅paraient], 摆鈥 dont [il] n鈥檃[vait] qu鈥檜ne id茅e des plus vagues[74] 禄. Aux yeux de Beckett, il semble toutefois que la libert茅 du roman, sa f茅condit茅, aille de pair avec ses 茅cueils, ce que l鈥檕n entrevoit lorsque Beckett confie avoir 茅crit Molloy, Malone meurt et 尝鈥橧苍苍辞尘尘补产濒别 芦 avec 茅lan, dans une sorte d鈥檈nthousiasme 禄, mais 芦 tr猫s difficilement[75] 禄. C鈥檈st que, paradoxalement, la libert茅 presque totale du roman conduit, chez Beckett, 脿 l鈥檌mpasse. Il 茅crit, en 1954 : 芦 I think my writing days are over. 尝鈥橧苍苍辞尘尘补产濒别 finished me or expressed my finishedness[76] 禄. De m锚me, en 1961, il affirme que 芦 pendant longtemps 禄 apr猫s la r茅daction des trois romans, il n鈥檃 芦 plus vu du tout ce [qu鈥檌l] pourrai[t] dire 禄, se sentant 芦 enferm茅 dans un cercle 禄 qu鈥檌l essayait de briser[77]. Le rem猫de et le mal semblent presque se confondre lorsque Beckett explique, dans un entretien de 1968, que la seule issue, la seule possibilit茅 cr茅atrice consiste 脿 pousser plus loin l鈥檈xigence m锚me qui l鈥檃vait men茅 脿 l鈥檌ncapacit茅 d鈥櫭ヽrire :
Le paradoxe de l鈥櫭ヽriture romanesque 鈥 tirant sa f茅condit茅 de sa st茅rilit茅, brisant le silence et y retournant 鈥 est manifeste lorsque Beckett d茅clare, traversant l鈥檜n de ses nombreux moments de doute quant 脿 son 茅criture, en 1957, qu鈥檌l doit : 芦 either get back to nothing again and the bottom of all the hills again like before Molloy or else call it a day[79] 禄. En 1960, il note, limpide :
Le sensible et la d茅tresse. On commence 脿 saisir que, chez Beckett, la 芦 r茅v茅lation 禄 de la voie qui lui est propre, apr猫s la guerre, a peu 脿 voir avec une exploration formelle ou un exercice c茅r茅bral. L鈥櫭ヽrivain pr茅cise au contraire l鈥檃spect d鈥檃bord intuitif de la d茅couverte faite dans la chambre de sa m猫re : 芦 Jusque-l脿, j'avais cru que je pouvais faire confiance 脿 la connaissance. Que je devais m'茅quiper sur le plan intellectuel. Ce jour-l脿, tout s'est effondr茅[81]. 禄 Il explique, de m锚me, 脿 un journaliste : 芦 Je ne suis pas un intellectuel. Je ne suis que sensibilit茅. J鈥檃i con莽u [Molloy] et la suite le jour o霉 j鈥檃i pris conscience de ma b锚tise. Alors je me suis mis 脿 茅crire les choses que je sens[82]. 禄 La boucle est soudain boucl茅e 鈥 et l鈥檕n peut enfin imaginer les raisons qui conduiraient un artiste 脿 accepter de se livrer 脿 l鈥檌rr茅alisable labeur que Beckett lui confie. C鈥檈st peut-锚tre ce que ce dernier tente d鈥檈xpliquer 脿 Georges Duthuit, en 1949, alors qu鈥檌l se d茅bat face 脿 la peinture de van Velde : 芦 Si tu me demandes pourquoi la toile ne reste pas blanche, je peux seulement invoquer cet inintelligible besoin, 脿 tout jamais hors de cause, d鈥檡 foutre de la couleur, f没t-ce en y vomissant son 锚tre[83]. 禄 Et l鈥檜rgence 鈥 inintelligible soit, mais sensible 鈥 ram猫ne Beckett 脿 l鈥檌nsoluble probl猫me de la forme : 芦 Dans ce sacr茅 monde, tout nous invite 脿 l鈥檌ndignation鈥 Mais au niveau du travail鈥 Que pourrait-on dire ?... Rien n鈥檈st dicible[84]. 禄 Il remarque 脿 ce propos : 芦 We cannot listen to a conversation for five minutes without being acutely aware of the confusion. It is all around us and our only chance now is to let it in. The only chance of renovation is to open our eyes and see the mess. It is not a mess you can make sense of[85]. 禄 Ouvrant l鈥櫯搃l et l鈥檕reille, r茅alisant que 芦 quand on s'茅coute, ce n'est pas de la litt茅rature qu'on entend[86] 禄, Beckett relie de pr猫s sa d茅marche 脿 une conscience de la d茅tresse qui l鈥檈ntoure :
Ce Beckett, dont un reflet inattendu nous appara卯t, est loin de se complaire dans les jeux formels, la n茅gativit茅 vide ; s鈥檌l s鈥檈st toujours refus茅 脿 expliquer son 艙uvre, 脿 la th茅oriser, c鈥檈st sans doute parce qu鈥櫭 ses yeux on 茅crit pour une raison tr猫s simple : 芦 pour pouvoir respirer[88] 禄. Bibliographie : Textes critiques 茅crits par Beckett :
Entretiens et discussions avec Beckett :
Correspondance :
Autres sources :
Les romans de Beckett :
听
[1] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Mathieu Lindon, 24 f茅vrier 1985 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 4, p. 652. [2] Notamment gr芒ce 脿 la pi猫ce En attendant Godot : voir J. Knowlson, Damned to Fame. The Life of Samuel Beckett, p. 349-355 ; voir aussi G. Craig, M. D. Fehsenfeld, D. Gunn et L. M. Overbeck (dir.), The Letters of Samuel Beckett, vol. 1, p. xxvii. [3] Voir la chronologie de l鈥櫯搖vre romanesque de Beckett 脿 la fin du pr茅sent texte. [4] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Georges Duthuit, 11 ao没t 1948 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 96. [5] Voir, par exemple, S. Beckett, 芦 Lettre 脿 J茅r么me Lindon, 8 janvier 1953 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 347 : 芦 脌 toute demande d鈥檌nterview, d鈥檕霉 qu鈥檈lle vienne, vous pouvez toujours et plus que jamais r茅pondre non 禄. [6] J. Gruen, 芦 Nobel Prize Winner, 1969. Samuel Beckett Talks about Beckett 禄, p. 210. [7] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (29 octobre 1973), p. 32. [8] Voir S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Lawrence Harvey, 28 octobre 1963 禄, 芦 Lettre 脿 Martin Esslin, 9 novembre 1965 禄 et 芦 Lettre 脿 John Calder, 23 novembre 1965 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 3, p. 577 et 678. [9] Qui n鈥檃llait tarder (voir S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Thomas McGreevy, 11 mars 1931 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 1, p. 72). [10] Plus tard, Beckett dira de ce texte : 芦 [Proust] is a very youthful work, but perhaps not entirely beside the point. Its premises are less feeble than its conclusions. 禄 (芦 Lettre 脿 Barney Rosset, 25 juin 1953 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 385.) [11] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Thomas McGreevy, 11 mars 1931 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 1, p. 72. [12] S. Beckett, Proust (1931), Samuel Beckett. The Grove Centenary Edition, vol. 4, p. 515. [13] Ibid., p. 540. [14] Ibid., p. 539 [15] S. Beckett, 芦 Recent Irish Poetry 禄 (1934), Disjecta, p. 70. [16] Voir J. Knowlson, Damned to Fame. The Life of Samuel Beckett, p. 181, 248 et 324. [17] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Thomas McGreevy, [16 septembre 1934] 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 1, p. 227. [18] G. Craig, M. D. Fehsenfeld, D. Gunn et L. M. Overbeck (dir.), The Letters of Samuel Beckett, vol. 1, p. xxvii-xxviii. [19] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Georges Duthuit, 9 mars 1949 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 136-137 ; Beckett admet, dans une lettre 脿 Bram van Velde, que leurs positions ne sont pas identiques, puisque que le peintre 芦 r茅sist[e] en artiste, 脿 tout ce qui [l鈥橾 emp锚che d鈥櫯搖vrer 禄, tandis que l鈥櫭ヽrivain 芦 cherche le moyen de capituler sans [s]e taire 鈥 tout 脿 fait. 