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Se souvenant d'une offre de Jules Romains de pr茅senter quatre le莽ons au Vieux-Colombier ayant pour th猫me 芦 th茅orie du roman 禄, Larbaud 茅crit : 芦 脌 mon grand regret, je ne pus m'en tenir au programme qu'il avait pr茅alablement fix茅. Je n'avais jamais pens茅 organiser ni syst茅matiser mes observations sur les proc茅dures de composition des romans que je lisais ou sur ma propre fa莽on d'茅crire.禄听(Larbaud, 2003, p. 491.)

Suivant sa nature d'茅crivain cosmopolite, Larbaud pr茅sente 脿 la place une s茅rie d'expos茅s sur le renouveau dans la litt茅rature espagnole 鈥� Gabriel Mir么, Ram贸n G贸mez de la Serna, etc. Cette d茅cision est repr茅sentative de sa position et de son attitude dans le monde litt茅raire : davantage promoteur et d茅couvreur des 茅crivains 茅trangers et des nouveaux talents que commentateur de son propre art. 芦 Plus po猫te que romancier 禄, dira avec raison Fr茅d茅ric Lef猫vre 脿 propos de l'茅crivain, Larbaud aime la litt茅rature sans distinctions de genre, citant le plus souvent dans le d茅sordre po猫tes, romanciers, dramaturges, auteurs de sermons, de trait茅s de toute sorte. Plus que tout, Larbaud recherche un art d茅livr茅 de la 芦 tyrannie des genres 禄, appr茅ciant en cela l'oeuvre de Charles-Louis Philippe, l'auteur du c茅l猫bre聽Bubu-de-Montparnasse, celle de Joyce, qui 芦 fait tout rentrer dans la litt茅rature 禄, et de R.G. de la Serna, qui donne des oeuvres aussi fantaisistes qu'inclassables. Sa propre production t茅moigne de ce go没t pour les genres mixtes :聽A.O. Barnabooth聽(1908) est fait d'un conte, d'un recueil de po茅sies et d'un r茅cit pr茅sent茅 sous la forme d'un journal intime.

L'inconfort manifeste chez Larbaud face au terme 芦 roman 禄, auquel il pr茅f猫re souvent celui d'oeuvre ou d' 芦 ouvrage d'imagination 禄, constitue peut-锚tre une critique 脿 l'endroit d'une forme jug茅e trop rigide, trop statique ou trop homog猫ne. Affirmant sans cesse la n茅cessit茅 de recherches formelles, d'inventions de formes, Larbaud trouve dans le monologue int茅rieur un proc茅d茅 芦 capable de renouveler le genre 鈥渞oman鈥� 禄. Sa d茅couverte d'脡douard Dujardin (l'auteur des聽Lauriers sont coup茅s聽脿 qui il donne un second souffle en affirmant qu'il est 芦 l'inventeur 禄 du monologue int茅rieur), ainsi que ses pr茅faces aux oeuvres de Joyce et de Faulkner, t茅moignent de l'enthousiasme de Larbaud vis-脿-vis cette innovation que constitue le monologue int茅rieur en regard du roman. En ce sens, Valery Larbaud voit dans le monologue int茅rieur une avenue des plus f茅condes pour le roman, notamment en regard de l'art naissant du cin茅matographe qui rend inutile toute repr茅sentation traditionnelle de l'intrigue et du r茅cit. Larbaud le dit bien : le romancier ne doit pas doubler le cin茅ma, d'o霉 l'importance d'investir, dans le roman, le terrain de la r茅alit茅 int茅rieure, de la 芦 conscience 禄 que la technique du monologue int茅rieur, justement, est 脿 m锚me de r茅v茅ler.

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• Valery Larbaud, 芦 Souvenirs d'un conf茅rencier 脿 Paris 禄,聽Du Navire d'Argent, chroniques traduites de l'espagnol par Martine et Bernard Fouques, 茅dit茅 par Anne Chevalier, Paris, Gallimard, 2003, 491 p.

Articles, pr茅faces et chroniques :

芦 Charles-Louis Philippe 禄,聽Ce vice impuni, la lecture. Domaine fran莽ais, Paris, Gallimard, 1941 [1991].