禄 (S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Bram van Velde, 14 janvier 1949 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 113) [20] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Georges Duthuit, 9 mars 1949 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 136-137. [21] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Martin Esslin, 9 novembre 1965 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 3, p. 678 : 芦 Rightly or wrongly I regret the Duthuit Dialogues and prefer not to have them broadcast. 禄 [22] C. J. Ackerley et S. E. Gontarski, The Grove Companion to Samuel Beckett, p. 577. [23] S. Beckett, 芦 Three Dialogues 禄 (1949), Disjecta, p. 139. [24] Beckett 茅crit, par exemple : 芦 Il ne faut pas trop prendre au s茅rieux mes id茅es fixes, visions fixes et balbutiements d鈥檃ffol茅 禄 (S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Georges Duthuit, 2 mars 1954, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 472.) [25] S. Beckett, 芦 Three Dialogues 禄 (1949), Disjecta, p. 139. [26] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Georges Duthuit, 9 mars 1949 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 136-137. [27] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Georges Duthuit, mardi [? 28 juin 1949] 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 168. [28] Ibid. [29] T. F. Driver, 芦 Beckett by the Madeleine 禄 (1961), p. 219-220. [30] S. Beckett, 芦 Les deux besoins 禄 (1938), Disjecta, p. 55 ; dans un autre texte pr茅coce, o霉 Beckett parodie un exercice universitaire en 茅tudiant l鈥櫯搖vre d鈥檜n artiste de son invention 鈥 Jean du Chas, dont il partagerait la date de naissance 鈥, Beckett qualifie son art de 芦 parfaitement intelligible et parfaitement inexplicable 禄 (芦 Le concentrisme 禄 (1930), Disjecta, p. 43). [31] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Charles Juliet, 1er juin 1969 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 4, p. 161-162. [32] S. Beckett, 芦 Dante . . . Bruno . Vico . . Joyce 禄 (1929), Disjecta, p. 27 ; Beckett rel猫ve aussi ce trait dans Proust (1931), p. 551. [33] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Barbara Bray, 17 f茅vrier 1961 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 3, p. 397-398. [34] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Hans Naumann, 17 f茅vrier 1954 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 462. [35] C鈥檈st ce que Beckett aurait 茅crit 脿 Ruby Cohn le 17 janvier 1962 (G. Craig, M. D. Fehsenfeld, D. Gunn et L. M. Overbeck (dir.), The Letters of Samuel Beckett, vol. 4, note 1, p. 590). [36] I. Shenker, 芦 Moody Man of Letters 禄 (1956), p. 148. [37] T. F. Driver, 芦 Beckett by the Madeleine 禄 (1961), p. 219. [38] Ibid. [39] J. Gruen, 芦 Nobel Prize Winner, 1969. Samuel Beckett Talks about Beckett 禄, p. 210. [40] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 George Duthuit, mercredi [3 janvier 1951] 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 216. [41] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (11 novembre 1977), p. 68. [42] Ibid., p. 35-36. [43] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Hans Naumann, 17 f茅vrier 1954 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 462. [44] Ibid. [45] Voir J. Knowlson, Damned to Fame. The Life of Samuel Beckett, p. 70, 107, 114, 122, 157, 161, 204-206, 217 et 269 ; voir g茅n茅ralement S. Beckett, 芦 Dante . . . Bruno . Vico . . Joyce 禄 (1929) et Proust (1931). [46] Voir J. Knowlson, Damned to Fame. The Life of Samuel Beckett, p. 96, 104-112, 120 et 156 ; J. Gruen, 芦 Nobel Prize Winner, 1969. Samuel Beckett Talks about Beckett 禄, p. 210. [47] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Samuel Putnam, 28 juin 1932, The Letters of Samuel Beckett, vol. 1, p. 108. [48] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Charles Prentice, 15 ao没t 1931, The Letters of Samuel Beckett, vol. 1, p. 81-82. [49] Voir, par exemple, J. Gruen, 芦 Nobel Prize Winner, 1969. Samuel Beckett Talks about Beckett 禄, p. 210 ; S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Hans Naumann, 17 f茅vrier 1954 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 461 ; J. Knowlson et E. Knowlson (dir.), Beckett Remembering: Remembering Beckett, p. 47-49. [50] J. Knowlson et E. Knowlson (dir.), Beckett Remembering: Remembering Beckett, p. 47-49. [51] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Hans Naumann, 17 f茅vrier 1954 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 461. [52] I. Shenker, 芦 Moody Man of Letters 禄 (1956), p. 148. [53] Ibid., p. 148-149. [54] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Sig[h]le Kennedy, 14 juin 1967 禄, Disjecta, p. 113 ; voir aussi J. Gruen, 芦 Nobel Prize Winner, 1969. Samuel Beckett Talks about Beckett 禄, p. 210 ; S. B. 芦 Lettre 脿 Georges Duthuit, samedi [le ou apr猫s le 30 avril, avant le 26 mai 1949], The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 148 ; S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Thomas McGreevy, 16 janvier [1936] 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 1, p. 299. [55] J. Knowlson, Damned to Fame. The Life of Samuel Beckett, p. 318-320, 686 (note 55) ; voir aussi Paul Lawley, 芦 "The Rapture of Vertigo". Beckett's Turning-Point 禄, p. 28-29. [56] J. Knowlson, Damned to Fame. The Life of Samuel Beckett, p. 318-319 ; il s鈥檃git de la pi猫ce Krapp鈥檚 Last Tape et la pr茅cision entre crochets provient de Beckett lui-m锚me, plus pr茅cis茅ment d鈥檜ne note de 1987 脿 James Knowlson. [57] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Carlton Lake, 3 octobre 1982 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 4, p. 592-593. [58] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Hans Naumann, 17 f茅vrier 1954 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 461-462. [59] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (14 novembre 1975), p. 53. [60] Ibid., p. 55. [61] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Axel Kaun, 9 juillet 1937 禄, Disjecta, p. 172. [62] Voir, par exemple, S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Hans Naumann, 17 f茅vrier 1954 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 461 ; S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Kay Boyle, 28 mai 1957 禄 et 芦 Lettre 脿 Fran莽ois Beloux, 24 septembre 1957 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 3, p. 48-49 et 65. [63] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Barney Rosset, 27 ao没t 1957 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 3, p. 64. [64] G. d鈥橝ubar猫de, 芦 En attendant鈥 Beckett 禄 (1961), p. 7. [65] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Kay Boyle, 28 mai 1957 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 3, p. 48-49. [66] J. Knowlson, Damned to Fame. The Life of Samuel Beckett, p. 230. [67] D. Bair, A Biography : Samuel Beckett, p. 361 (Bair cite un 茅change de 1972 entre Beckett et lui). [68] Ibid., p. 381 [69] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 J茅r么me Lindon, 20 novembre 1969 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 4, p. 196. [70] D. Bair, A Biography : Samuel Beckett, p. 381 [71] P.