芦 Un roman de Joseph Conrad (1857-1924) 禄,聽Ce vice impuni, la lecture. Domaine anglais听(艗uvres compl猫tes, tome 3), Paris, Gallimard, 1951 [1914].

芦 Pr茅face 禄 aux聽Dublinois聽de James Joyce, traduit de l'anglais par Jacques Aubert, Paris, Gallimard, 1974 [1921 pour la pr茅face].

芦 Fernand Vand茅rem et les manuels d'histoire litt茅raire 禄, Paris,聽La Nouvelle revue fran莽aise, Tome XIX, 1922.

芦 脡douard Dujardin 禄,聽Ce vice impuni, la lecture.聽Domaine fran莽ais, Paris, Gallimard, 1941 [1924]. Texte repris aussi en pr茅face des聽Lauriers sont coup茅s, Paris, Messein, 1925.

芦 Max Beerbohm, Stendhal et Massillon 禄,聽Technique, Paris, Gallimard, 1932.

芦 Pr茅face 禄 脿聽Tandis que j'agonise聽de William Faulkner, traduit de l'am茅ricain par Maurice Coindreau, Paris, Gallimard, 1934.

芦 脡l茅mir Bourges 禄,聽Du Navire d'Argent, chroniques traduites de l'espagnol par Martine et Bernard Fouques, 茅dit茅 par Anne Chevalier, Paris, Gallimard (NRF), 2003.

Correspondance, journal :

芦 Lettre 脿 Jacques Rivi猫re du 7 juillet 1913 禄,聽Lettres d'un retir茅, 茅dit茅 par Michel Bulteau, Paris, La table ronde, 1992.

芦 Lettre 脿 Jacques Rivi猫re du 15 juillet 1913 禄,聽Lettres d'un retir茅, 茅dit茅 par Michel Bulteau, Paris, La table ronde, 1992.

Journal (1912-1935), Paris, Gallimard, 1955.

Entretiens :

(Lorsque l'auteur n'est pas mentionn茅, il s'agit de Valery Larbaud.)

Fr茅d茅ric Lef猫vre, 芦 Valery Larbaud 禄,聽Une heure avec鈥� (2猫me s茅rie), Paris, NRF (Les documents bleus), 1924.

Georges Charensol, 芦 Valery Larbaud 禄,聽Comment ils 茅crivent, Paris, 脡ditions Montaigne, 1932.

芦 Enqu锚te sur le roman 禄, Le Bulletin des lettres, no 19, 2猫me ann茅e, 25 juin 1933.

芦 Or, c'est bien cela, cette cr茅ation, que l'on trouve d猫s que l'on cherche pourquoi les oeuvres des Dickens, des Dosto茂evski et des Thomas Hardy nous paraissent si grandes. Chez Philippe comme chez eux on sent un art enfin d茅livr茅 de la tyrannie des genres, au del脿 du burlesque et du sublime, un art qui n'a pour base et pour r猫gle que l'intelligence et l'amour, un art 鈥渇id猫le 脿 la nature鈥� selon le voeu de nos grands classiques. 禄 (p. 234.)

芦 Cette oeuvre [celle de Charles-Louis Philippe] je l'ai dit, occupe une place tr猫s importante dans notre litt茅rature. Entre 1890 et 1900, il y eut chez nous une renaissance litt茅raire comparable 脿 la renaissance po茅tique qui se manifesta, entre 1790 et 1800, en Angleterre, et qui fut inaugur茅e par ce qu'on appela ensuite l'茅cole Lakiste. [鈥�] De m锚me chez nous, aux 茅coles r茅aliste et psychologique on vit succ茅der une litt茅rature riche de sentiment et d'茅motion. Ce fut un nouveau retour 脿 la nature et au coeur humain. Tout un groupe d'茅crivains parut : Maurice Ma毛terlinck, Maurice Barr猫s, Andr茅 Gide, Francis James, 脡mile Verhaeren, puis Charles-Louis Philippe, et Paul Claudel, et ceux qui les suivirent bient么t. 禄 (p. 240-241.)