-L. Mignon, 芦 Le th茅芒tre de A jusqu'a Z : Samuel Beckett 禄, p. 8. [72] Ibid. [73] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (24 octobre 1968), p. 19. [74] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Georges Duthuit, 1er juin 1949 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 160. [75] G. d鈥橝ubar猫de, 芦 En attendant鈥 Beckett 禄 (1961), p. 7. [76] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Barney Rosset, 21 ao没t 1954 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. p. 497. [77] G. d鈥橝ubar猫de, 芦 En attendant鈥 Beckett 禄 (1961), p. 7. [78] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (24 octobre 1968), p. 20-21 [79] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Barbara Bray, 29 novembre 1958 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 3, p. 183-184. [80] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 Matti Megged, 21 novembre 1960 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 3, p. 376-377. [81] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (29 octobre 1973), p. 39. [82] G. d鈥橝ubar猫de, 芦 En attendant鈥 Beckett 禄 (1961), p. 7. [83] S. Beckett, 芦 Lettre 脿 George Duthuit, 9 mars 1949 禄, The Letters of Samuel Beckett, vol. 2, p. 137. [84] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (11 novembre 1977), p 67. [85] T. F. Driver, 芦 Beckett by the Madeleine 禄 (1961), p. 218-219. [86] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (24 octobre 1968), p. 12. [87] T. F. Driver, 芦 Beckett by the Madeleine 禄 (1961), p. 221. [88] C. Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett (29 octobre 1973), p. 43. |
Bibliographie
Ouvrages cit茅s |
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Citations
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Proust (1930) : |
BAIR, Deirdre.听A Biography: Samuel Beckett, New York, Harcourt Brace Jovanovich, 1978, 736 p. |
鈥淚 turned to writing plays to relieve myself of the awful depression the prose led me into,鈥 Beckett commented in 1972. 鈥淟ife at that time [note : ce chapitre porte sur les ann茅es 1946-1948] was too demanding, too terrible, and I thought theater would be a diversion .鈥 (p. 361) |
COHN, Ruby (茅d.).听Disjecta. Miscellaneous Writings and a Dramatic Fragment by Samuel Beckett, New York, Grove Press Inc., 1984, 178 p. |
Dante . . . Bruno . Vico . . Joyce (1929) : On turning to the听Work in Progress听we find that the mirror is not so convex. Here is direct expression 鈥 pages and pages of it. And if you don't understand it, Ladies and Gentlemen, it is because you are too decadent to receive it. You are not satisfied unless form is so strictly divorced from content that you can comprehend the one almost without bothering to read the other. The rapid skimming and absorption of the scant cream of sense is made possible by what I may call a continuous process of copious intellectual salivation. The form that is an arbitrary and independent phenomenon can fulfil no higher function than that of stimulus for a tertiary or quartary conditioned reflex of dribbling comprehension. 摆鈥 (p. 26) Les deux besoins (1938) : Il n'y a sans doute que l'artiste qui puisse finir par voir (et, si l'on veut, par faire voir aux quelques-uns pour qui il existe) la monotone centralit茅 de ce qu'un chacun veut, pense, fait et souffre, de ce qu'un chacun est. N'ayant cess茅 de s'y consacrer, m锚me alors qu'il n'y voyait goutte, mais avant qu'il n'e没t accept茅 de n'y voir goutte, il peut 脿 la rigueur finir par s'en apercevoir. 摆鈥 (p. 55) Humanistic Quietism (1934) : All poetry, as discriminated from the various paradigms of prosody, is prayer. 摆鈥 (p. 68) Recent Irish Poetry (1934) : I propose, as rough principle of individuation in this essay, the degree in which the younger Irish poets evince awareness of the new thing that has happened, or the old thing that has happened again, namely the breakdown of the object, whether current, historical, mythical or spook. The thermolaters 鈥 and they pullulate in Ireland 鈥 摆鈥, would no doubt like this amended to breakdown of the subject. It comes to the same thing 鈥 rupture of the lines of communication. Intercessions by Denis Devlin (1938) : [Poetry's] own terms, that is terms of need, not of opinion, still less of faction; opinion being a response to and at least (at best) for a time an escape from need, from one kind of need, and art, in this case these poems, no more (!) than the approximately adequate and absolutely non-final formulation of another kind. Art has always been this 鈥 pure interrogation, rhetorical question less the rhetoric 鈥 whatever else it may be obliged by the 鈥榮ocial reality' to appear, but never more freely so than now, when social reality (pace ex-comrade Radek) has severed the connexion. (p. 91) La peinture des van Velde ou Le monde et le pantalon (1945-1946) : Ici [chez G. van Velde] tout bouge, nage, fuit, revient, se d茅fait, se refait. Tout cesse, sans cesse. On dirait l'insurrection des mol茅cules, l'int茅rieur d'une pierre un milli猫me de seconde avant qu'elle ne se d茅sagr猫ge.听 Peintres de l'emp锚chement (1948) : L'un dira : Je ne peux voir l'objet, pour le repr茅senter, parce qu'il est ce qu'il est. L'autre : Je ne peux voir l'objet, pour le repr茅senter, parce que je suis ce que je suis. Three Dialogues (1949) : I. Tal Coat 摆鈥 II. Masson 摆鈥 III. Bram van Velde 摆鈥 |
RAIG, George, Martha Dow FEHSENFELD, Dan GUNN et Lois More OVERBECK (茅d.).听The Letters of Samuel Beckett, Cambridge, Cambridge University Press, 2009-2016, 4 t. |
VOLUME 1 : 1929-1940. Lettre du 8 septembre 1934, Thomas McGreevy (p. 222-223). [...] C茅zanne seems to have been the first to see landscape & state it as material of a strictly peculiar order, incommensurable with all human expressions whatsoever. Atomistic landscape with no velleities of vitalism, landscape with personality 脿 la rigueur, but personality in its own terms, not in Pelman's, landscapability.听Ruysdael's [for听Ruisdael's] Entrance to the Forest 鈥 there is no entrance anymore nor any commerce with the forest, its dimensions are its secret and it has no communications to make. 摆鈥 Lettre du [16 septembre 1934],听Thomas McGreevy (p. 227). I do not see any possibility of relationship, friendly or unfriendly, with the unintelligible, and what I feel in C茅zanne is precisely the absence of a rapport that was all right for Rosa or Ruysdael for whom the animising mode was valid, but would have been false for him, because he had the sense of his incommensurability not only with life of such a different order as landscape but even with life of his own order, even with the life 鈥 摆鈥 鈥 operative in himself. 摆鈥 Lettre du 7 juillet 1936, Thomas McGreevy (p. 350). The point you raise is one that I have given a good deal of thought to. Very early on, when the mortuary and Round Pond scenes were in my mind as the necessary end, I saw the difficulty and danger of so much following Murphy's own "end". There seemed 2 ways out. One was to let the death have its head in a frank climax and the rest be definitely epilogue (by some such means as you suggest. It thought for example of putting the game of chess there in a section by itself.) And the other, which I chose and tried to act on, was to keep the death subdued and go on as coolly and finish as briefly as possible. I chose this because it seemed to me to consist better with the treatment of Murphy throughout, with the mixture of compassion, patience, mockery and 鈥渢at twam asi鈥 that I seemed to have directed on him throughout, with the sympathy going so far and no further (then losing patience) as in the short statement of his mind's fantasy of itself. There seemed to me always the risk of taking him too seriously and separating him too sharply from the others. As it is I do not think the mistake (Aliosha mistake) has been altogether avoided.听摆鈥 Lettre du 13 novembre 1936, George Reavey (p. 380-381). 摆鈥 Do they [the Houghton Mifflin editors] not understand that if the book [Murphy] is slightly obscure, it is so because it is a compression, and that to compress it further can only result in making it more obscure? The wild & unreal dialogues cannot, it seems to be [for听me], be removed without darkening & dulling the whole thing. They are the comic expression of what elsewhere is expressed in elegy, namely if you like the hermetism of the spirit. 摆鈥 There is no time and space in such a book for听mere听relief. The relief has also to do work and reinforce that from which it relieves. And of course the narrative is hard to follow, & of course deliberately so. 摆鈥听 Lettre du 9 juillet 1937, Axel Kaun (p. 518-520). [Note : traduction anglaise d'une lettre 茅crite en allemand.] 听VOLUME 2 : 1941-1956. Lettre du 25 septembre 1946, Simone de Beauvoir (p. 40-41). Je regrette le malentendu qui vous met dans l'obligation d'arr锚ter ma nouvelle 脿 mi-chemin. Lettre du 11 ao没t 1948, Georges Duthuit (p. 96). 摆鈥 L'erreur, la faiblesse tout au moins, c'est peut-锚tre de vouloir savoir de quoi on parle. 脌 d茅finir la litt茅rature, 脿 sa satisfaction, m锚me br猫ve, o霉 est le gain, m锚me bref ? De l'armure que tout 莽a, pour un combat ex茅crable. 摆鈥 Il faut crier, murmurer, exulter, insens茅ment, en attendant de trouver le langage calme sans doute du non sans plus, ou avec si peu en plus. Il faut, non, il n'y [a] que 莽a apparemment pour certains d'entre nous, que ce petit bruit de ha[l]lali insens茅, et puis peut-锚tre le d茅barras d'au moins une bonne partie de ce que nous avons cru avoir de meilleur, ou de plus r茅el, au prix de quels efforts, et peut-锚tre l'immense simplicit茅 d'une partie au moins du peu redout茅 que nous sommes et avons. Mais je commence 脿 茅crire. Minuit vient de sonner. [...] Lettre du 14 janvier 1949, Bram van Velde (p. 113). J'ai beaucoup pens茅 脿 votre travail ces derniers jours et compris l'inutilit茅 de tout ce que je vous ai dit. Vous r茅sistez en artiste, 脿 tout ce qui vous emp锚che d'oeuvrer, f没t-ce l'茅vidence m锚me. C'est admirable. Moi, je cherche le moyen de capituler sans me taire 鈥 tout 脿 fait. Mais quand je vais chez vous regarder ce que vous avez fait, il ne devrait pas 锚tre question de moi. 摆鈥听 Lettre du 2 mars 1949, Georges Duthuit (p. 126-129). Bram et moi, nous sommes loin l'un de l'autre, si je nous ai bien devin茅s, quoique r茅unis 脿 un moment, [c'est-脿-dire] 脿 tout moment, dans un m锚me coincement, car il y en a qui ne l芒chent pas. 摆鈥 J'ai cru 脿 un moment donn茅 qu'il finirait par y renoncer, par peindre le coincement, ne serait-ce que par 茅puisement. 摆鈥 Mais je commence 脿 croire depuis quelque temps qu'il est trop tard et que ce sera jusqu'脿 la fin ces formidables tentatives de r茅tablissement vers une cime furieusement r锚v茅e, et qu'脿 vrai dire il porte dans ses bras, et que ce sera chez lui jusqu'脿 la fin la seule beaut茅 de l'effort et de l'茅chec, au lieu de celle, tellement calme et m锚me gaie, dont j'ai la pr茅tention de me laisser hanter. N'emp锚che que pour moi 莽a reste une peinture sans pr茅c茅dent et o霉 je trouve mon compte comme dans nulle autre, 脿 cause justement de cette fid茅lit茅 脿 l'oubliette et de ce refus d'une libert茅 脿 surveiller. De cette n茅cessit茅 de g茅nie o霉 il se trouve de reconna卯tre 脿 son trou, tout en s'obstinant 脿 vouloir s'y arracher, la libert茅, les hauteurs, la lumi猫res et les seuls dieux qui le regardent et qu'il n'y a d'茅vasion que partielle et vers une mutilation. Et cependant le tableau c'est la trappe qui s'ouvre. Tou[t] 莽a est litt茅raire, simpliste, mais 脿 chacun son poumon. 摆鈥 Quelles affreuses noces depuis toujours que celles de l'artiste se frottant, de plus en plus c芒lin comme tu le dis, contre ses meubles, dans la terreur d'en 锚tre d茅laiss茅. 脌 quoi on nous oppose, comme la seule alternative, les pures manstuprations de l'art orphique et abstrait. Et si l'on ne bandait tout simplement plus ? Comme dans la vie. Assez de sperme r茅pandu.听 Lettre du 9 mars 1949, Georges Duthuit (p. 136-137). Pour moi, la peinture de Bram ne doit rien 脿 ces pi猫tres consolations [note : celles de la peinture non-figurative o霉 l'artiste continue 脿 锚tre d茅fini comme celui qui ne cesse d'锚tre听devant]. Elle est nouvelle parce que la premi猫re 脿 r茅pudier le rapport sous toutes ces formes. Ce n'est pas le rapport avec tel ou tel ordre de vis-脿-vis qu'il refuse, mais l'茅tat d'锚tre en rapport tout court et sans plus, l'茅tat d'锚tre devant. Il y a longtemps qu'on attend l'artiste assez courageux, assez 脿 son aise dans les grandes tornades de l'intuition, pour saisir que la rupture avec le dehors entra卯ne la rupture avec le dedans, qu'aux rapports na茂fs il n'existe pas de rapports de remplacement, que ce qu'on appelle le dehors et le dedans ne font qu'un. Je ne dis pas qu'il ne cherche pas 脿 renouer. Ce qui importe c'est qu'il n'y arrive pas. Sa peinture est, si tu veux, l'impossibilit茅 de renouer. Il y a, si tu veux, refus et refus d'accepter son refus. C'est peut-锚tre ce qui rend cette peinture possible. 摆鈥 Ce qui m'int茅resse c'est l'au-del脿 du dehors dedans o霉 il fait son effort, non pas la port茅e de l'effort m锚me. 摆鈥听 Lettre du 26 mai [1949], Georges Duthuit (p. 153). 摆鈥 Pour moi, la question devient int茅ressante vraiment seulement 脿 partir du moment o霉 l'on s'occupe de ce qui est derri猫re les 2 attitudes, 脿 savoir d'une part la passion du faisable, o霉 les plus nobles recherches sont vici茅es par le besoin d'en faire reculer les limites, et d'autre part, peut-锚tre, enfin, bient么t, le respect de l'impossible que nous sommes, impossibles vivants, impossiblement vivant, dont ni le temps du corps, ni l'investissement par l'espace, ne sont pas davantage 脿 retenir que l'ombre le soir ou le visage aim茅, et peignant tout simplement un sort, qui est de peindre, l脿 o霉 il n'y a rien 脿 peindre, rien avec quoi peindre, et sans savoir peindre, et sans vouloir peindre, et cela de mani猫re 脿 ce qu'il en transpire quelque chose, tant qu'脿 faire. Voil脿, je vais trop loin, j'irai toujours trop loin, et jamais assez loin. 摆鈥 Lettre du 1er juin 1949, Georges Duthuit (p. 161). 摆鈥 J'ai travaill茅 un peu. Chaque fois que je m'y mets, 莽a vient assez facilement, mais je r茅pugne 脿 m'y mettre, plus que jamais. J'ai fait une chose qu'il ne m'茅tait jamais arriv茅 de faire, j'ai 茅crit la derni猫re page du livre en cours [note :听L'Innommable], alors que je n'en suis encore qu'脿 la 30me. Je n'en suis pas fier. Mais l'issue d茅j脿 fait si peu de doute, quels que soient les tortillements, ce dont je n'ai qu'une id茅e des plus vagues, qui m'en s茅parent. Lettre du 9 juin [1949], Georges Duthuit (p. 164-165). Je profite d'un instant (passager) de lucidit茅 pour te dire que je crois voir ce qui nous s茅pare, ce sur quoi nous finissons toujours par buter, apr猫s bien des locutions inutiles. C'est l'opposition possible-impossible, richesse-pauvret茅, possession-privation, etc. etc. 脌 ce point de vue les Italiens, Matisse, Tal Coat et tutti quanti sont dans le m锚me sac, en chanvre sup茅rieur, du c么t茅 de ceux qui, ayant, veulent encore, et, pouvant, davantage. 摆鈥 Pour moi ils [note : les Italiens] ont seulement eu le tort de croire bien faire, peu importe par quels moyens. Tu opposes un temps quotidien, utilitaire, 脿 un temps vital, de tripes, d'effort privil茅gi茅, le vrai. Tout 莽a revient 脿 vouloir sauver une forme d'expression qui n'est pas viable. Vouloir qu'elle le soit, travailler pour qu'elle le soit, lui en donner l'air, c'est donner dans la m锚me pl茅thore que depuis toujours, dans la m锚me com茅die. 摆鈥 Existe-t-il, peut-il exister, ou non, une peinture pauvre, inutile sans camouflage, incapable de l'image quelle qu'elle soit, dont l'obligation ne cherche pas 脿 se justifier ? Que je l'aie vue l脿 o霉 il n'y aurait qu'un renouvellement sans pr茅c茅dent du rapport, du banquet, 莽a n'a pas d'importance. Je ne pourrai jamais plus admettre que l'acte sans espoir, calme de sa damnation.听 Lettre du mardi [? 28 juin 1949], Georges Duthuit (p. 168). Pour听moi, [le fait de sugg茅rer que la peinture de Bram van Velde est inexpressive est] la seule r茅ponse possible. R茅pondre comme j'ai d茅j脿 eu la l芒chet茅 de le faire, qu'elle exprime l'impossibilit茅 de rien exprimer, c'est le ramener tambour battant au bercail. Lettre du jeudi [? 30 mars ou 6 avril 1950], Georges Duthuit (p. 193). 摆鈥 Qu'il y ait des esprits sup茅rieurs (sans ironie) qui savent et qui peuvent, je veux bien le croire. Mais lorsqu'on n'est pas dou茅, vraiment tr猫s b锚te et maladroit, que faut-il faire ? Le malin ? De l'art ? Se taire ? Le silence viendra assez t么t, non pas par orgueil, mais de langue lasse. Lettre du mercredi [3 janvier 1951], Georges Duthuit (p. 216-217). Franchement je suis tout 脿 fait contre les id茅es de Stael sur le d茅cor, peut-锚tre 脿 tort. Il voit 莽a en peintre. Pour moi c'est de l'esth茅tisme. 摆鈥 Moi je ne crois pas 脿 la collaboration des arts, je veux un th茅芒tre r茅duit 脿 ses propres moyens, parole et jeu, sans peinture et sans musique, sans agr茅ments. 摆鈥 Il faut que le d茅cor sorte du texte, sans y ajouter. Quant 脿 la commodit茅 visuelle des spectateurs, je la mets l脿 o霉 tu devines. Crois-tu vraiment qu'on puisse 茅couter devant un d茅cor de Bram, ou voir autre chose que lui ? Dans听Godot听c'est un ciel qui n'a de ciel que le nom, un arbre dont ils se demandent si c'en est un, petit et rabougri. J'aimerais voir 莽a foutu n'importe comment sordidement abstrait comme la nature l'est 摆鈥. Rien du tout, 莽a n'exprime rien, c'est de l'opaque qu'on n'interroge m锚me plus. Tout sp茅cifisme formel devient impossible. 摆鈥 Indigence, nous ne la dirons jamais assez, et d茅cid茅ment la peinture en est incapable. 摆鈥 Lettre du lundi [16 avril 1951], Mania P茅ron (p. 240-241). Tout 脿 fait d'accord avec votre judicieuse critique des critiques. Il fallait vraiment faire inattention pour confondre la victime de Moran avec le p猫re Molloy. Mais ce n'est pas n茅cessairement Moran lui-m锚me non plus. Que voulez-vous, je ne sais pas tout. Pour moi c'est simplement l'茅tranger indiqu茅, j'ai horreur des symboles. 摆鈥 Lettre du mardi [18 septembre 1951], Mania P茅ron (p. 297). Mes petits textes sont en panne. Le dernier, je n'ai pas le courage de le relire. D茅cid茅ment je suis d茅go没t茅 d'茅crire, comme moi j'茅cris. 摆鈥 Lettre du 3 d茅cembre 1951, Bram van Velde et Marthe Arnaud-Kuntz (p. 304). Que Bram surtout ne s'imagine pas que je m'茅loigne de lui, c'est tout le contraire. Plus je m'enfonce et plus je me sens 脿 ses c么t茅s et combien, malgr茅 les diff茅rences, nos aventures se rejoignent, dans l'impens茅 et le navrant. Et s'il devait y avoir pour moi une 芒me soeur, je me flatte que ce serait bien la sienne et nulle autre, qu'on se voie ou qu'on ne se voie pas, 莽a ne change rien 脿 l'affaire. Et que je ne puisse plus, autant qu'autrefois, l'encourager, n'est que l'effet d'une faiblesse et d'une fatigue qui me le rendent encore plus cher, si cela est possible. Bram est mon grand familier. Dans le travail et dans l'impossibilit茅 de travailler, et ce sera toujours ainsi. Lettre [ult茅rieure au 23 janvier 1952], Michel Polac (p. 314). Je n'ai pas d'id茅es sur le th茅芒tre. Je n'y connais rien. Je n'y vais pas. C'est admissible. Lettre du 8 f茅vrier 1952, Aidan Higgins (p. 319). 摆鈥 I used to think all [t]his work was an effort, necessarily feeble, to express the nothing. It seems rather to have been a journey, irreversible, in gathering thinglessness, towards it. Or also. Or ergo. And the problem remains entire or at last arising ends. 摆鈥 Lettre du 9 janvier 1953, Roger Blin (p. 350). 摆鈥 L'esprit de la pi猫ce, dans la mesure o霉 elle en a, c'est que rien n'est plus grotesque que le tragique, et il faut l'exprimer jusqu'脿 la fin, et surtout 脿 la fin. J'ai un tas d'autres raisons pour vouloir que ce jeu de sc猫ne ne soit pas escamot茅, mais je vous en fais gr芒ce. Soyez seulement assez gentil de le r茅tablir comme c'est indiqu茅 dans le texte, et comme nous l'avions toujours pr茅vu au cours des r茅p茅titions, et que le pantalon tombe compl猫tement, autour des chevilles. [脟]a doit vous sembler stupide, mais pour moi c'est capital. 摆鈥 Lettre du 25 juillet 1953, Carlheinz Caspari (p. 389). Il m'est tr猫s difficile de m'expliquer sur mon travail [note : il est question d'En attendant Godot]. 摆鈥 Lettre du 2 d茅cembre 1953, Niall Mongomery (p. 427). The heart of the matter [note : il est question de l'oeuvre de Beckett], if it has one, is perhaps rather in the听Naught more real than nothing听and the听ubi nihil vales, already in听Murphy听鈥 I imagine so. Lettre du 17 f茅vrier 1954, Hans Naumann (p. 461-462). Je ne demande qu'脿 vous aider, quoiqu'il me soit tr猫s difficile, pour ne pas dire impossible, de parler de moi et de mon travail.听 Lettre du 2 mars 1954, Georges Duthuit (p. 472). 摆鈥 Il ne faut pas trop prendre au s茅rieux mes id茅es fixes, visions fixes et balbutiements d'affol茅. 摆鈥 Ayant cru discerner chez Yeats la seule valeur qui me demeure encore un peu r茅elle, valeur que je ne veux plus essayer de cerner et dont les si respectables consid茅rations de pays et de facture ne peuvent rendre compte, je deviens litt茅ralement aveugle pour tout le reste. C'茅tait d茅j脿 la m锚me chose quand il s'agissait de Bram. Ce n'est donc pas avec moi qu'on puisse parler d'art et ce n'est pas l脿-dessus que je risque d'exprimer autre chose que mes propres hantises. 摆鈥听 Lettre du 11 mars 1954, Edouard Coester (p. 475). 摆鈥 Pour 锚tre tout 脿 [fait] franc, je ne crois pas que le texte de听Godot听puisse supporter les prolongements que lui conf茅rerait forc茅ment une mise en musique. La pi猫ce comme tout dramatique, si, mais pas le d茅tail verbal. Car il s'agit d'une parole dont la fonction n'est pas tant d'avoir un sens que de lutter, mal j'esp猫re, contre le silence, et d'y renvoyer. Je la vois donc difficilement partie int茅grante d'un monde sonore.听 Lettre du 21 ao没t 1954, Barney Rosset (p. 497). 摆鈥 You know Barney, I think my writing days are over.听L'Innommable听finished me or expressed my finishedness.听 Lettre du 17 janvier 1956, Alec Reid (p. 596). 摆鈥 The trouble about my little world is that there is no outside to it. Aesthetically the adventure is that of the failed form (no achieved statement of the inability to be). 摆鈥听 Lettre du 8 mars 1956, Robert Pinget (p. 604). 摆鈥 Ne vous d茅sesp茅rez pas, branchez-vous bien sur le d茅sespoir et chantez-nous 莽a. Lettre du 1er avril 1956, Desmond Smith (p. 610). I am afraid I am quite incapable of sitting down and writing out an "explanation" of the play. 摆鈥 It is not in any sense a symbolic work. The point about Pozzo, for example, is not who he is, or what he is, or what he represents, but the fact that all this is not known, so that for a moment he can eve[n] ben confused with Godot. 摆鈥 Confusion of mind and of identity is an indispensable element of the play and the effort to clear up the ensuing obscurities, which seems to have exercized most critics to the point of blinding them to the central simplicity, strikes me as quite nugatory.听 VOLUME 3 : 1957-1965. Lettre du 28 mai 1957, Kay Boyle (p. 49). 摆鈥 I do not agree that the first five paragraphs [of Joyce's听The Boarding House] are relevant only in terms of an allegorical context. I know nothing about short story or any other aesthetics. But it seems normal to me, in exordium to the relation proper, to situate those who it concerns and establish their climate. And I feel the butchery and cleavery have no other purpose than this, and that it is achieved. "It was a bright morning etc" strikes me as more a novel opening than a short story one, there being leisure in the novel, and in the short story not, for the where and for whom to be dealt with later. 摆鈥 It might also be enquired if these are short stories at all. They are chunks of Dublin, its air and light and scene and voices, and for me the only way to read them is right down in their immediacy. 摆鈥 The last words of my regrettable novel听Watt听are "no symbols where none intended". 摆鈥 Lettre du 27 ao没t 1957, Barney Rosset (p. 64). Now for my sins I have to go on and say that I can't agree with the idea of听Act Without Words听as a film. It is not a film, not conceived in terms of cinema. If we can't keep our genres more or less distinct, or extricate them from the confusion that has them where they are, we might as well go home and lie down.听Act Without Words听is primitive theatre, or meant to be, and moreover, in some obscure way, a codicil to听End-Game, and as such requires that this last extremity of human meat 鈥 or bones 鈥 be there, thinking and stumbling and sweating, under our noses, like Clov about Hamm, but gone from refuge. 摆鈥听 Lettre du 24 septembre 1957, Fran莽ois Beloux (p. 65). 脌 mon grand regret, et malgr茅 la valeur de votre travail [d'adaptation cin茅matographique de la moiti茅 du roman听Molloy], je ne peux pas vous donner l'autorisation que vous me demandez. Je ne d茅sire pas que l'on tire des films de mes 茅crits et je m'y opposerai toujours.听 Lettre du 29 d茅cembre 1957, Alan Schneider (p. 82). 摆鈥 But when it comes to these bastards of journalists I feel the only line is to refuse to be involved in exegesis of any kind. That's for those bastards of critics. And to insist on the extreme simplicity of dramatic situation and issue. 摆鈥 My work is a matter of fundamental sounds (no joke intended), made as fully as possible, and I accept responsibility for nothing else. If people want to have headaches among the overtones, let them. 摆鈥 Hamm as stated, and Clov as stated, together as stated, nec tecum nec sine te [note : neither with you can I live nor without you], in such a place, and in such a world, that's all I can manage, more than I could.听 Lettre du 23 septembre 1958, Christian Ludvigsen (p. 169). I agree more or less with what Nadeau says [about听Endgame]. The clue to the whole thing is perhaps in Nell's speech: "Rien n'est plus dr么le que le malheur鈥 Nous la trouvons toujours bonne, mais nous ne rions plus." Endgame is not Godot, and any clowning or playing for a laugh would I think be quite wrong. It doesn't matter whether the audience laughs or not.听 Lettre du 29 novembre 1958, Barbara Bray (p. 183-184). I am very touched by what you say of [The Unnamable]. I wish I could think it is as important as you say, but of course I can't. I am in acute crisis about my work (on the lines familiar to you by now) and have decided that I not merely can't but won't go on as I have been going more or less ever since the Textes pour Rien and must either get back to nothing again and the bottom of all the hills again like before Molloy or else call it a day. 摆鈥 Lettre du 12 mars 1959, Avigdor Arikha (p. 213). 摆鈥 C么t茅 travail je fais ce que je peux, ce n'est pas brillant. Le rythme et la syntaxe de la faiblesse et de la p茅nurie, pas commode 脿 attraper. J'y arrive quand m锚me peut-锚tre un peu 鈥 6me version du d茅but. Je vous montrerai 莽a 脿 votre retour, 脿 moins que je ne me torche avec d'ici l脿. 摆鈥 Lettre du 7 ao没t 1959, Barbara Bray (p. 237). 摆鈥 About halfway through the second part [of听Comment c'est] anyway, Pim hasn't much to say in the end. Can't talk about it. 摆鈥 When I'm in Paris I'll send you Blanchot's听Le Livre 脿 Venir, I think he's on to something very important which he probably over-systematizes. I won't read it now, it would only get in my way. 摆鈥听 Lettre du 30 novembre 1959, Robert Pinget (p. 257). Je travaille avec beaucoup de mal 鈥 de plus en plus. J'ai vu tout d'un coup la "chose" [note :听Comment c'est] tr猫s clairement pour la premi猫re fois, c'est plut么t g锚nant qu'autre chose, et 莽a fout en l'air une grande partie de ce que j'avais d茅j脿 fait. Il faudrait pouvoir se dire, 莽a ne presse pas, j'en ai jusqu'脿 ce que je cr猫ve, et ne donner le bon 脿 tirer qu'avec le dernier soupir.听 Lettre du 8 d茅cembre 1959, Barbara Bray (p. 262). Quite lost in听Pim听[note :听Comment c'est]. Shall either Lettre du 26 f茅vrier 1960, Patrick Magee (p. 306). 摆鈥 What will meet your disgusted eye is a series of short paragraphs (average of 4 or 5 lines)听separated by pauses during which panting cordially invited and without as much punctuation as a comma to break the monotony or promote the understanding [le d茅but de听Comment c'est听traduit]. The uttered voice, fragments of an inner voice ill heard, is that of a man (?) lying on his face in the mud in the dark. I have made the writing as clear as such dreadful circumstances permit 摆鈥 禄 Lettre du 2 avril 1960, Robert Pinget (p. 324). Mon travail est au point mort. Je n'y crois plus et 莽a ne m'int茅resse plus. Vouloir trop 茅treindre ! ou trop peu. Lettre du 21 novembre 1960, Matti Megged (p. 376-377). The second [suggestion] is more difficult to formulate and has to do with the view you seem to hold of the relationship between living and writing. 摆鈥 Your view seems to be that what you can't live you should at least be able to state 鈥 and then you complain that your statement has devitalized its object. But the material of experience is not the material of expression and I think the distress you feel, as a writer, comes from a tendency on your part to assimilate the two. The issue is roug[h]ly that raised by Proust in his campaign against naturalism and the distinction he makes between the "real" of the human predicament and the artist's "ideal real" remains certainly valid for me and indeed badly in need of revival. I understand 鈥 I think no one better 鈥 the flight from experience to expression and I understand the necessary of both. But it is the flight from one order or disorder to an order or disorder of a different nature and the two failures are essentially dissimilar in kind. Thus life in failure can hardly be anything but dismal at the best, whereas there is nothing more exciting for the writer, or richer in unexploited expressive possibilities than the failure to express. It was some realization of all this and what it involves that enabled me to go on (about 15 years ago) in a situation probably very different from yours, but certainly no less critical. 摆鈥 Lettre du 3 f茅vrier 1961, Barbara Bray (p. 397). 摆鈥 You have "understood" the book as no one so far. You of course greatly overrate it and me, but we won't go into that again. What you say of its being not about something, but something, is exactly what I wrote of听Finnegans听in the听Exagmination. 摆鈥 Lettre du 6 novembre 1962, Arland Ussher (p. 511). 摆鈥 [M]y unique relation [with my work] 鈥 and it a tenuous one 鈥 is the making relation. I am with it a little in the dark and fumbling of making, as long as that lasts, then no more. I have no light to throw on it myself and it seems a stranger in the light that others throw.听 Lettre du 3 d茅cembre 1962, Matti Megged (p. 518-519). 摆鈥 Writing I suppose for some of us 鈥 though most certainly not for all 鈥 is only possible in the last ditch and in complete d茅sespoir de cause and at a depth where one's "living" not only is gone, but never was. Either it comes to that or it doesn't 鈥 and one couldn't wish it for anyone.听 Lettre du 24 mai 1963, Gottfried B眉ttner (p. 544). Je suis flatt茅 et touch茅 par ce que vous dites de mon travail. Moi je suis tout 脿 fait incapable d'en parler. Je ne le vois et ne le vis que du dedans. L脿 il fait toujours sombre et il n'y est jamais question ni de diagnostic, ni de pro[n]ostic, ni de traitement.听 VOLUME 4 : 1966-1989. Lettre du 24 mai 1966, Robert Pinget (p. 29). 摆鈥 Tu as tort de d茅biner ton travail. On n'est pas des gendelettres. Si on se donne tout ce mal fou ce n'est pas pour le r茅sultat mais parce que c'est le seul moyen de tenir le coup sur cette foutue plan猫te. Avec ce besoin-l脿 beaucoup de mis猫re mais pas de probl猫me. 摆鈥 Je crois que ces histoires de prix et autres 脿-c么t茅s ne t'ont rien valu et qu'elles peuvent tr猫s bien 锚tre pour quelque chose dans l'茅tat o霉 tu te sens. Laisse tomber tout 莽a, cesse de te relire et remets-toi au travail. Nous ne saurons jamais ce que nous valons ni les uns ni les autres et c'est la derni猫re question 脿 se poser. 摆鈥 Lettre du 8 d茅cembre 1966, Christian Ludvigsen (p. 54-55). Godot听in my opinion is insufficiently "visualized" during writing. The other plays I saw more clearly, as the stage-directions show.听 Lettre du 28 mars 1968, Stephen Block (p. 120). I find it impossible to write or speak about my work.听 Lettre du 1er juin 1969, Pamela Mitchell (p. 163). Find writing infernally difficult now and suspect there's not much more of it in me. Haven't managed more than a few pages in the last two years, I mean saved more than that from the wrecks.听 Lettre du 8 novembre 1969, Barbara Bray (p. 192). Wrote first sentence this morning听d茅sespoir de cause听again of God know what and who cares. Feels like beginning听Molloy听only 1/4 century worse. Lettre du 21 d茅cembre 1969, Henri et Josette Hayden (p. 213). 摆鈥 J'avais essay茅 de reprendre le travail 脿 Nabeul, sans succ猫s. Mais il fallait m'acharner. J'ai encore laiss茅 tomber. Comment dire noir, silence et vide ? Int茅ressant probl猫me technique. 摆鈥听 Lettre du 11 avril 1972, James Knowlson (p. 291). I simply know next to nothing about my work in this way, as little as a plumber of the history of hydraulics. There is nothing/nobody with me when I'm writing, only the hellish job in hand. The "eye of the mind" in [Happy Days] does not refer to Yeats any more [than] the "revels鈥" in听Endgame听to听The Tempest, they are just bits of pipe I happen to have with me. I suppose all is reminiscence from womb to tomb, all I can say is I have scant information regarding mine 鈥 alas.听 Lettre du 3 d茅cembre 1972, Rubin Rabinovitz (p. 316). 摆鈥 I harboured no such deep thoughts [note : qui relieraient son oeuvre 脿 celle de Descartes ou de Schopenhauer] when writing the work [note :听Watt] which was no more than a turning to words, during the occupation, after my days in the fields, with a view to not losing my reason.听 Lettre du 15 mai 1977, Sighle Kennedy (p. 460). All I can say to help you perhaps is that [Watt] was an escape operation from the horrors of that hateful time. If they crept in it was in spite of me.听 Lettre du 24 f茅vrier 1980, Herbert Myron (p. 523). 摆鈥 Off now on a new fumble in French this time [note :听Mal vu mal dit]. With growing distaste. Much the same confusion of "reality" 鈥 the counterpoison.听 Lettre du 5 juillet 1980, Christopher Logue (p. 530). If I had any conversation, anything worth saying to say about anything, including myself & my work, it wd. gladly be with you. But I have none, nothing. Never had much. Now none at all, nothing at all. Forgive.听 Lettre du 3 octobre 1982, Carlton Lake (p. 592-593). Definite switch [to French] on return to Dublin summer 1945 when听Molloy听begun. Already in French poems &听nouvelles.听 Lettre du 28 ao没t 1984, Kay Boyle (p. 643). I grow dumber and dumber.听 Lettre du 16 d茅cembre 1984, Mary Manning Howe Adams (p. 646). Forgive my long silence. From pen to paper is a far cry for me nowadays.听 Lettre du 24 f茅vrier 1985, Mathieu Lindon (p. 652). Bon qu'脿 莽a. [Note : Beckett r茅pond ainsi 脿 une question pos茅e pour un num茅ro hors-s茅rie de听尝颈产茅谤补迟颈辞苍听:听Pourquoi 茅crivez-vous ?] |
D'AUBAR脠DE, Gabriel. 芦 En attendant鈥 Beckett 禄,听Les Nouvelles litt茅raires, 16 f茅vrier 1961, p. 1 et 7. |
[G. d'Aubar猫de : Vos romans sont d'une lecture plut么t difficile. Mais vous, les avez-vous 茅crits difficilement ?] |
GRAVER, Lawrence et Raymond FEDERMAN (茅d.),听Samuel Beckett: The Critical Heritage, Boston, Routledge & Kegan Paul, 1979, 372 p. |
SHENKER, Israel. 芦 Moody Man of Letters 禄,听New York Times, 6 mai 1956, section II, p. x, 1 et 3. |
GRUEN, John. 芦 Nobel Prize Winner, 1969. Samuel Beckett talks about Beckett 禄,听Vogue, vol. 154, no 10 (1er d茅cembre 1969), p. 210-211. |
鈥淚t is impossible for me to talk about my writing,鈥 摆鈥. 鈥淚t is impossible because I am constantly working in the dark. It would be like an insect leaving his cocoon. I can only estimate my work from within. If my work has any meaning at all, it is due more to ignorance, inability, and an intuitive despair than to any individual strength. I think that I have perhaps freed myself from certain formal concepts. Perhaps, like the composer Sch枚nberg or the painter Kandinsky, I have turned toward an abstract language. Unlike them, however, I have tried not to concretize the abstraction 鈥 not to give it yet another formal context.鈥 (p. 210) |
JULIET, Charles.听Rencontres avec Samuel Beckett, Paris, P.O.L., 1999, 71 p. |
24 octobre 1968. - [...] [Q]uand on s'茅coute, ce n'est pas de la litt茅rature qu'on entend. (p. 12)- Il fallait rejeter tous les poisons... [C. Juliet avance que Beckett entend sans doute par ces mots la d茅cence intellectuelle, le savoir, les certitudes qu'on se donne, le besoin de dominer la vie] trouver le langage qui convenait... Quand j'ai 茅crit la premi猫re phrase de听Molloy, je ne savais pas o霉 j'allais. Et quand j'ai achev茅 la premi猫re partie, j'ignorais comment j'allais continuer. Tout est venu comme 莽a. Sans rature. Je n'avais rien pr茅par茅. Rien 茅labor茅. [Beckett montre le manuscrit d茅pourvu de retouches d'En attendant Godot听脿 C. Juliet] - 脟a s'organisait entre la main et la page. (19-20) - Le travail [d'茅criture] ant茅rieur interdit toute poursuite de ce travail. Bien s没r, je pourrais 茅crire des textes comme ceux de [罢锚迟别蝉-尘辞谤迟别蝉]. Mais je ne veux pas. Je viens de mettre au panier une petite pi猫ce de th茅芒tre. Chaque fois, il faut qu'il y ait un pas en avant.听 摆鈥 - L'茅criture m'a conduit au silence.听 摆鈥听 - Cependant, je dois continuer... Je suis face 脿 une falaise et il me faut avancer. C'est impossible n'est-ce pas. Pourtant, on peut avancer. Gagner quelques mis茅rables millim猫tres... (p. 20-21) 29 octobre 1973. - 摆鈥 [L]es valeurs morales ne sont pas accessibles. Et on ne peut pas les d茅finir. Pour les d茅finir, il faudrait prononcer un jugement de valeur, ce qui ne se peut. C'est pourquoi je n'ai jamais 茅t茅 d'accord avec cette notion de th茅芒tre de l'absurde. Car l脿, il y a jugement de valeur. On ne peut m锚me pas parler du vrai. C'est ce qui fait partie de la d茅tresse. Paradoxalement, c'est par la forme que l'artiste peut trouver une sorte d'issue. En donnant forme 脿 l'informe. Ce n'est peut-锚tre qu'脿 ce niveau qu'il y aurait une affirmation sous-jacente. (p. 35-36)- [Jusqu'au moment d'un brusque chamboulement survenu en 1946], j'avais cru que je pouvais faire confiance 脿 la connaissance. Que je devais m'茅quiper sur le plan intellectuel. Ce jour-l脿, tout s'est effondr茅. 摆鈥听 - J'entrevis le monde que je devais cr茅er pour respirer. (p. 39) - 脟a n'a pas d'importance de n'锚tre pas publi茅. On fait cela pour pouvoir respirer. (p. 43) 14 novembre 1975. - [...] [J]usqu'en 1946, j'ai cherch茅 脿 savoir, afin d'锚tre en mesure de pouvoir. Puis je me suis aper莽u que je faisais fausse route. Mais peut-锚tre n'y a-t-il que des fausses routes. Il faut pourtant trouver la mauvaise route qui vous convient. (p. 53)[Beckett reconna卯t s'锚tre effac茅 de plus en plus dans ses textes.] - 脌 la fin, on ne sait plus qui parle. Il y a une totale disparition du sujet. C'est 脿 cela qu'aboutit la crise de l'identit茅. (p. 54) 11 novembre 1977. - Dans ce sacr茅 monde, tout nous invite 脿 l'indignation鈥 Mais au niveau du travail鈥 Que pourrait-on dire ?... Rien n'est dicible. (p. 67) |
KNOWLSON James et Elizabeth KNOWLSON (dir.).听Beckett Remembering: Remembering Beckett. A Centenary Celebration, New York, Arcade Publishing, 2006, 313 p. |
Samuel Beckett听[...] |
MIGNON, Paul-Louis. 芦 Le th茅芒tre de A jusqu'a Z : Samuel Beckett 禄,听L'avant-sc猫ne du th茅芒tre, no 313 (15 juin 1964), p. 8. |
Je n'envisageais pas une carri猫re de dramaturge, dit-il,听mais le travail de romancier est dur ; on s'avance dans le noir. Au th茅芒tre, on entre dans un jeu, avec ses r猫gles, et on ne peut pas ne pas s'y soumettre. M锚me si l'on semble bousculer certaines conventions. Il y a des choses que l'on ne peut pas faire, au th茅芒tre, des choses que l'on ne pas faire faire aux acteurs, que l'on ne peut pas faire admettre au public !听(p. 8) |